Murakami (Niigata), Pêche traditionnelle au filet sur la rivière Miomote

Pêche au saumon sur la rivière Miomote

L'attraction automnale à Murakami

L'avis Kanpai
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Murakami est une toute petite ville au nord de Niigata qui n’usurpe pas à sa renommée de "capitale du saumon". Chaque année en automne, la rivière Miomote qui traverse la cité devient particulièrement animée, car les saumons viennent la remonter depuis la Mer du Japon pour s’y reproduire en eau douce. L'occasion de voir comment les habitants ont mis au point différentes méthodes originales pour pêcher le saumon, le conserver puis le cuisiner.

Manne alimentaire et pécuniaire pour la petite cité de Murakami, le saumon est pêché en grande quantité dès la fin de Moyen Âge. Mais un déclin de l'espèce, amorcé au milieu de la période Edo (1603 - 1868), provoque une crise financière importante pour le clan familial qui règne à l'époque sur la région.

L'ingéniosité du seigneur Buheiji Aoto va permettre de sortir de cette impasse. Ce dernier parcourt les berges de la rivière, sonde les habitants du coin et étudie précisément la ponte et la migration des saumons. De cette observation, il élabore un procédé de pêche qui vise à re-développer naturellement la reproduction du poisson 🐟. En quelques années, la population des saumons remonte en flèche et Buheiji Aoto devient un héros local hautement respecté. Son plan de conservation, qui limite notamment la pêche à certaines zones, est toujours en vigueur. Aujourd'hui, les prises de poisson, qui restent bien inférieures à cet âge d’or, tournent autour de 10.000 saumons pêchés sur une saison.

Murakami (Niigata), Un pêcheur et ses saumons pêchés sur la rivière Miomote

Des techniques traditionnelles toujours efficaces

Pour observer ce savoir-faire ancestral, appelé iguriamiryo (居繰網漁), il faut se rendre de bon matin aux abords de la rivière Miomote, qui prend sa source au Mont Asahi, situé à quelques dizaines de kilomètres à l’est de Murakami, puis traverse le centre-ville avant de se jeter dans la Mer du Japon.

Les pêcheurs se montrent en majorité assez âgés, à l’image de leur pratique qui consiste à attraper le saumon sans canne ni hameçon ou autre accessoire moderne. Debout sur des fines embarcations en bois, ces irréductibles ratissent une partie du fleuve à l'aide d'un large filet déployé entre deux barques. Ils se laissent ensuite porter par le courant et piègent au passage les poissons qui remontent le cours d'eau. D'autres techniques sont également utilisées, comme ces cages en fer submersibles qui recueillent les poissons durant la nuit. Reliées entre elles d'une rive à l'autre, elles freinent la course des saumons et créent ainsi un endroit propice à une bonne pêche.

Murakami (Niigata), Vente des saumons pêchés sur la rivière Miomote

De la rivière à l'assiette

Lorsque l'on s'approche de la rive, on peut également observer des pêcheurs plus classiques, à la canne donc, installés tranquillement sur leur siège à attendre une prise. Mais il ne faut pas s'y fier : sous leurs airs de vieux sages, ces chasseurs savent réagir lorsqu'ils sentent une prise imminente. Le saumon, dont le poids varie en général de 3 à 7 kg, est extrait de la rivière en un rien de temps et se retrouve à gesticuler sur la terre ferme. Un assistant posté en seconde ligne récupère alors le poisson et lui assène plusieurs coups sur la tête pour provoquer une mort cérébrale. La méthode peut sembler ici un brin barbare et l'on invite les plus sensibles à rester bien en retrait derrière le périmètre de sécurité.

Les saumons mâles et femelles sont ensuite séparés et déposés dans des bacs. Plus tard, on les emmènera dans un hangar à proximité, où l’on recueillera les semences de chacun afin produire un élevage dans des incubateurs. La production annuelle est ainsi augmentée et permet de fournir les établissements de Murakami, dont le saumon reste la principale spécialité culinaire.

Nombreux sont les foyers qui ont leur propre technique pour saler leur saumon. Baptisée shiobiki-zake, cette préparation s'appelle également toshitori-zakana lorsque le saumon est accommodé pour être spécialement consommé au Nouvel An. Le sake-no-sakabitashi, c'est-à-dire le saumon imbibé avec du saké 🍶 japonais, est un autre plat populaire réalisé en séchant le shiobiki-zake jusqu'au début de la saison des pluies ☔️ en juin. Il est ensuite tranché finement et mangé avec du gingembre. On dit qu'il y a plus d'une centaine de plats de saumon à Murakami ; de quoi découvrir de nouvelles saveurs dans son assiette !

Cet article a été réalisé dans le cadre d'un séjour organisé et financé par la ville de Murakami, préfecture de Niigata. Kanpai a été invité et guidé mais conserve une liberté totale dans sa publication éditoriale.
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Par Kanpai Mis à jour le 13 janvier 2023 Salmon Fishing on Miomote River