Yama no Hi

Les massifs montagneux, volcans 🌋 inclus, constituent plus de 63 % du territoire japonais, à l’exception de l’archipel d’Okinawa, qui est plutôt plat. Les Alpes Japonaises, au cœur de Honshu, représentent d’ailleurs le plus important massif du pays, abritant 92 des 100 plus hautes montagnes de l’archipel.

Le 16ème jour férié japonais

Yama no Hi signifie littéralement le "jour de la montagne" ⛰️. Ce jour férié national, introduit en 2014 et appliqué à partir de 2016, a été institué comme "une occasion de se familiariser avec la montagne et d’exprimer sa gratitude envers ses bienfaits" pour la population.

L’idée d’une journée dédiée aux montagnes avait été lancée dès les années 1960 par le Club Alpin Japonais, et plusieurs préfectures montagneuses en avaient mis en place unilatéralement à des dates variées. On peut citer notamment le 23 février, décrété jour du Mont Fuji 🗻 dans la préfecture de Shizuoka.

Le 11 août est placé au cœur des vacances scolaires d’été et vient en prélude aux quelques jours de congé d’Obon (du 13 au 15 août). Ainsi, certaines entreprises peuvent fermer le 12 août, mais il n’y a pas d’obligation légale.

Les symboles autour de Yama no Hi

Yama no Hi intervient tous les ans à la même date. L’écriture de cette dernière a été revêtue d’une symbolique supplémentaire : le kanji 八 (hachi) de "8" pour le mois d'août ressemble à la forme conique d’une montagne, et le 11 évoque l’alignement des arbres d’une forêt. Dans l’imaginaire japonais en effet, montagnes et forêts sont indissociables et le caractère 山 (yama) a longtemps signifié "montagnes et forêts" au sens large. Les zones boisées s’étendent d’ailleurs sur 69 % du territoire de l’archipel, et principalement localisées sur les reliefs.

Autrefois, les croyances japonaises considéraient les montagnes comme des espaces sacrés, où régnaient les divinités kami et les âmes des défunts. La population y vivait peu, et ceux qui s’y aventuraient étaient principalement des adeptes de la pratique ascétique du shugendo, les desservants des lieux de culte Shinto ou bouddhistes. Les grands temples ou monastères bouddhistes s’étendant sur une montagne ou une colline sont d’ailleurs désignés par le terme de yama / san et la fondation d’un temple se dit 開山 (kaisan).

Les mêmes caractères sont utilisés pour écrire le terme "yamabiraki" (山開き, littéralement "ouverture de la montagne") qui désigne aujourd’hui le début de la saison de randonnée et d’alpinisme. Initialement, yamabiraki était une cérémonie pratiquée dans les sanctuaires vénérant une montagne sacrée, pour signifier l’ouverture de la saison de pèlerinage en été. Celle-ci était close par une autre cérémonie en début d’automne.

Comment est fêté Yama no Hi

Yama no Hi étant une célébration récente, ses manifestations concernent davantage l’organisation de randonnées spéciales ou l’opération de nettoyage des sentiers, mises en place localement.

Si l’on souhaite assister à un festival yamabiraki (ou yamabirakisai) traditionnel, on peut le faire à l’un des sanctuaires shinto rattachés à une montagne sacrée. Par exemple, les 3 sommets sacrés du Japon (三霊山 Sanreizan) organisent une cérémonie :

• pour le Mont Fuji (3.776 m), au sanctuaire Fujisan Hongu Sengen Taisha à Fujinomiya le 07 juillet ;
• pour le Mont Hakusan (2.702 m) au sud-ouest de Shirakawa-go à Shirayama Hime-jinja, le 1er juillet ;
• pour le Mont Tateyama (3.015 m) au sud-est de la préfecture de Toyama, au sanctuaire Oyama-jinja, également au 1er juillet.

Cependant, ce sont des cérémonies simples, sans procession, qui visent avant tout à prier pour de bonnes récoltes et pour la sécurité des personnes qui se rendront dans la montagne.

Où passer Yama no Hi au Japon

Les dates officielles d’"ouverture de la montagne" varient localement et peuvent s’étendre entre avril et octobre-novembre selon les régions. Toutefois l’ascension de certains sommets, comme le Mont Fuji ou le Mont Ontake (préfecture de Nagano), n’est ouverte que sur juillet et août.

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Ascension du Mont Fuji - Guide pour gravir la montagne sacrée 🗻

La randonnée est un des sports les plus accessibles pour découvrir le Japon à travers ses montagnes et sans forcément s’éloigner des grandes villes. Ainsi, on peut citer :

• le Mont Takao près de Tokyo ;
• le Mont Hiei entre Kyoto et le lac Biwa ;
• le Mont Yoshino dans la préfecture de Nara, pour ses cerisiers en fleurs au printemps.

Les trekkers plus aguerris pourront se rendre :

• aux 3 montagnes de Dewa (Dewa Sanzan) dans la préfecture de Yamagata ;
• au Mont Daisen à Tottori, qui se double d’une station de ski en hiver et est surnommé le "Fuji de Hoki" (Hoki Fuji) d’après le nom de son ancienne province ;
• en randonnée entre les monts Asahidake et Kurodake dans le Parc National Daisetsuzan ou sur les pentes du Mont Yotei également baptisé le "petit Fuji de Hokkaido" ;
• au sommet du Mont Iwaki, de son surnom Tsugaru Fuji car il surplombe majestueusement les plaines de la région d'Hirosaki.

La détente est aussi au programme de Yama no hi, puisque l’on peut profiter des nombreux onsen ♨️ dus à l’activité volcanique : par exemple à Hakone, Kusatsu, la péninsule d’Izu ou encore sur l’île de Kyushu, à Yufuin ou Beppu. On y profitera également de paysages bucoliques, parfois animés de villages aux toits de chaume typiques de l’architecture montagnarde japonaise. Les forêts sont aussi propices à l’observation de la nature et des animaux sauvages, comme les singes 🐒 en liberté à Kamikochi ou profitant des eaux chaudes à Jigokudani, et il arrive que l’on croise des ours, surtout dans le nord du Japon.

La montagne toute l’année

Une des meilleures saisons pour profiter de la montagne est sans doute l’automne, au moment de l’épanouissement des feuillages koyo 🍁. Les températures plus fraîches des massifs provoquent le changement de coloration des forêts de feuillus dès septembre à Hokkaido et généralement plus tôt que dans les plaines.

L’hiver est propice aux sports de glisse dans les nombreuses stations de ski, et il n’est pas rare d’y trouver de la neige ❄️ jusqu’en mars-avril. Le célèbre mur de neige Yuki-no-Ootani de la Route Alpine Tateyama Kurobe est d’ailleurs visible jusqu’en juin.

En été, les températures dans les massifs montagneux sont globalement plus fraîches qu’en ville et des lieux de villégiature comme Nikko ou Karuizawa offrent une pause bienvenue au cœur des chaleurs estivales.