Affiche Go To Travel dans un commerce de bouche à Kamakura

Go To Travel retarde encore un peu le retour des touristes étrangers au Japon

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Nous vous avons parlé à plusieurs reprises de "Go To Travel" dans certains de nos articles sur le Covid au Japon depuis le printemps 🌸 2020, mais n'avions ✈️ jamais publié d'article dédié à cette campagne. À l'occasion de son redémarrage au cours de l'hiver 2021-2022, c'est désormais chose corrigée ci-dessous.

Qu'est-ce que "Go To Travel" ?

Il s'agit du nom donné à la campagne d'aide au tourisme domestique au Japon, censée revitaliser l'économie japonaise par le biais de l'industrie touristique mise à place par la pandémie de Coronavirus 🦠.

Elle offre la prise en charge de 35 à 50% (en 2020) ou moins (en 2022) des frais dépensés lors d'un voyage interne au Japon :

L'assiette maximale quotidienne pour le calcul de la réduction est de 10.000¥ (~60,61€) pour un voyage sur la journée, ou de 20.000¥ (~121,23€) pour un séjour d'une nuit ou plus. Sur la 2nde salve de 2022, la prise en charge serait limitée à 13.000¥ (~78,80€) dont 3.000¥ maximum de coupons de réduction, afin d'éviter de trop favoriser les hôtels 🏨 luxueux.
La plupart des grandes agences de voyages japonaises (comme JTB ou Rakuten) affichent des prix tenant déjà compte de la réduction, et même des sites comme Booking la proposent. Parfois, c'est un voucher qui est fourni et celui-ci peut être utilisé dans un restaurant, un lieu de visite ou un magasin pour payer moins cher.

Qui peut en bénéficier ?

Contrairement à une idée reçue, elle n'est pas réservée aux personnes de nationalité japonaise, mais en réalité on en est très proches : seuls les résidents au Japon peuvent y prétendre.

Dans les faits, comme chacun sait, l'obtention d'un visa japonais est très compliquée depuis la fin 2020 ; les heureux élus, très peu nombreux, rentrant dans des cases bien spécifiques. En-dehors des Japonais, quasiment seuls les expatriés qui résidaient déjà au Japon avant le Covid peuvent ainsi en profiter.

Bien entendu, les touristes étrangers qui sont de retour au Japon en 2022 (après la réouverture) ne pourront pas en bénéficier.

Le budget global de la campagne était initialement de 1,35 billion de Yens (~8,2 milliards d'euros) et, rien que sur son premier mois d'existence à l'été 2020, elle avait bénéficié à 2 millions de Japonais.
L'ensemble du GoTo Travel 2020 a généré 87,8 millions de réservations d'hôtels, pour 2,7 billions de Yens (~16,4 milliards d'euros) dépensés par le gouvernement japonais.

Pour Go To Travel 2022, 60 milliards de Yens (~363,7 millions d'euros) sont provisionnés rien que pour Go To Eat, le volet dédié à la restauration.

Quand la campagne est-elle active ?

En 2020, elle s'est tenue du 22 juillet au 28 décembre, sauf à Tokyo où elle n'a duré que du 1er octobre au 18 décembre. Originellement, elle devait durer quasiment un an jusqu'en juin 2021, mais la 3ème vague hivernale a coupé court au programme initial.

En 2021, elle était censée redémarrer à l'automne 🍁 mais ce serait finalement un peu plus tard à cause des différentes vagues de Covid dont la 6ème (Omicron) qui a déferlé sur le Japon début 2022. Fumio Kishida, le nouveau premier ministre, en avait d'ailleurs fait une promesse de campagne lors des primaires du parti, la conditionnant au pass sanitaire. Des tests ont donc été réalisés sur la seconde quinzaine d'octobre (notamment à Kyoto, Hokkaido et Fukuoka) pour limiter le bénéfice de ce nouveau "Go To Travel" aux seules personnes vaccinées.

Un nouveau budget est évoqué début novembre 2021 pour relancer la campagne.

Selon la chaîne NHK, elle reviendrait finalement en juillet 2022 dans une version moins généreuse. Mais début juillet, au vu de la 7ème vague japonaise, le Premier ministre Kishida la reporte une nouvelle fois.

Elle se déroule finalement du 11 octobre (jour de la réouverture complète au tourisme international) au 27 décembre, mais un mois avant la fin il est annoncé qu'elle déborderait sur 2023.

Pourquoi est-elle controversée ?

Tout au long de sa validité en 2020, la campagne a été accusée de propager le Covid sur le territoire japonais en incitant la mobilité des voyageurs dans tout l'archipel et à manger en intérieur (bien sûr sans masque 😷). Une étude de l'Université de Kyoto l'a d'ailleurs confirmé en janvier.
Il est intéressant de noter que lors de l'état d'urgence de 2021, qui ne s'est quasiment jamais arrêté pendant les 9 premiers mois de l'année, il était ensuite fortement déconseillé par le gouvernement de se déplacer entre préfectures.

"Go To Travel" a donc été perçue comme hypocrite car le Covid était déjà très largement présent sur le territoire japonais malgré les frontières fermées, et les Nippons ont toujours pu aller et venir à l'extérieur de leurs frontières, alors que le Japon refusait l'accueil des touristes étrangers sur son sol.

En 2021, bien que l'archipel ait connu une 5ème vague bien plus violente que les précédentes en nombre de cas à cause du variant Delta cet été, il a été question de relancer cette campagne d'incitation au tourisme domestique dès l'accalmie. En creux, on comprend par-là même qu'il s'agit de retarder encore un petit peu la réouverture des frontières aux touristes étrangers.

Car il est évident que si "Go To Travel" signe le retour d'une relance économique pour l'industrie touristique, elle n'est qu'un des maillons d'une chaîne qui va se dérouler progressivement :

  1. visas d'affaires / business (d'abord moins de 3 mois, longues durées plus tard) ;
  2. étudiants, le Japon étant le dernier pays du G7 à ne pas les avoir encore rétablis, alors même que certains doivent suivre leurs cours pendant la nuit à cause du décalage horaire 🕓 ;
  3. visa vacances-travail / PVT ;
  4. Go To Travel ;
  5. et enfin touristes.

L'objectif d'attirer 60 millions de visiteurs au Japon en 2030 n'a toutefois jamais été abandonné, malgré la pandémie, et a été rappelé une fois de plus début octobre par le nouveau ministre du tourisme Tetsuo Saito.

Mis à jour le 25 novembre 2022 - Go To Travel Adds Further Delay to Foreign Tourists' Comeback to Japan