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Michiko to Hatchin

⏱ 3 minutes

Quand on parle d’animé au format traditionnel (26 épisodes d’une vingtaine de minutes), peu de séries arrivent à sortir du lot et offrir une expérience vraiment particulière. Des titres reviennent de manière récurrente depuis pas mal d’années, parmi lesquels Evangelion évidemment, Utena ou encore Jungle wa Itsumo Car l’exercice est difficile et beaucoup lui préfèrent un format plus court, que ce soit en une poignée d’épisodes (FLCL), 13 au maximum (Abenobashi), en court-métrage / OAV (les Shinkai comme Hoshi no Koe) ou tout simplement en films (vous imaginez un Ghibli en animé ?). Pourtant, un homme se range à côté de ceux qui ont passé brillamment le test : Shin’ichirô Watanabe et ses merveilles : Cowboy Bebop et Samurai Champloo.

Je vous vois venir, donc je préfère ne pas lever les espérances pour rien : Michiko to Hatchin n’est pas son troisième chef-d’œuvre attendu. Du moins, Watanabe n’en est ni réalisateur, ni producteur. Juste le responsable musical… « juste », un terme finalement réducteur pour son investissement dans cette série. Car l’animé est construit comme un road-trip mélo-comico-dramatique presque entièrement dédié à sa bande-son. Et puis Watanabe n’est pas la seule tête dans l’aventure ; il est entouré de ses potes de Manglobe, le studio créé avec Samurai Champloo justement (je n’ose utiliser « pour ») et de Sayo Yamamoto, directrice sur ce même animé et sur Ergo Proxy. Une belle équipe quand même, hein ?

Michiko to Hatchin reste dans un monde fantasmé. Après le space opéra de CBBB, après le féodal hip-hop de Champloo, bienvenue aux favelas sexy 🔞 d’un Brésil japanophile. Où Michiko Malandro s’échappe de prison, récupère sa fille Hatchin (jusqu’alors coincée en Cosette des Misérables) et cherchent ensemble leur tête manquante, amant et papa wannabe, Hiroshi. Toute l’histoire n’est qu’un prétexte au service de petits plats visuels, au bon son déluré, à l’animation stylée, à une direction artistique créative dans son ensemble. On se laisse porter dans cette suite de séquences sans réel intérêt autre que de bouffer de la tranche de vie sans crainte du lendemain, avec un fil rouge qui s’amenuise et se revigore par étapes, comme on nous a bien éduqués avec les 2 animés précédents.

En plus de ça, le travail d’interprétation est une énorme réussite. Yoko Maki double Michiko là où on ne l’attendait pas du tout, malgré une ressemblance physique évidente. Elle donne toute sa portée au caractère fonceur et lui saupoudre une touche d’accent ganguro à mourir. Suzuka Ôgo (Mémoires d’une Geisha), qui interprète Hatchin, lui donne le change bien comme il faut. À 15 ans, elle sait déjà poser sa voix et contrebalance les intentions avec une sagesse souvent juste. Les voix sont revenues sur du Kassin (+2), un groupe brésilien de garage tropical électro-acoustique (comme ils se définissent) qui sait donner un visuel au score détonant.

Grosse réussite que ce Michiko to Hatchin. Peut-être pas aussi culte que Cowboy Bebop et Samurai Champloo, mais souvent aussi plaisant. Donc, on salue bien bas la performance.

Mis à jour le 10 septembre 2015 -