Otagi Nenbutsu-ji
Le curieux bataillon de 1.200 statues Rakan
Otagi-Nenbutsu-ji est un temple de la branche Tendai du bouddhisme japonais situé au pied du Mont Atago, dans les montagnes d'Arashiyama à l’ouest de Kyoto. Le temple est réputé pour ses 1.200 statues de Rakan (disciples de Bouddha) réalisées par des amateurs de tout le Japon, lors de la rénovation du temple dans les années 1980 et sous le savoir-faire du moine et sculpteur Kocho Nishimura.
Fondé en 766 par l’impératrice Shotoku, Otagi-Nenbutsu-ji se trouvait à l'origine plus près du centre-ville kyotoïte, dans le quartier est de Higashiyama. Endommagé lors d’une inondation causée par la rivière Kamogawa, le temple est ensuite reconstruit à l’initiative du prêtre Senkan Naigu au Xe siècle. En 1922, il est déplacé sur son lieu actuel afin de préserver des éléments naturels son pavillon central dédié à la divinité Senju-Kannon aux mille bras.
De magnifiques paysages rougeoyants en automne
À une vingtaine de minutes à pied du cœur touristique d’Arashiyama et de sa célèbre bambouseraie, Otagi-Nenbutsu-ji reste encore épargné du tourisme de masse. Non loin d'Adashino-Nenbutsu-ji, son alter-ego, il faut continuer la balade et s'enfoncer dans les ruelles résidentielles typiques pour découvrir un cadre hors du temps. Les maisons qui bordent la montée de Saga-Toriimoto sont en effet toutes construites de façon traditionnelle avec, pour certaines, une toiture en chaume. Au pic de l'automne, vers la mi-novembre, le quartier s'embellit avec ses majestueux érables 🍁 qui resplendissent de couleurs chaudes. La moindre section de route devient un spot pour les amateurs de photographie japonaise.
Une fois arrivés en face d’un grand torii ⛩️ rouge, il faut bifurquer à droite pour déboucher sur l'entrée du temple gardée par deux gardiens Nyo. Toujours pour des questions de conservation, il ne s’agit là que de reproductions ; les originaux étant actuellement exposés au Musée national de Kyoto.
Une armée de Rakan aux visages souriants
Les deux premières rangées de Rakan rieurs se dévoilent peu après avoir traversé le premier bâtiment. La mousse et le lichen qui recouvrent les statues donnent l'impression de contempler des œuvres d'un autre âge. Cependant, on se rend vite compte en apercevant un moine guitariste ou un autre avec des lunettes de soleil aviator que ces dernières sont finalement bien ancrées dans notre époque.
La suite de la visite se poursuit par une petite montée avec, en haut d'un escalier, trois cloches aux sonorités distinctes qu'il est possible de faire tinter pour apprécier leur son mystique. Le hall central se dévoile entouré également de sa petite armée inoffensive. La plupart de ces statuettes bouddhiques se trouvent d'ailleurs à cet endroit. Un peu plus loin sur la gauche, on remarque une autre petite bâtisse dédiée à la divinité Fureai-Kannon, le Bodhisattva de l’amour.
La quiétude des lieux invite à la flânerie et permet aux visiteurs de prendre le temps de sympathiser avec ces nouveaux amis de pierres. On se plaît à regarder les mises en scène, où certains sont en train de boire entre amis quand d'autres saluent les passants. Parmi la foule, on distingue un mélomane équipé d'un bon vieux Walkman à cassettes. Plus de doute possible pour les nostalgiques : le retour vers le passé des années 1980 est en marche au temple Otagi Nenbutsu-ji.