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Fast and Furious Tokyo Drift

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Autant être clair de suite : Tokyo Drift est siglé Fast and Furious pour surfer sur le succès des deux premiers opus. Car ce troisième volet n’a rien d’une suite : les acteurs vedettes (Vin Diesel et Paul Walker) ont disparu en même temps que l’intrigue policière, et le décor de fond n’a plus grand-chose de très américain. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous postons un article ici sur ce film : il se passe quasi intégralement à Tokyo. Pour résumer, cet épisode est une transition en attendant Fast & Furious Brazil Racers (et ses protagonistes habituels). Sans le nom « F&F », Tokyo Drift serait probablement passé totalement inaperçu.

Allez, on ne va pas nous la faire, à nous. Si la présence de Tokyo en toile de fond sert officiellement à présenter la mode du drift, à l’écran cela se traduit rapidement par une supériorité américaine écrasante. C’est donc un pur américain musclé et casse-cou qui arrive, en quelques semaines, à faire plier les yakuza et à récupérer la nénette américaine qui –oh dear god– sortait avec un autochtone, puis à devenir leader d’une grosse communauté underground tokyoïte. Ouf, l’honneur de Pearl Harbor est sauf ! Ce même américain est fils d’un GI dont on suppose qu’il fait partie des forces de présence US au Japon (notamment à Okinawa - ce que d’ailleurs probablement 95% des américains ignorent ou ont oublié). La boucle est donc bouclée.

Voilà pour la parenthèse vaguement culturelle. On a donc notre brochette d’américains parachutés au Levant : Sean, le héro censé avoir 17-18 🔞 ans alors qu’il en fait 25-30, Neela / Nathalie Kelley pas encore très connue mais plutôt bien réussie physiquement (et pour ne rien gâcher, elle parle mieux la langue de Miyazaki que tous ses comparses réunis), et enfin Bow wow, futur ex-rappeur qui, bien que sur-crédité, fait clairement de la figuration. Les Asiatiques du film ne sont pour certains même pas Japonais et ont, dans tous les cas, un accent anglais presque aussi dégueulasse que le japonais des Américains. On est parfois à la frontière des charabias de Lost in Translation. Le reste du casting est tout aussi machiste : des petites japonaises en jupette, on ne retiendra que le châssis bien nourri au sushi 🍣, entre deux ou trois gangurô rescapées d’on ne sait où. Heureusement que le plaisir des yeux est là, car le scénar est clairement inexistant.

Côté voitures 🚙, nous ne vous ferons pas l’affront de les lister. Les amateurs de Need for Speed et consorts reconnaîtront leurs marques et modèles préférés. N’y connaissant rien, nous préférons juste avancer que la plupart d’entre elles ont de la gueule (sauf les sur-tunées de mauvais goût) et que le drift renouvelle un peu l’expérience Fast & Furious. Mais ce qui sauve ce Tokyo Drift, c’est clairement la mise en scène et les effets spéciaux. Certes, c’est totalement surréaliste (rappelons qu’il n’y a pas d’autorisation pour filmer du cinéma dans Tokyo) mais quand les bagnoles dérapent à fond de balle dans le grand carrefour de Shibuya, ou zigzaguent en arpentant la circulation de la mégalopole japonaise, notre instinct de mâle gonflé à la bière 🍺 prend un instant le dessus.

Et pour poursuivre sur les bons points, il faut saluer la bande originale franchement réussie. Assez électro, elle met en avant les sons des excellents Teriyaki Boys, Dragon Ash, The 5,6,7,8’s, mais aussi d’occidentaux comme DJ Shadow ou N.E.R.D. L’enrobage sonore permet donc de mettre en relief le côté spectacle à tout prix. Fast & Furious Tokyo Drift n’est pas un mauvais épisode. Juste un film d’action comme savent le faire les américains : bien chiadé mais sans réel souci d’intégrité. En l’occurrence, peu importe, il comblera les amateurs de tuning et de femmes-objet, et fera passer aux autres un lundi soir sans leur cerveau.

Mis à jour le 03 Mai 2016 -