Shikoku Mura
Le concentré de Shikoku à Takamatsu
Shikoku Mura est un village architectural situé au pied du Mont Yashima, à l’est de la ville de Takamatsu dans la préfecture de Kagawa. Une 30aine de maisons rurales traditionnelles, anciennes fermes et ateliers ont été transférés et restaurés pour constituer ce musée en plein-air, au cœur de la forêt. L’ensemble est complété par une galerie d’art créée par Tadao Ando en 2002.
Le parc de Shikoku Mura offre un condensé de l’architecture de l’île de Shikoku et de la préfecture de Hyogo sur une surface d’environ 50.000m², à flanc de montagne dans un paysage boisé escarpé. L’architecture traditionnelle japonaise de pierre et de bois est ici savamment associée à l’architecture contemporaine brutaliste pour produire une impression de sophistication naturelle.
Dernière adjonction conçue par l’architecte Yoshiyuki Kawazoe en 2022, "Oyane san" est un bâtiment de béton et de bois couvert d’un toit de tuiles aux douces ondulations, abritant notamment la billetterie et l’entrée du musée. À ses pieds se trouve Waraya, une ancienne maison traditionnelle de l’époque d’Edo couverte d’un toit de chaume, transférée ici en 1975 depuis la vallée d’Iya pour y ouvrir un restaurant de udon par le fondateur du musée Tatsuo Kato. À cette occasion, celui-ci se prend de passion pour les édifices anciens, avec une affection particulière pour les toits de chaume, et il entreprend de reconstruire au pied du Mont Yashima des maisons anciennes collectées dans toute l’île de Shikoku et jusqu’à Kobe. C’est ainsi qu’il inaugure le Shikoku Mura Museum en 1976 avec déjà 16 édifices reconstruits.
Hommage à l’histoire et aux industries régionales
Tous les édifices présentés, maisons d’habitation, moulin, brasserie ou phare, ont eu une première vie à leur emplacement d’origine dont on peut encore deviner les traces. Ils sont savamment disposés dans un environnement forestier, entre bambous et arbres feuillus, le long d’un parcours de chemins escarpés de pierre, de terre et de marches de bois parfois glissantes.
Les différentes zones ainsi créées rendent hommage aux industries du nord de Shikoku actives entre le XVIIe et le début du XXe siècle :
- La fabrication de sucre de canne, utilisé notamment dans les bonbons wasanbon ;
- la fabrication de la sauce soja shoyu ;
- ou encore la fabrication du papier japonais washi.
On peut entrer dans les édifices et observer leur agencement intérieur, ainsi que des outils anciens. Parmi les bâtiments reconstitués, on peut notamment admirer :
- le pont de liane Kazurabashi de la vallée d’Iya ;
- le théâtre kabuki de Shodoshima ;
- des maisons de terre ;
- des entrepôts, des ateliers ;
- et un pavillon de thé en provenance de Ehime.
Esprit artistique et galerie d’art conçue par Tadao Ando
Le site continue de s’enrichir au fil des années ; la zone des phares d’Okunoshima est ainsi ajoutée en 1998. Puis en 2002, les hauteurs du parc accueillent la Shikoku Mura Gallery, un édifice de béton brut portant la marque de son architecte Tadao Ando. Ce dernier a également conçu le jardin paysager aquatique en escalier en contrebas de la galerie, dans le même esprit que celui d'Awaji Yumebutai. Sa roseraie est particulièrement intéressante en mai. La galerie elle-même reçoit des expositions temporaires présentant des œuvres d’art du monde entier et de toutes époques, dans l’esprit de la collection d’art initiée par Tatsuo Kato. Sa terrasse ouvre sur une vue panoramique de la plaine de Sanuki (ancien nom de la région).
Depuis 2019, Shikoku Mura fait partie des sites affiliés à la Triennale de Setouchi et l’on découvre ainsi quelques installations d’art contemporain au gré de la balade dans le parc. Aujourd’hui, le site compte 33 édifices dont 4 sont classés Biens Culturels Importants.
Un parcours exigeant
Le village rural est intégré dans un environnement verdoyant ponctué de cascades pour proposer aux visiteurs contemporains un moment à la fois éducatif et relaxant. Le site dispose également d’un audioguide gratuit en français sous forme d’appli à télécharger. Attention cependant où vous mettez les pieds ! Malgré son entretien impeccable, le parcours peut se montrer difficile en raison d’un sol pentu, souvent inégal ou glissant, il est donc recommandé d’être bien chaussés. De plus, il n’est pas impossible de rencontrer des animaux sauvages tels que sangliers, serpents ou autres guêpes suzumebachi, même si les plus ennuyeux seront certainement les moustiques en été.
La visite se termine par un retour au bâtiment Oyane san et la sortie s’effectue par la boutique du musée. Le restaurant de udon Waraya et le café Wasa House accueillent les visiteurs pendant les heures d’ouverture du musée pour compléter l'expérience immersive et reprendre des forces avant de continuer l’exploration de Yashima.