Shoden-ji
Le ravissant jardin sec caché de Kyoto
Shoden-ji est un petit temple de la branche Rinzai du bouddhisme Zen perché sur une colline et situé dans un quartier résidentiel du nord de Kyoto. À l'écart du centre-ville et de ses touristes, ce havre de sérénité abrite un fascinant jardin sec karesansui avec vue sur le mont Hiei en ligne d'horizon.
Kyoto a beau souffrir de sa réputation de sur-tourisme, tous les habitués (et nous les premiers) vous confirmeront que les voyageurs se concentrent sur un panel de visites finalement très limité. Certes, il reste désagréable de déambuler dans Gion, arpenter la bambouseraie d’Arashiyama ou encore visiter Kiyomizu-dera en pleine journée pendant une bonne partie de l’année, mais la richesse de la ville avec ses milliers de temples et jardins lui permet de conserver malgré tout une nombre important de petites perles totalement méconnues des touristes.
Une ascension pleine de promesses vers l'entrée du temple
Difficile d’accès, Shoden-ji fait partie de ces merveilles cachées pour le bonheur des connaisseurs. Depuis la gare de Kyoto, il faudra ainsi compter trois quarts d’heure de bus, puis un petit quart d’heure supplémentaire de marche en montée au cœur des zones résidentielles du nord de la ville, pour prouver sa motivation en vue de découvrir ce joyau. L’enceinte du temple, à l’accès libre, propose une balade gratuite à travers une bambouseraie qui panse peu à peu ses stigmates du typhon 🌀 Hagibis, et masque 😷 l’immense terrain de golf ⛳ de Funayama attenant. De l’autre côté, un sublime cimetière dessine ses tombes à perte de vue et surtout son panorama sur Kyoto en fond, magnifié par le Daimonji. Pas de doute, on se trouve bien sur les hauteurs tranquilles de l'ancienne capitale.
Un concentré de bouddhisme Zen
Le temple de Shoden-ji en lui-même, tenu par une ancienne famille japonaise, s’avère tout à fait minuscule : il consiste en tout et pour tout en un simple bâtiment au sol en tatami, à l’intérieur duquel les photos sont interdites (mais nous avons obtenu l’autorisation pour Kanpai). Il héberge une immense représentation de Bouddha au nirvana dont tous les traits du dessin sont constitués de sutras, ce qui explique la présence de loupes sous la toise. En levant la tête, on découvre encore l'un des fameux plafonds de sang tirés du château 🏯 de Fushimi.
Mais le cœur de la visite reste indubitablement cet exceptionnel tableau de jardin sec karesansui, baptisé Shishinokowatashi-no-niwa et que l'on traduit par Lion Family Crossing the River Garden en anglais. Créé par le célèbre paysagiste Mirei Shigemori (1896 - 1975), il surclasse sans peine celui du Ryoan-ji. Sur quelques dizaines de mètres carrés à peine, il dévoile un moment de sérénité évanescent, à découvrir absolument en respectant le caractère solennel du lieu. Dans un calme olympien, de préférence à une saison où la végétation achève de compléter cette peinture tellement sublime qu’on la croirait irréelle, la contemplation du paysage qui s'offre devant nous confine sans peine à la méditation.
Les habituels rochers sont remplacés par des bosquets de rhododendrons qui fleurissent en mai et apportent ainsi au tableau une touche rosée éphémère. Caractérisé également comme shakkei, le jardin se poursuit au-delà de ses limites géographiques et emprunte au paysage alentour et particulièrement au mont sacré Hiei-zan, bien positionné en toile de fond dans le coin gauche.
Et dire qu’à deux kilomètres à peine à vol d’oiseau, les cars de touristes déferlent sans s’arrêter au Kinkaku-ji pour y créer, une fois entrés, des embouteillages piétonniers bruyants gâchant la découverte du pavillon d’or… Définitivement, la visite de Kyoto nécessite de faire les bons choix pour en profiter.