Suizen-ji Joju-en
Le ravissant jardin japonais à Kumamoto
Suizen-ji Joju-en est un vaste jardin japonais situé à l'est de Kumamoto sur l'île de Kyushu au Japon. Aménagé au XVIIe siècle par le puissant clan Hosokawa, il reproduit en miniature les cinquantes-trois étapes de la route du Tokaido qui reliait Tokyo et Kyoto à l'époque d'Edo (1603 - 1868). Les visiteurs apprécient le raffinement des lieux et profitent d'une pause dans la maison de thé pour contempler ce tableau paysager.
Kumamoto distille ci et là les stigmates de son ancien statut de ville-château 🏯, et c'est une très belle surprise qui attend les visiteurs qui poussent leur exploration de la cité au-delà de son centre. À une demi-heure en tram depuis la gare JR, le jardin Suizen-ji Joju-en rend majestueusement hommage à ses créateurs, les puissants seigneurs féodaux Hosokawa qui ont régné sur le domaine pendant des siècles.
Les origines de ce lieu remontent donc en 1632 lorsque Hosokawa Tadatoshi (1586 - 1641) y érige le temple Suizen-ji. Ce sont ensuite ses fils qui se chargent des aménagements verts autour de l'étang naturel réputé pour la clarté de son eau. Quelques années plus tard, le temple est délocalisé et une maison de thé prend place en harmonie avec le parc rebaptisé Joju-en.
Le Mont Fuji en miniature
De style tsukiyama, ce jardin traditionnel se compose de collines artificielles ainsi que de magnifiques pins japonais dont la coupe reste entretenue avec soin. Au printemps, la floraison des cent cinquante cerisiers 🌸 égaye le paysage et les allées qui se remplissent alors de visiteurs venus fêter hanami. Le reste de l'année, on apprécie les dégradés de vert qui se marient avec les tons gris des rochers disposés aux abords du plan d'eau.
La signification de cette nature mise en scène n'est pas, comme on pourrait le penser, en référence aux volcans 🌋 verdoyants situés à proximité, comme les Monts Aso et Kuju ; il faut aller chercher plus loin et au-delà des frontières géographiques de l'île de Kyushu. En effet, le jardin Suizen-ji Joju-en est en réalité une représentation à plus petite échelle de l'ancienne route féodale du Tokaido qui assurait la liaison Tokyo-Kyoto. L'étang s'avère ainsi être le lac Biwa et parmi les montagnes reproduites, on reconnaît alors le cône symétrique et un peu plus haut que les autres du Mont Fuji 🗻.
Malgré les quelques constructions urbaines qui obstruent un peu la vue sur la ligne d'horizon, le parc est toujours "dans son jus" et l'on ne peut pas rester insensible au sentiment d'éternité qui règne dans ses allées. Pour un peu, on s'attendrait à croiser un daimyo de Kumamoto... ou en tout cas ressentir son esprit. Dans la partie nord du jardin, le sanctuaire Izumi consacré au clan Hosokawa se montre remarquable par sa sérénité et joliment accompagné par une petite allée de torii ⛩️ vermillons dédiée à Inari.
La maison de thé impériale
Autre attraction : la maison de thé Kokin-Denju-no-Ma, coiffée de son authentique toit de chaume, conclut agréablement la visite. Bien qu'elle ne soit pas celle d'origine, cette vieille bâtisse en provenance de l'ancienne capitale impériale de Kyoto fait tout de même partie des lieux depuis 1912. La vue depuis la salle en tatami se révèle superbe et l'on y passe volontiers un long moment à contempler cette nature figée dans le passé.
Important à savoir : la série de tremblements de terre en avril 2016 n'a pas entaché les lieux. Seul le niveau de l'eau du lac a légèrement baissé. Il est d'ailleurs possible de s'en apercevoir lorsque l'on regarde les différences de couleurs sur les roches : la partie la plus blanche des pierres indique l'ancien niveau où l'eau montait.