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Surpoids au Japon : entre discrimination et marshmallow

Japonaises grosses ou obèses

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Il n'aura échappé à personne que les montées de tous types de discriminations ne se limitent pas seulement à l'origine ethnique ou l'obédience religieuse. À tel point que des voix s'élèvent pour dénoncer ce qu'elles appellent le racisme anti-gros ou "grossophobie". Rapportés à l'Indice de Masse Corporelle (exprimé en kg/m² et qui se calcule en divisant le poids par le carré de la taille), on parle de surpoids pour un IMC supérieur ou égal à 25, puis d'obésité pour un IMC supérieur ou égal à 30.

Selon les derniers chiffres officiels de l'OMS en 2008, le surpoids concernait 1,4 milliards de personnes de vingt ans et plus. Parmi elles, un demi-milliard d'obèses dont environ 60% de femmes. Le nombre de cas d'obésité a doublé entre 1980 et 2008, d'où 35% d'adultes en surpoids et 11% d'obèses à l'échelle mondiale. Difficile d'obtenir des statistiques pertinentes par pays, mais le Japon fait vraisemblablement partie des pays les moins touchés.

À cela, et malgré l'absence de données précises, plusieurs raisons probables à commencer par l'alimentation japonaise. Relativement saine car globalement peu calorique et pauvre en graisses, elle repose notamment sur une consommation de viande moins boulimique, jusqu'au régime traditionnel d'Okinawa (et McDonald's n'a qu'à bien se tenir !). Si le métabolisme nippon joue possiblement un rôle dans l'élimination, il faut souligner également l'importance de l'exercice physique dans l'éducation des petits Japonais qui, jusqu'à l'âge adulte, s'investissent souvent avec beaucoup d'abnégation dans une ou plusieurs activités sportives.

Cette présence toute relative des ronds au sein de la population japonaise, dans un pays qui peut juger la différence comme un manque de savoir-vivre, conduit en revanche à une discrimination peut-être plus forte encore qu'ailleurs. Au Japon, un(e) gross(e) se fait alors traiter de デブ debu ou ぽっちゃり pocchari. Une émission diffusée sur TV Tokyo entre 2000 et 2008 (Ganso! Debuya) mettait même en scène uniquement des ronds, conduisant à la création d'un nouveau mot dans le vocabulaire japonais : デブタレ(ント) debutare(nto), les "artistes gros". Et ça n'a pas manqué, un groupe d'idol intitulé Chubbiness (Avex) surfe sur la vague.

Note d'août 2014 -- le groupe Chubbiness a sorti son premier clip vidéo :

Note de janvier 2015 -- Un nouveau groupe, Pottya, vient de faire son apparition sur le même concept :

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Un montage photo dont l'origine est difficile à tracer se retrouve régulièrement sur les forums ou réseaux sociaux nippons, cherche à classer les types de femmes japonaises en fonction de leur pourcentage supposé de graisse :

Dans de nombreux autres pays, le curseur n'est certainement pas le même !

Il y a quelques jours, ce tweet a fait le buzz en présentant une capture d'un magazine féminin japonais, parlant des femmes rondes comme de マシュマロ女子 "filles marshmallow".

L'expression, globalement jugée comme moins agressive et plus amusante à l'égard des femmes en surpoids, va-t-elle perdurer ?

Mis à jour le 28 septembre 2015 - Overweight in Japan