Ancienne sous-station de l'usine Hitachi Aircraft de Tachikawa
La relique des bombardements de 1945 à l'ouest de Tokyo
L’Ancienne sous-station de l'usine Hitachi Aircraft de Tachikawa est un bâtiment préservé témoin de la Seconde Guerre mondiale, situé dans la ville de Higashi-Yamato, à l’ouest de Tokyo. Désigné Bien Culturel en 1995, il sert de lieu de mémoire et de transmission de l’Histoire auprès des jeunes générations.
L’Ancienne sous-station de l'usine Hitachi Aircraft de Tachikawa est un petit édifice de béton dans le parc Minami Koen de la ville de Higashi Yamato, une paisible cité-dortoir à l’ouest de Tokyo. Il s’agit d’un des rares vestiges de la Seconde Guerre mondiale au Japon, parfois présenté comme un pendant oriental du dôme de Genbaku à Hiroshima.
L’usine Hitachi de Tachikawa
Construite en 1938, la sous-station appartenait à une immense usine de production de moteurs d’avions militaires qu’elle alimentait en électricité, et dont elle est la seule trace aujourd’hui. Au plus fort de son activité en 1944, elle employait plus de 13.000 personnes.
Pendant la guerre du Pacifique (1931-1945), l’ouest de Tokyo abritait plusieurs usines à vocation militaire et, de ce fait, a subi de nombreux bombardements. L’usine Hitachi Aircraft de Tachikawa a d’ailleurs été touchée 3 fois en 1945 :
- le 17 février,
- le 19 avril,
- et le 24 avril, cette dernière attaque ayant détruit le site de production à 80 %.
Bien que criblée d’éclats d’obus, la structure en béton armé de la sous-station a résisté. Après la guerre, l’usine est reprise par une autre entreprise productrice de tuiles et de métiers à tisser, jusqu’en 2000. La sous-station est réutilisée telle quelle et produit de l’électricité jusqu’à sa fermeture en décembre 1993.
Transformation en mémorial de guerre
La ville de Higashi-Yamato, souhaitant réutiliser une partie du terrain de l’ancienne manufacture pour y installer un parc municipal, prévoit la destruction du transformateur. Toutefois, une association de citoyens et d’anciens ouvriers se mobilise afin de préserver l’édifice. Ainsi, le bâtiment est classé Bien Culturel municipal le 1er octobre 1995, comme témoin de la Seconde Guerre mondiale.
La sous-station a été rénovée à minima pour permettre l’accueil du public en sécurité, mais a préservé les stigmates des bombardements comme les murs traversés de part en part par les balles, laissant deviner la violence des attaques. Sa nouvelle vocation de monument pour la paix est signalée par une grande banderole déployée sur ses grilles clamant "No War" en anglais.
Un projet à la fois didactique et artistique
Le site fourmille de détails évocateurs de son passé : de gros câbles métalliques sont entassés sur les pelouses autour du bâtiment, elles-mêmes parsemées d’éléments d’installations industrielles, comme s’ils avaient été laissés en place après les bombardements.
En arrivant par le sud, on suit la trajectoire des bombardiers américains dont le tracé est matérialisé dans le sol, depuis un fin monument surmonté d’une hélice d’avion ✈️. Un large parvis décoré d’une mosaïque de pièces mécaniques s’ouvre devant le petit bâtiment. L’intérieur est divisé en 2 zones :
- le rez-de-chaussée aménagé en exposition pédagogique sur le site de l’usine, sa production entre 1938 et 1945 et les bombardements ;
- le premier étage, accessible accompagné(e) d’un guide, montre les installations électriques d’époque et une salle de repos pour les ouvriers.
Lors des jours d’ouverture, ce sont des volontaires qui assurent des visites guidées et l’on peut parcourir le rez-de-chaussée librement. Néanmoins, les explications sont données en japonais uniquement.
La violence de l’Histoire évoquée par le bâtiment crée un décalage avec la sérénité du parc public, animé par les jeux des enfants et le jardin de fleurs, qui l’entoure. Sa visite peut constituer une courte étape culturelle si l’on entreprend de se balader le long du canal Tamagawa Josui, et pourra plaire aux amateurs d’Histoire contemporaine ayant de solides notions en japonais.