Senso-ji (Tokyo), touristes devant la lanterne de la grande porte

Depuis mars 2022, le Japon accepte déjà des touristes étrangers sans oser le dire

⏱ 6 minutes

Notre titre est volontairement provocateur, mais il a pour but de mettre en lumière une certaine incohérence dans le système actuel d'autorisation des visas au Japon, qui rend en réalité déjà possible le tourisme international au Japon pour quelques catégories de personnes particulières. Certains porteurs de visas qui voyagent au Japon depuis le 1er mars sont ainsi des touristes qui ne disent pas leur nom, et ils auraient tort de ne pas en profiter.

Rappelons qu'après 2 ans d'une attente inique, depuis le 1er mars 2022, tout le monde peut entrer au Japon avec un visa, donc à l'exception des touristes. Cette relaxe concerne ainsi notamment :

  • les étudiants, sans doute la catégorie la plus pénalisée par ce long ostracisme ;
  • les professionnels, dont la mise à l'écart a vraisemblablement causé beaucoup de mal au business nippon ;
  • et les visas famille, en particulier les beaux-parents de Japonais, et surtout les grands-parents de bébés half nés peu avant ou depuis l'arrivée du Corona.

✈️ Le retour des arrivées de visas "en masse"

Dans les faits, comme l'avait promis le gouvernement japonais, l'obtention de ces visas est simple et rapide (une fois n'est pas coutume). Résultat : en mars, il n'y a jamais eu autant d'entrées sur le territoire japonais que depuis 2 ans. Certes, avec 82.000 arrivées ce mois-là dont près de 30.000 étudiants, on était très loin des 2,8 millions entrés en mars 2019, mais cela reste bien plus que le précédent record de cette pandémie : les à peine 59.000 atteints pendant la courte fenêtre de fin 2020, encore supérieurs aux 51.000 de juillet 2021, mois des tristes Jeux Olympiques 🏅 sous cloche.

Si l'écrasante majorité des voyageurs (en volume) ne peut donc entrer au Japon, ils sont pourtant encore, sur le papier, la seule typologie de visiteurs à rester interdits d'accès à l'archipel. C'est d'ailleurs ce qui ulcère les couples non-mariés, considérés par le gouvernement japonais comme de tels touristes, et qui ne peuvent toujours pas (en grande majorité) se retrouver au Japon après 2 ans de séparation forcée. Car même les PVT (visas vacances-travail) ont, eux, l'autorisation de poser leurs valises au Japon pour un an, au simple prérequis qu'une entreprise les sponsorise, une condition certes a priori peu évidente à remplir pour eux.

Aux touristes, on prédit encore entre quelques semaines et quelques mois de patience, suivant notre analyse et nos dernières prédictions corollaires :

🛃 Le visa "temporary visitor - 90 days" est de nouveau délivré !

Mais revenons-en à nos visas. Pour les étudiants et professionnels, peu de choses ont varié depuis la période pré-Covid, et nous allons y revenir dans la prochaine partie de l'article.

Nous aimerions ici nous focaliser plutôt sur les familles. Le profil de celles et ceux qui en profitent actuellement semble d'ailleurs proche pour une bonne partie de cette catégorie : des grands-parents s'approchant de la retraite ou récemment libérés de leurs obligations professionnelles, dont le fils ou la fille est marié(e) avec un ressortissant japonais, et dont ce couple a plus ou moins récemment eu un petit-enfant qu'ils n'ont pas vu depuis 2 ans, voire depuis sa naissance.

Ce dernier point vient d'une raison toute simple : compte tenu du fait que non seulement le droit japonais autorise peu de congés annuels (et qu'il est mal vu de tous les prendre, a fortiori pour une durée qui dépasse les quelques jours), mais qu'en plus il reste à suivre une quarantaine de quelques jours à domicile au retour, dans la plupart des cas il est quasiment impossible moralement pour un résident au Japon de retourner voir sa famille dans son pays natal.

Sur ces visas famille délivrés depuis début mars pour entrer au Japon, alors, il y a quelque chose de fascinant et presque irréel à contempler au niveau des 2 mentions suivantes :

  • For stay(s) of : 90 days (parfois moins)
  • Category : (V) as temporary visitor

Cela ne vous rappelle rien ? Bingo : il s'agit de la catégorie et de la durée réservées à la dispense de visa que constituait l'accord bilatéral utilisé par le simple passeport avant l'arrivée du Covid-19 🦠.

Si ces familles ont évidemment une (très) bonne raison de venir, et on les comprend tout à fait compte tenu de la patience dont ils ont fait preuve depuis mars 2020, le tourisme reste bien entendu une 2ème motivation, aussi bien qu'une prérogative importante.
Comble du pied de nez : ils ont même droit au sacro-saint Japan Rail Pass, c'est dire si rien ne les empêche légalement de se promener au Japon avec leur autorisation obtenue en bonne et due forme !

À noter que certains demandeurs de visas business se sont d'ailleurs retrouvés avec ce statut de "visiteur temporaire", sans explication... Les consulats du Japon inciteraient-ils au tourisme ?

🎖 Une "élite" à laquelle tout le monde peut facilement accéder

Tou(te)s les porteurs(ses) de ces visas délivrés ont un point commun : une attache au Japon...

  • soit ils ont la chance de profiter d'un résident japonais dans leur belle-famille ;
  • soit une entreprise sponsorise leur visa (parfois de complaisance, ne nous en cachons pas) ;
  • soit ils sont admis pour des études sur le territoire nippon ;
  • (soit Kanye West !).

À lire cette liste, on les considérerait presque comme une élite de fait. Sauf qu'en réalité, il est tout à fait possible d'en quelque sorte "acheter" un semblant de visa touriste même si l'on n'a pas la chance d'être classé(e) parmi ces 3 catégories : il suffit en effet de payer une école privée au Japon pour s'inscrire à une session étudiante pendant quelques mois. Vous joindrez ainsi l'utile à l'agréable : apprendre les bases de la langue de Musashi, si possible seulement le matin, et découvrir les innombrables et fascinants lieux touristiques de la ville chaque après-midi (voire plus loin sur l'archipel chaque week-end).

Il est donc possible de visiter le Japon actuellement comme un(e) privilégié(e), alors même que peu d'étrangers fouleront encore le sol japonais dans les prochaines semaines. D'autant qu'avec près de 20 mois de disette dans les pattes, vous imaginez bien que les écoles de langues ne font pas la fine bouche ces temps-ci !

Pour viser des établissements de confiance, nous citons 2 exemples concrets dans notre article dédié :

Que l'on soit bien clairs : Kanpai n'incite certainement pas à tricher avec les visas ou à les détourner de leur sens premier, bien au contraire ; cela pourrait d'ailleurs se retourner contre vous en cas d'abus non autorisé. Il s'agit simplement pour nous de pointer des incohérences — mais ce ne serait pas la première en temps de Covid ! Celles-ci permettent en effet de voyager au Japon presque comme un touriste, quand bien même cette catégorie de visiteurs ne serait pas encore ré-autorisée dans la narration gouvernementale.

Si vous n'avez pas la possibilité d'activer l'un de ces leviers et/ou que vous préférez attendre patiemment la réouverture des vannes en grand, n'oubliez pas de vous inscrire à notre newsletter gratuite pour être tenu(e) informé(e) le jour-même de l'annonce officielle pour le tourisme international au Japon :

Mis à jour le 24 juin 2022 - Japan has Stealthily Reopened Borders to Tourists Since March 2022