Joren-ji
Le grand Bouddha de Tokyo
Joren-ji est un temple bouddhiste situé dans l'arrondissement d'Itabashi, en banlieue nord-ouest de la capitale japonaise. Il se distingue par son fameux Daibutsu (grand Bouddha) de Tokyo qui trône assis au milieu d’un joli jardin composé de fleurs de saison et de plusieurs autres statues spirituelles.
Arriver jusqu'à l'enceinte du Joren-ji représente déjà un petit périple à travers Tokyo. En effet pour s’y rendre, il faut s'éloigner du centre-ville, sortir de la Yamanote pour découvrir des quartiers résidentiels beaucoup moins touristiques, mais bien plus authentiques. Le ton de la visite est donné : plutôt dépaysante et zen, loin de l’agitation tourbillonnante des spots les plus connus de Tokyo.
Un passé marqué par le clan Tokugawa
L’histoire du temple débute fin XIVe siècle, à l’ère Muromachi (1336–1573) sous le règne de l'empereur Go-Komatsu (1392-1412). Son emplacement originel se situe alors sur Yamanaka Mura, tout près de l’ancienne route Nakasendo qui relie Kyoto à Tokyo. En 1591, le daimyo Tokugawa Ieyasu, futur premier Shogun du Japon, lui attribue le Shuinchi. Cette signature officielle, sous forme de sceau rouge, confère au Joren-ji tous les droits administratifs sur les terres données, c’est-à-dire une exemption des taxes annuelles et du travail imposé par le gouvernement féodal. De cette façon, le temple prospère et gagne de l'importance, ce qui justifie son déménagement vers la capitale, dans le quartier de Nakajuku, au début de l’époque Edo (1603-1868).
Plus tard, le huitième Shogun, Tokugawa Yoshimune (1716-1745), apprécie également l'endroit et l’utilise régulièrement comme aire de repos lors de ses parties de fauconneries. On retrouve ainsi plusieurs éléments du Joren-ji marqué du blason mon du clan Tokugawa baptisé Maruni-mitsubaaoi ; il s'agit d'un cercle autour de trois feuilles de rose trémière. Enfin en 1973, le temple se retrouve obligé de déménager à son adresse actuelle, à cause de l'élargissement des voies de la route nationale n°17 et de la construction d’une parcelle d’autoroute sur son ancien secteur géographique.
Un majestueux Daibutsu en bronze
L’attraction principale du Joren-ji est sans aucun doute son grand Buddha Amida en bronze, d'une couleur noire patinée assez inhabituelle. Assis sur son piédestal de fleur de lotus sacrée, il s'élève à une hauteur de 13 mètres pour un poids estimé à 32 tonnes. Érigé en 1977, il a pour but de protéger la région contre d'importantes catastrophes, à l'image de celles du grand séisme du Kanto en 1923 puis des raids de bombardements aériens sur Tokyo en 1945.
Sa tête légèrement inclinée vers le sol donne l’impression qu’il regarde ses visiteurs, offrant une belle occasion pour un moment d’introspection et de méditation zen.
La visite du jardin continue ponctuée par différents pavillons, par exemple :
- un conteneur jokoro dans lequel on place une offrande d’encens ;
- un petit sanctuaire en l’honneur de la Grande Famine Tenpo (1833-1836) ;
- et le tombeau d’un célèbre explorateur japonais Naomi Uemura (1941-1984).
De plus, de nombreuses statues en pierre se cachent dans les fourrés. On reconnaît facilement les plus mignonnes à l'effigie de Jizo, protecteur des enfants et des voyageurs ainsi que la bande des Shichi Fukujin, les Sept Divinités du Bonheur au Japon. Par ailleurs, on trouve également, à droite du bâtiment principal Hondo, un bel étang avec ses carpes koi.
Joren-ji reste peu très peu fréquenté toute l’année, à l’exception de la floraison des cerisiers 🌸 début avril et du changement de couleur des feuilles à l'automne 🍁, qui font de ce lieu un agréable spot pour photographes amateurs. Le seul regret peut-être est de ne pas pouvoir visiter l’intérieur du temple, fermé au public.