Première visite au temple Senso-ji d'Asakusa pour Ganjitsu

Ganjitsu

Le 1er jour de l'année férié au Japon

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Ganjitsu est le jour de l'An férié au Japon, fixé au 1er janvier selon le calendrier grégorien adopté par l'archipel depuis 1873. Il est l’occasion de retrouvailles familiales et de nombreuses coutumes y sont pratiquées pour bien commencer la nouvelle année.

Ganjitsu, ou Jour de l’An (littéralement 元日, le "premier jour de l’année"), a lieu le 1er janvier au Japon et est l'une des 5 fêtes sekku (節句) marquant le passage des saisons, avec :

Le jour de l’an est une célébration ancienne mais n’a pas toujours pris place le 1er janvier au Japon. Des cérémonies sont attestées au moins depuis l’époque de Heian, qui suivaient l’ancien calendrier luni-solaire et avaient donc lieu autour Setsubun (actuellement le 3 février) qui marque la fin de l’hiver et le début du printemps 🌸.

C’est au début de l’ère Meiji (1868 - 1912) que la célébration du jour de l’an passe officiellement au 1er janvier, avec l’adoption du calendrier grégorien en 1873. Il devient férié à partir de 1948.

Une fête familiale très suivie

La période du Nouvel An et Ganjitsu sont probablement parmi les fêtes les plus importantes de l’archipel, et les Japonais s’y préparent avec une certaine effervescence dès le mois de décembre : grand ménage "de printemps" (à la maison comme au travail) ou règlement de dettes par exemple.

Ainsi, les "vacances" du Nouvel An s’inscrivent généralement sur une semaine entre le 29 décembre et le 5 janvier (les dates variant selon les années). L’activité ralentit, de nombreuses entreprises et administrations fermant partiellement ou totalement pour honorer ces quelques jours de repos en famille. Il n’est pas rare que musées, banques voire hôtels 🏨 soient fermés du 1er au 3 janvier, les 3 premiers jours de l’année (sanganichi 三が日) et les enfants n’ont pas école. Néanmoins, la plupart des konbini restent ouverts.

Première visite au temple Senso-ji d'Asakusa pour Ganjitsu 2

Comment est fêté Ganjitsu ?

Ganjitsu vient en point d’orgue des fêtes de fin d’année, précédé de Omisoka (la veille du jour de l’an) qui s’achève sur une dégustation de nouilles soba.

Ganjitsu marque une série de "premières fois" :

  • Hatsumode (初詣), la première visite au temple ou au sanctuaire de l’année, qui peut avoir lieu dès minuit ; on vient tirer une prédiction omikuji au temple et boire du saké au sanctuaire ;
  • Hatsuhinode (初日の出), le premier lever de soleil de l’année qui peut se contempler partout ;
  • Hatsuyume (初夢), le premier rêve de l’année, au cours de la 1ère ou 2ème nuit. Il est de bon augure de rêver du Mont Fuji, d’un faucon ou d’aubergines. Ces thèmes sont d’ailleurs des motifs de sceaux goshuin et d’illustrations porte-bonheur.

Côté cuisine, le jour de l’An et en principe jusqu’au 3, on déguste des plats Osechi Ryori qui ont été préparés à l’avance pour pouvoir profiter pleinement de ces jours de repos et de fête. Au retour d’une visite au temple, on peut aussi savourer l’ozoni, un plat spécifique à Ganjitsu consistant en un bouillon garni de mochis, de légumes et de viande ou de poisson 🐟, assaisonné de sauce soja ou de miso.

Le temps en famille est passé à préparer et déguster des mochi, et l’on joue à des jeux traditionnels comme les cartes karuta ou une sorte de jeu de l’oie : le sugoroku. D’autres jeux traditionnels pratiqués au Nouvel An sont hanetsuki, un jeu de raquettes, ou encore takoage, le cerf-volant.

La maison est ornée de décorations symboliques porte-bonheur : comme les compositions de pins et de bambous kadomatsu🎍aux entrées, des représentations du "bateau 🛥️ de la fortune" Takarabune et des 7 dieux du bonheur. Des kagami mochi (gâteaux composé de 2 boules de mochi superposées et surmontées d’une petite orange amère) sont présentés en offrande sur les autels familiaux.

Enfin, le 1er janvier est aussi le jour des étrennes Otoshidama, que les membres plus âgés de la famille offrent aux enfants, et chaque foyer reçoit des cartes de vœux nengajo envoyées stratégiquement pour être distribuées entre le 1er et le 7 janvier (ou reçues en version digitale).

Exemples de cartes de vœux et de symboles pour Ganjitsu

Déjouer les mauvais présages à Ganjitsu

Le passage à la nouvelle année est entouré de superstitions visant à s’assurer d’accueillir la nouvelle année dans les meilleures conditions.

Ainsi, les 3 premiers jours sanganichi de l’année sont soumis à quelques règles qui peuvent sembler étranges :

  • on ne doit pas faire le ménage, surtout à grande eau, au risque de se porter malheur en chassant les "divinités de la nouvelle année" ;
  • on ne doit pas utiliser de couteau pour cuisiner, car celui-ci coupe symboliquement les liens ; ni cuisiner au feu, car cela produit de l’écume dont le nom japonais aku 灰汁 est homonyme du mot "mal" aku 悪 ;
  • ou encore, il ne faut pas manger d’animaux à 4 pattes.

Ganjitsu est une occasion pour mettre toutes les chances de son côté, en particulier si l’on entre dans une "année néfaste", appelée yakudoshi en japonais. Celle-ci intervient plusieurs fois dans une vie à des âges spécifiques (qui peuvent varier selon les régions) et annonce une plus grande probabilité de maladies, d’accidents ou de coups du sort en général. Il est déconseillé de se lancer dans de nouveaux projets ou des grands voyages en année yakudoshi. Les âges concernés sont :

  • 25 ans, 42 ans et 61 ans pour les hommes ;
  • 19 ans, 33 et 37 ans, et 61 ans pour les femmes.

L’année néfaste débute au 1er janvier, même si l’anniversaire de la personne est plus tardif. Les croyants doivent procéder à divers rituels de purification et s’engager auprès de leur sanctuaire Shinto (pour porter un mikoshi dans un festival par exemple). Les sanctuaires Hachiman organisent des cérémonies de purification yakubarai au cours du mois de janvier, à l’intention de ceux qui entrent dans une année néfaste. Il est aussi possible de se procurer des amulettes pour contrer le mauvais sort.

Composition florale kadomatsu traditionnelle devant le Tosho-gu du Parc Ueno pour Ganjitsu

Où célébrer le jour de l'An au Japon ?

La meilleure façon de vivre les festivités de Ganjitsu est probablement de se rendre à un temple ou à un sanctuaire dès les 1ères heures du jour de l’An, à condition de ne pas craindre la foule de Hatsumode :

On peut également prévoir d'assister au matsuri "Oji Kitsune no Gyoretsu", qui se traduit par une envoûtante parade nocturne du dieu-renard 🦊 pendant la nuit du 31 décembre.

Les plus prévoyants auront réservé leur place très à l’avance pour assister au premier lever de soleil, par exemple à l’observatoire de la Mairie de Tokyo, ou en survolant le Mont Fuji 🗻 à bord du premier vol de l’année proposé par certaines compagnies aériennes japonaises.

Pour souhaiter une bonne année à partir du 1er janvier, on dit akemashite omedeto gozaimasu (あけましておめでとうございます).

Mis à jour le 29 décembre 2025