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Nihonjin no Shiranai Nihongo (drama)

Le japonais que ne connaissent pas les Japonais

⏱ 3 minutes

Ça faisait un petit moment que je n'avais pas regardé de drama japonais. Le dernier en date, 1 Litre no Namida, ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable et à part quelques bijoux (Nodame Cantabile, Orange Days, My Boss my Hero), il faut avouer que le j-drama a tendance à souvent tourner en rond. Mais j'ai retenté l'expérience avec le récent Nihonjin no Shiranai Nihongo (diffusé cet été) qui m'avait l'air amusant et intéressant. Tanoshii, quoi.

Nihonjin no Shiranai Nihongo signifie "le japonais inconnu des Japonais". A l'origine, il s'agit d'un manga en 2 tomes sorti début 2009 qui s'était plutôt correctement vendu. Celui-ci, ainsi que cette adaptation en drama, suivent les aventures d'une jeune modeuse de Tokyo qui, à travers son rêve de devenir prof de japonais, se retrouve un peu parachutée à l'enseigner à des étrangers.

Naka Riisa n'est pas spécialement belle (au contraire de "Katori Catherine" Harada Natsuki) mais bien arrangée. Elle a le style d'une jeune shibuyette et son jeu est amusant, plein de mimiques caractéristiques. C'est elle qui doublait Makoto dans La Traversée du Temps. Par contre l'interprétation des étudiants étrangers est souvent à pleurer, très accentuée dans les caractères, et leur niveau disparate en japonais n'aide vraiment pas à en crédibiliser certains.

Sa brochette de 9 expatriés au Japon, donc, a globalement un niveau de conversation courante mais va chercher à aller plus dans le détail, sur les particularismes, la terminologie, les irréguliers, les kanji ou l'histoire de la langue. Et, catégorisation japonaise oblige, chacun ira de son domaine précis : cuisine / service, ninja, anime otaku, business, etc.

D'ailleurs, v'là la belle brochette de gaikokujin boulets écrits par les scénaristes ; ils ont tous, ou presque, au moins quelque chose de "spécial". Ça fera marrer les Japonais, comme la fixette de certains étrangers sur des concepts français qu'on n'aurait pas autant poussés. Enfin, c'est bien la première fois que je vois une personne noire dans un drama japonais...

Mais derrière cette apparente légèreté, Nihonjin no Shiranai Nihongo aborde des problèmes de fond très intéressants :

  • l'absence de franchise dans certaines réponses formulées en japonais, source d'incompréhensions
  • l'intérêt stérile porté aux gaijin par certaines Japonaises (intérêt purement plastique - voir l'article sur les couples franco-japonais)
  • les différences de niveaux de langage et leur utilisation selon le rang social, le sexe ou la position professionnelle
  • une certaine xénophobie également, la crainte ou une méfiance historique vis-à-vis des étrangers
  • la distinction des nombreux homophones et leur rapport aux kanji, autour desquels le drama ne se prive pas de nombreux jeux de mots
  • etc.

Alors évidemment, Nihonjin no Shiranai Nihongo s'adresse en priorité à ceux qui connaissent un peu de japonais. Si ce n'est pas le cas, vous perdrez beaucoup de nuance et sans doute un bonne partie du fun et de l'intérêt de ce drama. Et pour mettre les choses au clair de suite, il commence direct avec les particularités du système de comptage japonais...

Certaines séquences m'ont d'ailleurs rappelé la première année de japonais à l'université, avec son lot de boulets qui viennent (essayer d')apprendre la langue uniquement pour se trouver une copine japonaise, ou lire dans le texte Dragon Ball à l'époque (aujourd'hui ce serait plutôt Naruto ou One Piece).

Et pour ne rien gâter, le drama se découpe en 12 épisodes de 30 minutes, un format plus court et plus agréable. J'ai passé un bon moment devant Nihonjin no Shiranai Nihongo et c'est donc un drama que je conseille à qui s'intéresse à la société japonaise, avec déjà quelques notions de langue.

Mis à jour le 05 avril 2015 -