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Akihabara@deep

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Autant le concept d’Ikebukuro West Gate Park reposait sur sa « ville dans la ville », autant le principe global est le même avec Akihabara@deep. Ce drama propose de suivre les pérégrinations d’un groupe d’otaku dans le quartier électronique d’Akihabara. Sans la bien-nommée « electric town », donc, la série n’a aucun intérêt. Car elle se propose, un peu comme dans Densha Otoko, de plonger dans l’univers de ces geeks version japonaise. Akiba est leur quartier, leur univers, leur repaire sécurisant où les magasins sont remplis d’étagères de jeux vidéo 🎮, de manga, d’art-books et de figurines en tout genre. Les bars à hôtesses, célèbres à Tokyo, y sont remplacés par des « maid cafés » où les serveuses sont habillées en cosplay de soubrettes et lâchent des « moe ! » comme elles respirent. Un monde de fous que se sont jurés de protéger les membres du groupe « Akihabara @ Deep », formé de 6 otakus fanatiques d’un pan de leur culture populaire.

Les @DEEP sont constitués de 4 mecs et 2 nanas. Il y a Page (Kazama Shunsuke), un asocial notoire qui bégaye tellement qu’il doit utiliser un ordinateur lisant à haute voix ce qu’il écrit. Box (Ikuta Toma) est gynophobe et ne supporte les nanas qu’en 2D ou déguisées en maids. Akira (Yuka Kosaka) est justement l’une de ces maids serveuses, mais elle est aussi une fière combattante. On citera encore Taiko (Hoshino Gen), Daruma (Himura Yuuki) et Izumu (Matsushima Hatsune) et autant de puceaux, fans de cosplay ou hikikomori qui « freezent » à la moindre décharge émotionnelle. Bref, des cas bien lourds qui ne pouvaient que se rassembler grâce à Yui (Honjou Manami), la webmastrice d’un site qui réconforte leurs petits tracas de la vie en société. Lorsque Yui meurt, nos 6 larrons vont mettre en commun leurs compétences et former un groupe destiné à défendre les otaku et Akiba. Ils s’opposeront notamment à la multinationale DigiCap, dont le boss Nakagomi (Kitamura Kazuki) est un pervers bouffeur de sucettes… juste gerbant.

Le trait commun de toutes les interprétations est clair : surjouer. Les personnages créés sont déjà particulièrement fantasques et marginaux, mais en plus le jeu d’acteur en fait des tonnes. Du coup, de décalés, ils passent rapidement au statut de grotesques voire horripilants. C’est d’autant plus fatiguant que le rythme est non-stop. Tout va très vite, ça gueule, la caméra part dans tous les sens et abuse de fish-eye… L’orgie de références finit d’achever le spectateur qui n’est pas assez ancré dans la culture otaku. Et contrairement à Puni Puni Poemi, le point de vue n’est pas cynique mais complètement lourdingue. Ça use assez vite. Je ne sais pas si le manga original (de Ira Ishida en 2004) avait le même traitement, ni la déclinaison en manga ou en film live, mais ce drama est d’une facture pénible. Je ne doute pas une seule seconde qu’il satisfera les otakus ou aspirants, mais le délire est à réserver à une catégorie qui recherche un miroir dans le visionnage de la série.

Ai-je besoin de revenir sur les différences de sens du terme « otaku » ? Si en occident, l'abus de langage veut qu'on y regroupe seulement les fans de manga et figurines (je schématise), la vraie définition au Japon n'est pas aussi clémente : ces gens-là sont détachés de la société, des considérations quotidiennes et vivent dans une bulle confortée par des situations fantasmées. Celui qui s’y croit, c’est le geek du service informatique de votre boîte. Vous le croisez tous les jours, il change de fenêtre en stress quand vous arrivez pour dire bonjour, doit grogner 3 mots dans toute la journée et pompe la bande passante pour jouer à WOW en loosedé. Lui, il rêve de mondes fantastiques et se branle sur des gonzesses virtuelles qui terminent leurs phrases par « nya~ ». Akihabara, c'est son fantasme et cette série, il lui vouera un culte, comme Densha Otoko. Mais sans de bonnes références et un amour immodéré pour la culture otaku, je doute qu'on puisse apprécier vraiment Akihabara@deep.

En cela, les avis dépendront énormément de votre passif dans la culture populaire japonaise. À moins, comme pour Sailor Moon Live Action, de se retrancher derrière un prétexte sociologique...

Mis à jour le 03 septembre 2015 -