Nagasaki (préfecture)
La porte historique du Japon sur l'Occident
La préfecture de Nagasaki est un département japonais situé au nord-ouest de l’île de Kyushu, au sud du Japon. Ancienne porte d'entrée du Japon sur l'Occident, la région affiche une longue façade maritime escarpée et peuplée de petites îles oubliées à découvrir. Elle est également tristement célèbre pour sa capitale éponyme, touchée par la bombe atomique le 9 août 1945 et dont on commémore en 2025 les 80 ans des bombardements sur Hiroshima et Nagasaki. La préfecture navigue aujourd'hui entre influences européennes et devoir de mémoire.
Située sur l’île méridionale de Kyushu, la préfecture de Nagasaki se dresse comme un département un peu à part, une destination exotique pour les Japonais notamment par son histoire tournée depuis toujours vers l'Occident, en effet :
- elle connaît les 1ères vagues migratoires européennes du Japon avec les navigateurs et missionnaires portugais qui débarquent sur l'archipel dès le XVIe siècle ;
- elle reste l'une des 4 portes d'entrée et plateformes commerciales accessibles aux étrangers pendant sakoku, la période isolationniste du Japon, exercée par le shogunat Tokugawa de l'époque Edo (1603 - 1868) ;
- sa capitale, Nagasaki est durement touchée par le 2ème bombardement atomique du Japon en août 1945 ;
- le port de Sasebo abrite une base navale américaine depuis la fin de la 2nde Guerre mondiale ;
- depuis 2018, la préfecture ainsi que sa voisine Kumamoto sont inscrites au Patrimoine de l'Unesco, au titre des "sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki".
Côté gastronomie locale, on retrouve des spécialités culinaires traditionnelles du Japon et surtout plusieurs plats aux influences internationales, comme :
- le gâteau portugais castella ;
- la soupe de nouilles Champon inspirée de la cuisine chinoise ;
- la cuisine Shippoku qui fusionne les cuisines chinoise, japonaise et occidentale ;
- la poitrine de porc Kakuni mijotée dans de la sauce soja et du sucre ;
- et le classique mais délicieux bœuf wagyu de Nagasaki.
Une géographie dentelée entre mer et montagne
Sa géographie se montre également particulière ; la préfecture possède ainsi l’un des plus longs littoraux du Japon, souligné par un paysage escarpé et valloné dont certains monts sont encore en activité volcanique. Son urbanisation s’étend sur un territoire morcelé, composé de plusieurs baies et péninsules, et comprend également plus de 1.000 îles éparpillées dans la mer de Chine orientale, souvent peu peuplées. Parmi elles, l’archipel de Goto est l’une des destinations les plus connues des touristes, tout comme les îles Kujukushima, Iki, Gunkanjima ou encore Tsushima, excentrée en direction de la Corée du Sud et sortie des oubliettes depuis la parution en 2020 de l'excellent jeu vidéo 🎮 Ghost of Tsushima sur PlayStation.
Les principales villes de la préfecture que sont Nagasaki, Sasebo et Hirado se montrent facilement accessibles en train JR et compagnie privée locale. Depuis le 23 septembre 2022, le Shinkansen 🚅 arrive jusqu'à la gare de Nagasaki via la ligne Nishi Kyushu qui part de Takeo Onsen ♨️ dans la préfecture de Saga, et devrait à terme se prolonger vers le nord jusqu'à la gare de Hakata (Fukuoka).
Installé sur une île artificielle dans la baie centrale d'Omura, l'aéroport de Nagasaki assure des liaisons rapides avec les villes de Tokyo et d'Osaka et entre certaines îles éloignées de la préfecture, tandis qu'un ferry ⛴️ traverse la mer d'Ariake pour relier la péninsule de Shimabara et son parc national Unzen-Amakusa à Kumamoto.
Nagasaki, la ville cosmopolite et symbole de la Paix
La ville de Nagasaki est le chef-lieu de la préfecture et la 1ère destination touristique régionale. La cité évoque d'abord un souvenir tragique dans la mémoire collective. Le 9 août 1945, Nagasaki est frappée par la bombe atomique Fat Man, 3 jours après la ville de Hiroshima. En souvenir des victimes qui ont péri dans le bombardement, le Musée de la Bombe Atomique a été installé au nord-est de la ville, près de l'hypocentre. On y retrouve de nombreux témoignages et images d’archives, ainsi que le monument Mémorial national de la paix pour les victimes de bombe atomique. Situé juste à côté, on découvre le parc de la Paix de Nagasaki et sa statue de la paix reconnaissable. Tous ont été érigés en 1955, 10 ans après l’explosion et l'on commémore en 2025 les 80 ans de cet évènement. Dans les environs, on recommande la visite de la cathédrale d’Urakami et du sanctuaire Sanno-jinja dont la moitié d'un torii ⛩️ est resté debout après le souffle. Il n'existe plus à ce jour (et depuis longtemps) de risque radioactif particulier à visiter Nagasaki.
Dans la ville basse, près du port maritime et industriel, on retrouve les traces du passé international de Nagasaki avant la 2nde Guerre mondiale. On visite les différents quartiers cosmopolites de la ville, notamment chinois, portugais et hollandais. On y trouve le manoir de l’importateur Thomas Blake Glover sur une colline, ainsi que d’autres maisons coloniales. Il est également possible d’admirer l’église catholique Oura ⛪, la plus vieille du Japon. Pour avoir un autre point de vue sur la ville, il est recommandé d’emprunter le téléphérique qui mène au mont Inasa, afin d’avoir une vue sur tout le port et le coucher de soleil sur la ville.
La ville de Nagasaki se montre par ailleurs une terre de matsuri, puisqu’elle accueille chaque année le spectaculaire festival des lanternes 🏮 à l'occasion du Nouvel An chinois, puis le Kunchi Matsuri en octobre.
Le souvenir de la présence hollandaise
Parmi les nationalités européennes qui se sont installées durablement au sein de la préfecture de Nagasaki, on retient les Pays-Bas 🇳🇱 qui ont réussi à maintenir des relations commerciales avec le Japon sans exercer de prosélytisme chrétien, ce qui représentait à l'époque une menace pour l’ordre intérieur. Au début des années 1600, le 1er comptoir hollandais au Japon, baptisé la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, est inauguré dans la ville de Hirado.
L'île de Dejima à Nagasaki
Puis les Hollandais sont invités à se confiner à partir des années 1640 au sein de l'île artificielle de Dejima, construite près du port de Nagasaki en 1636 et réservée uniquement aux colons étrangers. Dejima sert ainsi à maintenir le commerce extérieur pendant toute la période féodale et isolationniste du Japon, qui dura plus de 2 siècles sous le shogunat Tokugawa.
De cette manière, la préfecture de Nagasaki a permis au Japon de garder un lien avec le monde extérieur et d’en tirer également une transmission des savoirs occidentaux en matière de médecine, de nouvelles technologies, de sciences ou d’astronomie. Cela a donné le mot rangaku en japonais pour signifier les "études néerlandaises ou occidentales", qui ont permis ensuite de préparer l'archipel à sa modernisation post-féodale.
Aujourd’hui, on visite Dejima pour son musée historique à ciel ouvert et ses expositions sur les échanges avec les Hollandais et la vie quotidienne de l’île à l’époque. De quoi en apprendre plus sur les relations entre le Japon et les Pays-Bas, qui se manifestent également par le parc à thème hollandais Huis Ten Bosch situé dans la ville de Sasebo, à 1h30 de voiture 🚙 de Dejima.
Le parc à thème Huis Ten Bosch à Sasebo
Ce vaste lieu de loisirs inauguré en 1992 reproduit fidèlement l’esthétique d’une ville des Pays-Bas au XVIIe siècle. On peut y observer des moulins à vent, des canaux, des bâtisses de briques rouges et des tulipes à perte de vue. Il doit justement son nom à la réplique du palais Huis Ten Bosch qu’il abrite, la copie conforme de la résidence de la famille royale des Pays Bas.
Lors d’une visite, on peut assister à différents spectacles, visiter des musées dédiés au pays et tester les attractions comme des montagnes russes ou encore des trains fantôme. Des hôtels 🏨 ont été érigés pour accueillir les visiteurs, dont l’un entièrement géré par des robots. Ce parc a été construit en écho à la relation historique entre le Japon et les Pays-Bas, afin de célébrer cette amitié culturelle et d’informer sur ces 200 ans d’histoire.
Amarré en 2011 au parc Huis Ten Bosch, une réplique du bateau 🛥️ Thousand Sunny de One Piece a proposé pendant une 10aine d'années des croisières, mais cette attraction n'est hélas plus disponible aujourd'hui. Par ailleurs, le plus grand festival de feux 🔥 d’artifices de Kyushu a lieu dans le parc à thème où une trentaine de fabricants s’affrontent dans un concours en novembre chaque année. Au total, 22.000 feux sont tirés dans la soirée.
Les îles Goto, le refuge des chrétiens japonais
Si la ville de Nagasaki abrite la plus ancienne église catholique du pays, ce n’est pas un hasard. La préfecture fut pendant des années un centre de la chrétienté au Japon puis un refuge pour ses pratiquants. Ces derniers ont été persécutés par le shogunat Tokugawa, au pouvoir pendant de l’époque féodale Edo. Beaucoup se sont donc cachés dans les îles Goto, au point d’être baptisés kakure kirishitan, ce qui signifie les "chrétiens cachés".
L’archipel de Goto se compose principalement de :
- 2 grandes îles que sont Fukue-jima et Nakadori-jima ;
- plus 3 îles moins peuplées : Hisaka-jima, Naru-shima et Wakamatsu-jima.
Lorsque le christianisme fut de nouveau autorisé lors de la restauration Meiji, beaucoup d’églises ont été construites sur ces îles reculées. On en dénombre une 50aine et elles ont hérité d’une inscription au Patrimoine Mondial de l’Unesco sous le titre des "sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki". Aujourd’hui encore, cet archipel compte 15% de catholiques parmi sa population locale, contre seulement 1% de chrétiens dans l’entièreté du pays.
Les îles Goto sont également appréciées pour leur bord de mer et leur paysage escarpé qui proviennent d’anciens volcans. Éloignées du tissu urbain, elles sont un véritable havre de paix dans lequel on trouve une gamme éclectique d’hébergements et de restaurants qui convient à un tourisme à la fois domestique et international.
La péninsule de Shimabara pour l'activité volcanique
Au-delà de son héritage historique, la préfecture de Nagasaki est riche de paysages naturels variés. En plus du littoral dentelé et de ses nombreuses îles, on recommande la découverte dans les terres du mont Unzen situé au sein du parc national Unzen-Amakusa sur la péninsule de Shimabara. Il s'agit d'un volcan 🌋 actif dont la dernière éruption remonte à 1991. Il est possible de se promener en toute sécurité dans ces "enfers" au sein de la station thermale Unzen Onsen, où l’on vient profiter des bienfaits des sources chaudes japonaises. On y observe des petits lacs de boue bouillonnants et des roches qui gardent les séquelles de coulées de lave.
Non loin, on retrouve un monument phare de la région : le château 🏯 de Shimabara, un édifice blanc de 5 étages où les visiteurs peuvent se mettre dans la peau des samouraïs en revêtant d’anciennes tenues. Plusieurs sanctuaires shinto et temples bouddhistes bordent les rues adjacentes, tandis que la villa traditionnelle Yuusui-Teien Shimei-so (Shimei-so Spring Water Garden) offre une pause thé au cœur de son magnifique jardin, composé de différents plans d'eau où barbotent des carpes.
Une dernière attraction se trouve à l'entrée de la péninsule, dans les alentours de la gare de Konagai rattaché à la ville d'Isahaya. Au bord de la route 207 qui longe la mer d'Ariake et rebaptisée pour l'occasion Tokimeki Fruits Basutei Dori, 16 abris de bus insolites, en forme de 5 fruits différents et hauts en couleurs (fraise, melon, pastèque, orange et tomate) sont à voir et surtout à photographier. Puis, on rejoint la préfecture rurale de Saga pour continuer la découverte de destinations encore méconnues des touristes internationaux à Kyushu.