Les 8 manga japonais de référence
Les meilleurs mangas de l'histoire
Poursuivons notre série d'articles sur les références de la culture populaire japonaise. Après les 10 films d’animation japonais indispensables et les 8 films japonais qu’il faut avoir vus, place aux manga papier. Ce genre japonais fondateur, dont les accents modernes remontent autour des années 1950, n'a été importé en France qu'à la fin des années 1980 / début des années 1990. Depuis, des centaines de séries ont été traduites, mais peu de titres ont laissé leur empreinte dans l'histoire (voir l'article Le marasme du soft power japonais). Nous avons donc choisi de vous présenter huit saga cultes de manga qui nous semblent avoir marqué le genre à tout jamais.
Nous avons limité la sélection suivante à une série par mangaka, même si parfois nous aurions eu envie d'en citer plus. Bien entendu, cette liste possède une part de subjectivité et n’a pas vocation à être absolue. Les manga qui suivent sont classés par ordre alphabétique.
20th Century Boys
Par Naoki Urasawa | 2000 - 2006 (22 volumes)
Traditionnellement, le genre seinen s'adresse plutôt aux adultes qu'aux adolescents. Mais les intrigues imaginées par Naoki Urasawa sont si passionnantes qu'elles ont su dépasser le cadre classique. En incorporant des éléments presque surnaturels à des intrigues bien ancrées dans le réel, le mangaka sait capter son lectorat sur des dizaines de chapitres. Sur la base de Monster et avant Pluto, avec un trait aussi précis sur les visages que détaillé dans les décors, Urasawa invente une histoire de vengeance teintée de mélancolie. Il parvient, par la force de ses mécanismes, à faire comprendre que le plus important n'est pas la réponse mais le cheminement pour y accéder et les leçons apprises au cours de celui-ci.
📚 Lire le manga 20th Century Boys
La vie de Bouddha
Par Osamu Tezuka | 1972 - 1983 (14 volumes)
Évidemment, il est impossible d'établir une liste des références du genre manga sans citer Osamu Tezuka (1928 - 1989), connu en tant que père du manga moderne, dès l'après seconde guerre mondiale. On le considère comme le premier à avoir sérialisé la diffusion, à avoir donné un aspect occidental à ses personnages (les fameux grands yeux des manga) et au découpage des cases, ou encore à avoir construit de longues sagas pas seulement divertissantes, mais également humanistes. Au sein de son œuvre prolixe, on aurait pu citer Astro Boy, le Roi Léo, Metropolis ou encore Black Jack, mais c'est Bouddha que nous avons choisi pour son caractère absolu et référence du manga. Il y a tout Tezuka dans cette biographie romancée, et le sommet de son art se savoure à travers huit gros volumes dans l'adaptation française.
📚 Lire le manga La vie de Bouddha
Card Captor Sakura
Par CLAMP | 1996 - 2000 (12 volumes)
Une des plus grandes qualités de Clamp, les quatre donzelles mangaka, est leur capacité à construire des manga à différents niveaux de lecture. On les connaît pour RG Veda, Tokyo Babylon, X, Magic Knight Rayearth, puis pour Chobits ou xxxHOLiC. Si nous avons sélectionné Card Captor, qui utilise ce même trait éthéré caractéristique, c'est pour son grand écart encore plus magistral que dans les autres séries du collectif. Sous la forme d'un manga shôjo de "magical girl" comme il en existe des dizaines, Sakura 🌸 cache une réflexion étonnante de justesse sur l'homosexualité ou encore les sentiments d'un enfant envers un adulte. Raison de plus pour apprécier cette œuvre définitivement à part dans le paysage, si l'on cherche à aller plus loin que sa superficie.
📚 Lire le manga Card Captor Sakura
Cat's Eye
Par Tsukasa Hôjô | 1981 - 1985 (18 volumes)
Cat's Eye est l'une des premières grandes séries de Tsukasa Hôjô, avant City Hunter (Nicky Larson) puis Family Compo ou Angel Heart. Écrivant déjà les lignes de ce qui sera le style de l'auteur, l'histoire met en scène un cadre classique sans pouvoirs spéciaux ou évènements surnaturels. La force de Cat's Eye s'appuie sur son intrigue passionnante dans un jeu du chat 🐈 et de la souris, somme toute très bon enfant. Mais la maîtrise de Hôjô sur la construction des personnages et le rythme sans cesse renouvelé ont capté l'attention des lecteurs, dans une ambiance très marquée par les années 1980. Le mangaka affinera son style au fur et à mesure de sa carrière, sans jamais trahir cette œuvre référencielle.
Dragon Ball
Par Akira Toriyama | 1984 - 1995 (42 volumes)
Presque trente ans après ses débuts, le monde entier ne parvient toujours pas à se remettre de la puissance narrative de Dragon Ball. On pourrait presque lui attribuer le titre d'inventeur du genre shônen, tant sa résonance a été mondiale. En France, il s'agit du premier véritable manga à avoir été localisé à grande échelle (Akira mis à part) par Glénat dès 1992. Sa popularité se mesure à l'échelle de 2012, où il est encore cinquième des ventes. Et si les États-Unis ont découvert Sangoku et ses amis sur le tard, ils ont relancé la machine avec une force hallucinante, conduisant à des dizaines d'adaptations sur consoles, jusqu'à un nouveau film, Battle of Gods, en 2013 ! Après Dr Slump, le succès retentissant de Dragon Ball sera si fort pour son auteur, Akira Toriyama (1955 - 2024), qu'exceptés quelques "one-shots" et du character-design pour le jeu vidéo 🎮, il prendra sa retraite au terme de la série. Certains reliront alors encore et toujours l'arc de "Sangoku petit", souvent plus fantasque, amusant, inventif et merveilleusement candide.
Evangelion
Par Yoshiyuki Sadamoto | 1995 - 2014 (14 volumes)
Evangelion apparaît dans cette liste car il prend un contrepied rare et intéressant dans le paysage manga. Alors que la planche à billet met en branle l'animé dès qu'un manga trouve son public, Eva a pris le chemin inverse. Catapulté au rang d'œuvre culte en seulement quelques épisodes, il fut décidé de l'adapter sur papier pour explorer de nouvelles pistes. Comme toute relecture d'Evangelion, dont les récents films ne font pas exception, ce manga suscite donc des débats interminables sur sa fidélité à l'œuvre originale. À noter que sa diffusion très lente, entamée en 1995, n'est toujours pas achevée alors que l'auteur n'a publié que treize volumes !
I''s
Par Masakazu Katsura | 1997 - 1999 (15 volumes)
Style un peu délaissé, la romance pure a pourtant de belles choses à dévoiler. Le rôle de Katsura, mangaka inévitable du genre, est particulièrement intéressant. L'homme aime les histoires de science-fiction, mais ne trouve pas son public. En le mêlant aux amourettes dans Video Girl Ai, il rencontre un fort succès. Son éditeur lui demande alors d'y aller franco et naît alors I' 's, série adulée par les adolescents et jeunes mâles nippons. Outre donner des clés de lecture intéressantes sur la société japonaise, elle parvient à retranscrire avec talent les difficultés et questionnements des lycéens au moment du passage à l'âge adulte. Signalons également l'acmé de la maîtrise du trait pour K2R, dont les planches atteignent des sommets de précision et d'esthétisme, virant parfois dans le ecchi sans trahir une grande pureté.
One Piece
Par Eiichirô Oda | 1997 - en cours (~100 volumes)
Certes, cela nous fait deux shônen dans la liste, mais il est illusoire de penser que One Piece ne marquera pas autant l'histoire du manga que Dragon Ball. Véritable phénomène de société au Japon, le mangaka millionnaire parvient à conjuguer des contraintes de rythme et de styles évidentes avec une inventivité incroyable. Le schéma de narration permet d'imaginer un nouvel univers à chaque île rencontrée par l'équipage, et la galerie de personnages créée renouvelle à chaque fois l'intérêt. Pour ne rien gâter, One Piece est bourré d'humour et de grains de folie délirants. Par sa maîtrise de bout en bout, Luffy et son équipage se posent en dignes héritiers des aventures de Sangoku. Aimer le manga, à fortiori le shônen, sans lire One Piece est une hérésie !
Et les autres ?
Une des remarques les plus évidentes auxquelles nous nous exposons avec cet article est l'absence de Naruto dans notre sélection. Pour vous livrer notre avis sur cette question, nous aurions probablement cité cette série adorée en occident si Masashi Kishimoto l'avait arrêtée avant la quatrième grande guerre ninja. Depuis le 55è volume (chapitre 515), Naruto semble s'être enfermé dans une resucée facile de ses anciennes gloires au sein d'un gloubiboulga de plus en plus soporifique qui semble déplaire même à l'auteur. Avec deux shônen aussi marquants dans notre sélection, Naruto a donc cédé sa place assez naturellement à notre goût.