Kuon-ji

Au sein de la région rurale et montagneuse du mont Fuji 🗻, le village de Minobu abrite de nombreux temples qui accueillent les visiteurs le temps d'une retraite spirituelle facile à faire depuis Tokyo. Une 20aine d'auberges de temple (shukubo) permettent aux voyageurs de passer la nuit sur place, notamment la chaleureuse maison d'hôtes Kakurinbo rattachée au temple Gyogaku-in. Cette dernière se situe idéalement à proximité de l'enceinte du Kuon-ji, le temple le plus important de la ville et site principal de la secte bouddhique Nichiren Shu, fondée par le moine Nichiren (1222 - 1282) pendant la période de Kamakura (1185 - 1333).

En juin 1274, Nichiren décide de se retirer des affres du monde et part s'installer en ermitage sur le mont Minobu (également baptisé Minobu-san par les locaux). Il y fait bâtir un modeste pavillon (Goso-an) au sein duquel il réside pendant 8 années et continue ainsi son enseignement auprès de ses disciples. Quelques semaines avant son décès, il quitte Minobu pour tenter de se soigner dans un onsen ♨️ à Ibaraki mais meurt en cours de route, à Tokyo en octobre 1282. Il fait un dernier souhait pour que ses cendres puissent être retournées et conservées dans sa montagne sacrée.

Fondé à la même époque sur les pentes de Minobusan, le temple Kuon-ji compte aujourd'hui 2 pavillons de forme octogonale qui hébergent les cendres de Nichiren :

• Goshinkotsu-do, situé à proximité du hall principal Hondo ;
• et Gobyo-sho, édifié non loin des ruines de Goso-an et qui sert de mausolée à la mémoire de Nichiren.

Ce dernier porte l'inscription "Namu myoho renge kyo" qui signifie "Je trouve refuge dans le Sutra du Lotus" et qui est le mantra officiel de Nichiren, autour duquel il fonde toute sa philosophie. Nichiren montre en effet une dévotion totale au Sutra du Lotus qu'il reconnaît comme le seul véhicule pour atteindre le Nirvana.

Deux grandes écoles, toujours actives, perpétuent le bouddhisme de Nichiren :

• le courant historique Nichiren Shu qui lui a attribué le titre sanctifié de "Nichiren Shonin" ;
• et l'école Nichiren Shoshu qui l'a élevé au rang de "Nichiren Daishonin".

Rattaché à l'école Nichiren Shu, le temple Kuon-ji réserve à ses visiteurs une belle découverte spirituelle avec ses pavillons éparpillés dans la montagne et entouré par une majestueuse forêt de cèdres.

L'ascension spirituelle du mont Minobu

La visite du temple consiste à partir de la base de la montagne Minobusan pour grimper jusqu'à son sommet qui culmine à 1.153 mètres d'altitude. Cette petite randonnée débute par l'impressionnante porte en bois Sanmon qui date de 1907 pour sa dernière reconstruction. Avec ses dimensions de 21 mètres de haut pour 23 mètres de large, elle figure parmi les 3 plus grandes portes bouddhiques du Kanto. Ses 3 entrées permettent aux fidèles qui les franchissent de se débarrasser des péchés humains suivants :

• l’avidité ;
• la colère ;
• et la bêtise.

Juste derrière, on entame l'ascension des 287 marches de l'escalier en pierre baptisé Bodaitei, que l'on peut traduire par "l'escalier vers l'illumination". Ce dernier permet d'atteindre l'esplanade où se trouve le pavillon principal Hondo accolé au Soshi-do qui est reconnaissable à sa couleur rouge vermillon. À noter qu'un ascenseur ainsi qu'un parking permettent d'atteindre le haut des escaliers sans avoir à les grimper.

Au sein du Hondo, des prières sont données tous les matins et annoncées par un moine qui se penche à 90° pour faire sonner l'imposante cloche du pavillon Shoro situé à côté d'une pagode à 5 étages. Ouverte à tous, la prière du matin Gongyo réunit plusieurs 10aines de moines et commence dès 5h30 à la belle saison (ou 6h en hiver). Durant environ 1 heure, on assiste à la récitation en cœur et rythmée de différents chapitres du Sutra du Lotus. Des séances de recueillement en journée et le soir sont également données dans le pavillon Butsuden.

Puis, on se dirige à l'ouest vers une partie un peu plus isolée du Kuon-ji, là où vivait en ermitage Nichiren. Son mausolée Gobyo-sho ainsi que les ruines de son habitation Goso-an baignent paisiblement au milieu de la nature et l'on ressent une grande spiritualité qui se dégage de ces lieux. Non loin, un cimetière bouddhique qui héberge les nombreuses tombes des anciens moines en chef du temple (environ 92) renforce encore l'atmosphère solennelle qui règne dans cette zone.

C'est donc complètement apaisés que l'on monte dans le téléphérique pour continuer la visite dans la partie la plus reculée du temple, baptisée okunoin. En 7 minutes, on atteint le sommet du mont Minobu qui offre 2 choses à voir :

• le pavillon Shishin-kaku dédié aux parents de Nichiren et aux liens familiaux en général ;
• 3 plateformes d'observation sur les montagnes alentours, dont une orientée pour admirer le mont Fuji par temps dégagé.

À la mi-mars et de fin à septembre à début octobre, il est possible de voir le soleil se lever dans l'axe de la montagne sacrée et de contempler ainsi le phénomène de Diamond Fuji (comme au lac Tanuki voisin). Par ailleurs, les bons marcheurs peuvent choisir parmi les 2 sentiers de randonnées (est et ouest) aménagés pour atteindre le sommet du mont Minobu ; il faut alors compter 2 à 3 heures d'ascension et moins de 2h pour la descente jusqu'au pavillon principal.

Enfin, le site du Kuon-ji affiche quelques belles couleurs saisonnières, avec la floraison de cerisiers 🌸 pleureurs shidare zakura au printemps (plusieurs arbres sont multi-centenaires) puis le rougissement des érables 🍁 à l'automne (vallée Nishi-dani).