Entsu-ji
Le jardin shakkei avec le Mont Hiei à Kyoto
Entsu-ji est un temple de l'école Myoshin-ji, qui appartient à la branche Rinzai du bouddhisme Zen japonais, situé au nord de Kyoto. Peu facile d'accès et perdu au milieu des habitations japonaises, il abrite pourtant un sublime petit jardin sec, dont la vue se prolonge jusqu'au mont sacré Hiei-zan situé à plusieurs kilomètres. Sa visite est particulièrement recommandée à l'automne, lorsque les feuilles des érables changent de couleur.
À l'origine, le temple est une villa privée baptisée "palais Hataeda", construite à la demande de l'Empereur Go-Mizunoo au XVIIe siècle. Il lui aurait fallu plus d'une dizaine d'années pour trouver cet emplacement idéal à la pratique du bouddhisme Zen, dont il était un pratiquant convaincu. L'Empereur Go-Mizunoo est également le commanditaire de la villa Shugaku-in, vaste propriété impériale de Kyoto située dans le même arrondissement, au pied des Monts Higashiyama.
En 1678, le site est converti en temple par la nonne Enkoinbunei, qui faisait partie des servantes de la mère de l’Empereur. Le dixième prêtre en chef du complexe Myoshin-ji, l'une des écoles du bouddhisme Zen Rinzai, prend alors la tête de l'Entsu-ji.
Un admirable héritage impérial
Passée la porte d'entrée, la visite commence par une petite allée pavée, bordée de végétation et d'une belle cloche. On retire ensuite ses chaussures pour visiter l'intérieur du bâtiment principal. Un corridor, délimité par de jolis stores en bambou sudare qui filtrent la lumière du soleil, permet de circuler en tout quiétude. On atteint rapidement les deux joyaux de l'Entsu-ji :
- un kakemono de l’Empereur Reigen, fils de Go-Mizunoo ;
- et le jardin sec composé de quarante rochers entourés de mousse.
Désigné "beauté nationale du Japon", le jardin est protégé par la ville de Kyoto afin que rien dans les alentours ne vienne perturber cette magnifique vue. En effet, le jardin de l'Entsu-ji est un superbe exemple de "paysages empruntés" dits shakkei (借景), où le Mont Hiei situé en toile de fond semble appartenir au jardin lui-même.
Le spectacle se montre particulièrement saisissant à l'automne, lorsque les feuilles des érables 🍁 rougissent. Des tapis chauffants sont d'ailleurs installés afin de permettre aux visiteurs de contempler le paysage sans attraper froid. Le jardin, imaginé par l'Empereur Go-Mizunoo lui-même, se décompose comme suit :
- un premier plan qui comprend le parterre de mousses et de roches, avec de chaque côté des érables japonais ;
- puis une rangée de cèdres hauts et de camélias, où plus d'une cinquantaine de variétés sont présentes ;
- et enfin en arrière-plan, des petits arbres, des bambous et le Mont Hiei surplombant.
Le reste de la visite permet de faire le tour d’un autre petit espace vert et d’admirer la magnifique statue de Kannon, déesse de la paix et de la miséricorde.
À noter : les photos sont autorisées uniquement côté jardin. Il est interdit d'utiliser son appareil ou son smartphone 📱 pour photographier l'intérieur du pavillon principal Hondo.
L’un des petits temples zen de Kyoto préservés de la foule
Excentré par rapport aux quartiers touristiques et moins facile d'accès en transports en commun, le temple mérite son déplacement. Depuis la gare, la balade d'une petite demi-heure à pied dans un quartier résidentiel typique de Kyoto se montre charmante et tranquille. Lorsque le temps est de la partie, on en profite également pour faire un crochet par le parc du lac Takaragaike, entouré par les monts Matsugasaki qui s'illuminent en août lors du festival des feux 🔥 de Kyoto.
Certes, les photos sont interdites pour une grande partie de la visite et la taille des bâtiments reste plutôt modeste, mais c'est justement le côté minimaliste d'Entsu-ji qui fait toute la beauté du temple et le préserve du tourisme de masse. On y vient chercher une pause spirituelle devant un jardin sec shakkei magnifique. En semaine, on aura de bonnes chances de se retrouver absolument seul dans le calme absolu, excepté pendant les explications enregistrées du moine qui sont diffusées de temps en temps.