Go To Eat Japon Covid 1

La troisième vague(lette) de Covid au Japon fin 2020

Et les ajustements du voyage sponsorisé

⏱ 9 minutes

Le Japon connaît, en cette seconde quinzaine de novembre, un nouveau pic autour de 2.500 nouvelles contaminations quotidiennes au Coronavirus 🦠 et une poignée de décès liés par jour.

C'est bien sûr toujours trop dans l'absolu, mais cela peut prêter à sourire vu de l'Hexagone, qui a reconfiné fin octobre dans le but de redescendre sous la barre des 5.000 contaminations par jour avant Noël (un chiffre déjà atteint à l'heure où ces lignes sont écrites) alors que sa population est deux fois moins importante.

Reste qu'au Japon, quoique faibles dans l'absolu, ces statistiques atteignent des niveaux records dans leur historique de l'épidémie. Il est donc temps pour nous d'analyser une nouvelle fois la situation, les actions japonaises et ce que cela augure pour l'année à venir.

Les 3 vagues japonaises

Préfectures les plus touchées au Japon

Le classement est relativement stable depuis le début des contaminations en janvier (épisode du bateau 🛥️ de croisière "Diamond Princess" mis à part). On trouvera ainsi le plus grand nombre de cas dans les préfectures suivantes :

  1. Tokyo
  2. Osaka
  3. Kanagawa
  4. Aichi
  5. Saitama
  6. Hokkaido
  7. Chiba
  8. Hyogo

À noter que Kanagawa, Saitama et Chiba appartiennent au grand Tokyo, une région qui concentre donc la moitié des cas de la liste.

Pour vous donner un ordre d'idées, les 2 premières préfectures de la liste ci-dessus connaissaient environ 500 nouveaux cas par jour autour du 20 novembre. Dans le même temps, avec 6 à 7 fois moins d'habitants, Paris en comptait 4 fois plus, soit un taux d'incidence ~25 fois supérieur !

Statistiques à fin novembre et mise en perspective

Au 25 novembre, le Japon comptait donc :

  • près de 140.000 contaminés depuis le début de la pandémie ;
  • près de 3,3 millions de tests réalisés, soit 4% de positivité ;
  • moins de 2.000 décès au total depuis janvier 2020.

Il est important de noter que cela reste extrêmement peu par rapport au reste du monde : le Japon reste toujours, et de loin, un des pays qui ont le mieux combattu la pandémie de Sars-Cov-2 et qui continuent de le faire en soutenant l'économie, les libertés de déplacement et d'activités.

Ainsi, il y a eu moins de victimes du Covid au Japon sur toute l'année 2020 qu'en une seule journée de fin novembre aux États-Unis !

Peu de tests et peu de lits de réanimation

Les mauvaises langues rappellent avec humour une citation du film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat. Amonbofis y glose :

Pas de test, pas de cas.
Pas de cas, pas de covid.
Pas de covid, pas de covid.

Le fait est qu'au Japon, malgré une capacité de ~85.000 tests quotidiens selon le Ministère de la santé nippon, on déploie moins de 40.000 tests PCR par jour en pics épidémiques, soit environ 8 fois moins qu'en France.

Rappelons, et cela doit forcément peser dans la balance, qu'ils n'y sont pas gratuits, loin de là (sauf en cas de symptômes ou cas contact validés par un médecin) contrairement au pays des droits de l'Homme où la sécurité sociale les prend en charge pour tous. Nous en avons fait l'amère expérience nous-mêmes pour retourner en famille :

Par ailleurs, seuls quelques milliers de lits de réanimation sont disponibles sur l'archipel : par exemple, environ 2.500 seulement à Tokyo. Le secteur de la santé japonais tire ainsi la sonnette d'alarme quand, le 20 novembre, la moitié sont occupés.

L'absence d'obésité parmi la population nipponne, facteur important de comorbidité, est par ailleurs compensé par le fait que la population y est très âgée et donc plus fragile face au virus.

Les causes de la résurgence hivernale

Températures qui baissent, saison des koyo et jours fériés

Il a fait chaud tardivement au Japon : jusqu'à 25°C sur la première quinzaine de novembre ! Mais comme dans le reste de l'hémisphère nord, la vague de froid est arrivée. Ainsi :

  • on passe plus de temps en intérieur et moins en extérieur ;
  • on aère moins les pièces et moins longtemps ;
  • donc le rythme de la propagation du virus augmente.

Par ailleurs, les érables 🍁 sont en pleine feuillaison et les Japonais en profitent pour aller les contempler en masse, d'autant qu'ils n'ont pas pu profiter pleinement des cerisiers 🌸 au printemps. Encouragés par le "Go To Travel" (voir ci-dessous), les Nippons se bousculent dans les habituels gros sites touristiques, libérés de leurs visiteurs étrangers cette année.

  • Ainsi à Kyoto, c'est la cohue, avec 65% de visiteurs en plus à Arashiyama le dimanche 22 novembre par rapport à 2019, malgré l'absence de touristes internationaux ! Et en semaine, les voyages scolaires battent leur plein.
  • À Tokyo, le "JR East Welcome Rail Pass 2020" (un JR Pass temporaire et inhabituel pour les résidents au Japon) les encourage à arpenter le Tohoku.
  • Et il suffit d'un jour férié le lundi 23 novembre pour que le terminal domestique de l'aéroport Haneda soit bondé (une vision presque inédite en 2020).

"Go To Travel" et "Go To Eat" en ligne de mire

Pour rappel : le gouvernement japonais a débloqué un budget de 1,35 billion de Yens (~8,2 milliards d'euros) pour prendre en charge jusqu'à 50% des dépenses en hôtellerie, transport et restauration pour le tourisme domestique, depuis fin juillet 2020 et a priori jusqu'au printemps 2021. Ceci afin de soutenir ce secteur en difficulté.
Sur les 4 premiers mois de la campagne, 40 millions de voyages en avaient déjà bénéficié.

Les experts s'accordent pour pointer du doigt particulièrement "Go To Eat", puisque les clusters se forment plus logiquement au restaurant, le visage découvert, qu'en extérieur avec son masque 😷 sur le nez et la bouche.
Toutefois, dès le début, la campagne s'est faite moquer en jouant sur la lecture des katakana officiels choisis pour "gotoトラベル", car on peut également les lire "Go to Trouble" soit "aller vers les problèmes".

Devant la résurgence de l'épidémie, le gouvernement annonce des ajustements le 21 novembre et les dévoile le 24, notamment :

  • une réduction des horaires pour les bars et restaurants (fermeture à 22h) pour 3 semaines, jusqu'au 17 décembre, moyennant une aide de 400.000¥ (~2.426€) à Tokyo pour les établissements qui l'acceptent ;
  • le retrait des préfectures de Hokkaido et Osaka pour la même durée (dans le sens des arrivées seulement...), suivies de Tokyo et Nagoya à partir de mi-décembre ;
  • Tokyo (ajoutée tardivement à la campagne début octobre, puisqu'elle est depuis le début la zone la plus touchée au Japon, et logiquement car la plus peuplée) qui demande à ses plus de 65 ans de s'abstenir de voyager ;
  • la suspension pure et simple de la campagne entre le 28 décembre et le 11 janvier, période de voyage traditionnellement forte du nouvel an, devant la pression populaire et la chute de popularité du Premier ministre.

Toutefois, les voyages déjà réservés pour les prochaines semaines ne devant pas obligatoirement être annulés, seules seront bloquées les nouvelles réservations, pour un effet donc limité.

En parallèle, le maire de Kyoto a accepté l'organisation d'un évènement Pokémon Go géant le 22 novembre, pour soutenir le tourisme... finalement annulé à la dernière minute.

La faute aux étrangers ?

Si bien entendu "l'enfer, c'est les autres", la pandémie de Corona a révélé une fois de plus, hélas, le racisme ordinaire au Japon.

Et alors que les médias japonais peuvent pointer les nouveaux arrivants immigrés (voir plus bas) qui apporteraient le Covid dans leur valise malgré les tests PCR obligatoires, jusqu'à certains experts sanitaires n'hésitent pas à cibler les expatriés qui ne parlent pas bien japonais et ne comprendraient pas / ne respecteraient pas les mesures, comme cause de la résurgence de l'épidémie sur le territoire.

Pour être plus complets, le Japon n'est certainement pas le seul pays à subir une troisième vague dans le monde :

  • La Corée du Sud, le Danemark ou encore les Maldives dans des niveaux relativement maîtrisés.
  • Plus fortement touchés, on citera bien sûr les États-Unis.

Les perspectives pour 2021 au Japon

Nouvelles consignes : après les 3C, les 5S

Le Premier ministre japonais a donc, à l'occasion de cette 3ème vague, demandé à sa population une "vigilance maximale" dans un esprit de prudence tout à fait nippon. Toutefois, l'état d'urgence n'a pas été redéclaré depuis le mois de mai, ni la fermeture des écoles.

Yoshihide Suga recommandait depuis des mois d'éviter les 3C :

  1. confined spaces (espaces confinés) ;
  2. crowded places (endroits bondés) ;
  3. close-contact settings (contacts rapprochés).

Dans une conférence de presse du 19 novembre, la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike lui emboîte le pas en recommandant cette fois de suivre la consigne des 5S (Itsutsu no Ko en japonais), soit 5 choses à faire petitement :

  1. Un faible nombre de personnes simultanément pendant les repas ;
  2. Peu de temps pour manger : une heure ou moins ;
  3. Des voix basses : parler doucement pendant les conversations ;
  4. De petites portions : diviser la nourriture pour manger dans des assiettes individuelles et non se servir dans un plat commun ;
  5. Être attentifs même aux plus petits facteurs : utiliser du désinfectant, ventiler les pièces, porter des masques et correctement.

Vaccination et polémiques différentes entre France et Japon

L'idée de notre article n'est pas de porter quelconque jugement sur les choix ici ou là, alors que la France a reconfiné avec de nombreux angles morts : consommez dans les magasins et prenez les transports en commun mais ne voyez pas vos amis ni votre famille.
Le Japon n'est pas non plus exempt de tout reproche et il est facile de critiquer sans avoir à prendre des décisions globales et délicates dans l'incertitude de l'avenir.

Toutefois, il est important de noter que le gouvernement japonais n'a jamais confiné sa population et ne la confinera jamais, tout simplement car cela n'est pas possible constitutionnellement.

Par ailleurs, comme beaucoup d'autres pays, le Japon doit également apprendre à gérer la grippe hivernale en même temps que la pandémie de Covid-19, même si le renforcement des mesures sanitaires dès janvier 2020 l'avait déjà nettement atténuée l'hiver dernier.

Jeux Olympiques 2021 et réouverture des frontières

C'est dit et répété officiellement depuis le mois de septembre par toutes les instances organisatrices du projet (Comité International Olympique, gouvernement japonais, mairie de Tokyo...) : les Jeux Olympiques 🏅 de l'été 2020, reportés d'un an, seront adaptés mais bien maintenus quoi qu'il en soit.

La récente venue à Tokyo de Thomas Bach, président du CIO, en atteste une fois de plus.

Cela donne une perspective de rouverture des frontières japonaises, qui devrait intervenir dès début avril d'après les éléments donnés en off par les journalistes nippons début octobre.

Car dans l'intervalle, il convient de rappeler que depuis cette fin d'été, tous les visas peuvent de nouveau aller au Japon sauf celui des touristes étrangers. Comme toujours, pour être tenu(e) informé(e) le jour-même de l'annonce de la réouverture des frontières aux touristes francophones, n'oubliez pas de vous inscrire à la newsletter Kanpai :

Mis à jour le 11 janvier 2021 - Japan Hit by a Third (Small) Wave of Covid at the End of 2020