Musée d'Artisanat folklorique japonais
Les maisons du Mingei au nord de Meguro
Le Musée d'Artisanat folklorique japonais ou Mingeikan en japonais se situe au nord de l'arrondissement de Meguro, à la frontière de celui de Shibuya, à l'ouest de Tokyo. Constitué de 2 maisons traditionnelles, il est consacré à l’artisanat populaire tel que l’a défini Soetsu Yanagi dans les années 1930.
Le Musée d’artisanat folklorique japonais, ou Mingeikan, est un petit musée situé entre 2 campus universitaires dans un quartier résidentiel tranquille de Meguro, à quelques encablures du quartier hipster de Shimokitazawa et à 2 stations de Shibuya sur la ligne Keio Inokashira.
Il a ouvert le 24 octobre 1936, établi par Soetsu (ou Muneyoshi) Yanagi (1889 - 1961), écrivain, penseur et esthète japonais, avec l’aide du mécène Magosaburo Ohara, qui a également fondé le Musée d’Art Ohara à Kurashiki.
Le mouvement Mingei
Mingei (民芸) signifie "artisanat du peuple" et a été théorisé par Yanagi, qui était passionné de céramique coréenne. Yanagi y découvre une beauté présente dans les objets du quotidien populaire créés par des artisans anonymes. Dans le même esprit que le mouvement Arts & Crafts (années 1880 - 1910) en Grande Bretagne, le mouvement Mingei, fondé en 1926, vise à réhabiliter le travail manuel et les particularités locales face à l’industrialisation, la production en série et un art élitiste.
Le champ d’étude de Yanagi et des artistes-artisans de son entourage comprend la céramique et l’artisanat populaire du Japon, incluant ceux d’Okinawa et des Aïnous, ainsi que ceux d’une partie de l’Asie sur une aire géographique correspondant à l’extension du Japon impérial du début du XXe siècle.

Un musée ethnographique à Meguro
L’actuel Mingeikan se compose de 2 bâtiments qui ont préservé une atmosphère authentique et des meubles et aménagements d’époque :
- Honkan, le pavillon principal, abrite la collection permanente. Construit en 1935 d’après les dessins de Soetsu Yanagi, il présente un style hybride associant architecture traditionnelle et occidentale. Il compte une 10aine de salles réparties sur 2 étages, autour d’un grand escalier de bois. Le second étage est complété d’une grande salle d’exposition reconstruite en 1982 ;
- Saikan, le bâtiment occidental, en face dans la rue Komaba-dori, occupe l’ancienne résidence de la famille Yanagi (utilisée comme telle de 1935 à 1965). Son architecture particulière date de l’époque Edo : il s’agit d’un type de logement de résidence de seigneur daimyo, appelé nagayamon, au toit couvert de pierre, qui a été transporté à son emplacement actuel depuis la préfecture de Tochigi. Cet espace d’exposition n’ouvre que 4 jours par mois.
Les 2 édifices, ainsi que le portail de pierre donnant sur la rue, ont été classés Biens culturels importants de la préfecture de Tokyo en 2021.

Artisans anonymes et artistes Mingei
Après s’être déchaussés et avoir revêtu les chaussons prêtés à l’entrée du Honkan, les visiteurs peuvent découvrir les objets artisanaux collectés par Yanagi et les tenants du mouvement Mingei :
- des céramiques ;
- des textiles et vêtements traditionnels ;
- des laques ;
- des sculptures en bois ou en bambou.
La collection présente des objets du quotidien façonnés par des artisans principalement japonais et coréens, ainsi que des dessins et des sculptures bouddhiques, qui sont mis en valeur dans un intérieur épuré, aux murs clairs délimités par des piliers et poutres de bois foncé.
Les expositions temporaires organisées dans le Saikan montrent par roulement les œuvres de la collection du musée, produites par des artistes-artisans se revendiquant du Mingei et proches de Yanagi : les potiers Bernard Leach et Kanjiro Kawai, le styliste Keisuke Serizawa ou encore du graveur-illustrateur Shiko Munakata.
À noter que les photos sont interdites dans l’ensemble du musée, à part pour une poignée d’œuvres clairement désignées. De plus, bien que le bâtiment occidental n’ouvre que quelques jours par mois, le tarif reste le même que l’intégralité du musée soit accessible ou non.
Le Musée d'Artisanat folklorique japonais s’adresse avant tout aux connaisseurs de l’art japonais et aux amateurs d’Histoire, mais il peut aussi convenir à ceux qui cherchent une visite tranquille dans un environnement plus raffiné et à s’éloigner de l’agitation de la mégapole. Il pourra alors se combiner avec l’exploration du Parc Komaba adjacent, de l’ancien manoir aristocratique du Marquis Maeda et du musée de la littérature japonaise moderne.