Mont Nokogiri
Balade bouddhique magique à Chiba
Le Mont Nokogiri est une petite montagne du Japon, située sur la péninsule de Boso dans la préfecture de Chiba, faisant face à la baie de Tokyo. La balade au sommet s'effectue parmi un vaste complexe bouddhique qui héberge le plus grand Bouddha assis en pierre du pays, taillé à même la roche.
On ne saurait expliquer pourquoi, mais Nokogiriyama reste une destination très méconnue des voyageurs au Japon. Pourtant, nous pouvons vous garantir qu'il s'agit d'une des plus belles expéditions qu'il nous ait été donné de vivre dans la nature japonaise. Quand on parle de sorties hors Tokyo, les visites qui viennent à l'esprit et reviennent dans les débats sont souvent :
- la balade ou randonnée au mont Takao, selon le sentier choisi ;
- l'ascension du Mont Fuji, très saisonnière et plus difficile ;
- un des Fujigoko (comme Ashinoko à Hakone ou Kawaguchiko) pour l'admirer d'en bas ;
- Nikko et sa balade dans les cinq temples montagneux ;
- le combo facile Kamakura / Enoshima ;
- ou encore la péninsule d'Izu ;
- éventuellement l'île d'Oshima et le mont Mihara.
À notre avis, il faut absolument inclure à cette liste le Mont Nokogiri (littéralement "la scie"), qui se fait sur une petite journée ou même une grosse demi-journée. La balade démarre de la charmante station rurale du petit village de Hamakanaya à Chiba, accessible soit en train 🚅 depuis la capitale, soit en ferry ⛴️ depuis Kurihama / Yokohama (de l'autre côté de la baie de Tokyo).
Ambiance magique
Après quelques minutes à pied, après une courte balade en bord de mer, on emprunte un téléphérique (fermé en cas de vent) qui nous emmène au sommet du mont, l'occasion d'admirer la vue sur la Péninsule de Bôsô et de l'autre côté, si le temps est clair, jusqu'au Mont Fuji 🗻. Une fois en haut, ne manquez pas la plate-forme d'observation pour profiter de l'horizon.
Dès la sortie du téléphérique, on se retrouve directement plongé dans des paysages qui semblent comme directement tirés d'un mélange de Lost et Shadow of the Colossus. L'ambiance est incroyable dès le début de la balade.
Il suffit alors de descendre quelques dizaines de marches pour arriver à l'entrée du Kenkonzan Nihon-ji, un gigantesque complexe bouddhiste dans la montagne, qui contient tous les points d'intérêt de la visite de Nokogiriyama.
Cela commence par cette sculpture immense (30,3 mètres) et très impressionnante de la déesse Hyakushaku-Kannon, gravée dans la roche. L'ambiance est majestueuse, comme si l'on découvrait la relique d'une civilisation éteinte, alors que sa construction remonte à quelques décennies. Juste derrière se trouve ce point de vue situé sur un morceau de roche avancé dans le vide à 380 mètres au-dessus du niveau de la mer, justement appelé Jigoku-nozoki (qui signifie "un coup d'œil vers l'enfer" !).
En poursuivant la visite, ce sont 2.639 marches qui créent un dédale de chemins dans la forêt, vers l'un des plus grands Bouddha du Japon. Tout au long de la randonnée, 1.500 statues Rakan (disciples de Bouddha), chacune au visage unique censé véhiculer la bienveillance, vous accompagnent. Toutes ont été sculptées par le maître-artisan Jingorô Eirei Ôno et ses 27 moines apprentis entre 1779 et 1798. Beaucoup ont été décapitées par un mouvement anti-bouddhiste pendant l'ère Meiji, ce qui explique les traces apparues au niveau du cou lorsqu'elles ont été reposées.
Vers le plus grand Bouddha assis
Contrairement à une idée reçue, le plus grand Bouddha assis de l'archipel ne se trouve donc ni à Kamakura (13,35m), ni au Todai-ji de Nara (18,18m). Celui de Nokogiriyama qui représente Yakushi Nyorai mesure pas moins de 31,05 mètres de haut ! Selon la légende, cette statue sculptée à même la roche (entre 1780 et 1783) représente "le lieu pur dans le monde d'une fleur de lotus", symbole de paix et de tranquillité. Il est possible de s'asseoir en le gardant à vue, voire de s'allonger pour profiter de la sérénité ambiante.
Évidemment, nous vous conseillons très fortement de consacrer une journée à Nokogiriyama pendant votre voyage au Japon. C'est d'autant plus vrai qu'avec sa plus faible renommée, le lieu est encore relativement protégé des touristes, donc exceptionnellement calme.
Notez pour les plus courageux qu'il est possible de redescendre (et même monter) sans passer par le téléphérique, via un petit chemin de (rude) randonnée s'enfonçant dans les bois à flanc de montagne.