Musée Miho
L'art dans la campagne d'Otsu
Le Musée Miho est niché dans les montagnes de Shigaraki dans la ville de Koka, au sud-est d'Otsu et à environ une heure de Kyoto. Conçue par l'architecte sino-américain I.M. Pei, cette galerie d'art abrite une très belle collection d’œuvres venant des quatre coins du monde, dans un style très contemporain.
Le musée Miho fut construit en 1997 à l’initiative de Mihoko Koyama (1910-2003), co-fondatrice dans les années '70 d’un nouveau mouvement religieux au Japon baptisé Shinji Shumeikai ou Shumei. Depuis le musée, on peut d’ailleurs en apercevoir le siège et son clocher érigés dans les alentours. Cette religion messianique repose sur trois piliers : la nature, la beauté et la lumière, exprimés dans l’architecture du musée.
Une architecture contemporaine en harmonie avec la nature
C’est le célèbre architecte sino-américain I.M. Pei (1917-2019), à qui l'on doit notamment la Pyramide du Louvre et le bâtiment est de la National Gallery de Washington, qui en a conçu les plans : l’édifice est bâti à 80% sous terre afin de s’intégrer à la nature environnante. Vu du ciel, le musée semble en effet se fondre dans la forêt qui l'entoure et est presque invisible. La forme du toit est inspirée de l'architecture japonaise alors que l'intérieur plus moderne offre de grandes baies vitrées permettant à la lumière naturelle d'éclairer le musée.
Le visiteur a ainsi une vue panoramique sur la nature dans laquelle est niché le musée. La surface totale du site est de 200 hectares, répartis entre les deux espaces du Pavillon d'accueil et le bâtiment du musée proprement dit.
L’utopique jardin d'Éden de la vallée perdue
L’agencement global du musée est inspiré par un conte célèbre dans toute l’Asie, La Source aux fleurs de pêchers (Tao yuan ji ou Togenkyo 桃源郷 en japonais) tiré d’un poème de Tao Yuanming (365-427). En remontant une rivière, un pêcheur découvre une forêt composée uniquement de pêchers en fleurs près d'une colline. Intrigué, il l’explore jusqu’à trouver la source de la rivière. Attiré par une lumière, il entre dans une grotte qu’il traverse : d’abord très étroite, celle-ci finit par s’ouvrir sur un magnifique paysage de collines verdoyantes et de petits ruisseaux, où des habitants heureux cultivent leurs champs en totale harmonie avec la nature et à l'abri du monde extérieur. Ce paradis caché évoque le légendaire Shangri-La, un lieu merveilleux où le temps est suspendu dans une atmosphère de paix et de tranquillité.
Contrairement à l’histoire où le paradis reste inaccessible car plus personne n’en a jamais retrouvé le chemin, le visiteur, le temps de quelques heures, se fait pêcheur et emprunte son parcours. À la sortie du Pavillon d'accueil, une allée bordée de cerisiers 🌸 japonais guide jusqu’à un tunnel creusé sous la montagne et débouche sur le musée qui se déploie comme une œuvre d'art.
Le musée comme paradis de l'art...
Convaincue que la beauté et l’art sont bénéfiques à l’âme, Mihoko Koyama a rassemblé une collection d’environ 3.000 œuvres et objets d’art, principalement asiatiques, dont 250 à 500 sont exposés aux visiteurs, avec pour fil rouge le thème de l’ancienne route de la soie. La muséographie dépouillée et les jeux d’éclairage, entre pénombre et lumière naturelle, plongent le visiteur dans une atmosphère hors du temps.
Les espaces d’exposition sont répartis sur 3 niveaux, que l’on peut visiter librement :
- au rez-de-chaussée se trouve l’entrée principale, ainsi que la salle consacrée à l’Egypte ancienne ;
- au sous-sol de l’aile sud se trouve le reste de la collection permanente et l’espace d’exposition le plus vaste présentant des œuvres d’Asie centrale et du sud (de l’Inde en particulier), de Chine, de la Perse et de la Grèce et de la Rome antiques ;
- l’aile nord est dédiée aux expositions temporaires, souvent consacrées à des artistes contemporains. On y trouve également un jardin zen japonais.
L'audio-guide en anglais donne des explications très complètes sur la majorité des œuvres et est disponible à la location.
...équipé de toutes les commodités modernes
Naturellement, il est possible de se restaurer dans le salon de thé du musée (bondé en général), qui dispose aussi d’une salle de conférence et d’une salle de documentation audiovisuelle.
Au Pavillon d’accueil se trouvent un petit restaurant ainsi qu’une des trois boutiques du musée. Une navette électrique d’une dizaine de places circule régulièrement entre le musée et le Pavillon d’accueil.
Le musée Miho ravira les amateurs d’architecture contemporaine, car la créativité de son concepteur a pu s’exprimer en toute liberté, associant les avancées technologiques aux influences de l’architecture japonaise traditionnelle et aux idéaux de sa commanditaire. Il en résulte une atmosphère intemporelle et solennelle, renforcée par le jeu de la lumière naturelle sur une composition de pierres aux teintes chaleureuses et d'angles droits contrastant avec l’omniprésence de la nature foisonnante.
À noter que le musée est susceptible de fermer sans préavis en cas de typhon 🌀, et que ses portes sont closes plusieurs mois dans l’année, en particulier en hiver.