JESTA
La nouvelle autorisation pour voyager au Japon à partir de 2028
JESTA pour Japan Electronic System for Travel Authorization désigne l'autorisation de voyage électronique qui sera obligatoire à partir de 2028 pour visiter le Japon. Elle concernera les touristes étrangers des pays actuellement exemptés de visa avec le Japon dont la France, la Belgique et la Suisse. Son coût ainsi que sa durée de validité ne sont pas encore connus.
Vous l'avez entendu en avant-première dans notre podcast Kanpai : en mai 2025, le Japon a confirmé la mise en place d’une autorisation de voyage électronique (AVE) qui sera nécessaire pour les visiteurs étrangers exemptés de visa (à l'heure actuelle) et souhaitant se rendre sur l'archipel à partir de 2028.
Sur la base du nom du système pour les États-Unis (ESTA), celui pour le Japon est baptisé officiellement : JESTA (Japan Electronic System for Travel Authorization).
La création de ce nouveau document permettra de réguler les entrées dans le pays et de fluidifier les arrivées aux points de contrôle de l'immigration. Face à une augmentation marquante du nombre de touristes sur le territoire japonais, le gouvernement a choisi de mettre en place ce nouveau système.
Une nouveauté pour faire face à l’affluence touristique
Avec un objectif de 60 millions de touristes en 2030 et une hausse constante du nombre de visiteurs depuis la fin des restrictions liées au Covid-19 🦠 entre juin 2022 et mai 2023, les files d’attente ne cessent de croître aux points de contrôle d'immigration des aéroports internationaux japonais. L'autorisation de voyage JESTA vise à garantir une entrée plus fluide dans le pays ainsi qu'à s'aligner aux standards de sécurité internationaux.
À l’image de l’ESTA mise en place par les USA après les attentats du 11 septembre 2001, et comme le souligne le Bureau des services de l’immigration au Japon (Immigration Services Agency of Japan), le but est également de renforcer les contrôles de sécurité afin d’empêcher :
- l’immigration illégale,
- les dépassements d’autorisation de séjour,
- la criminalité,
- ou encore le terrorisme.
D’abord envisagée pour 2030, l’application de ce nouveau système, calqué sur le modèle de l’ESTA aux États-Unis ou de la récente ETA britannique, sera finalement avancée de 2 ans. Selon la conférence de presse du 23 mai 2025 donnée par le Ministre de la Justice, Keisuke Suzuki, l’entrée en vigueur de la JESTA devrait se produire au cours de l’année fiscale 2028. Ce dernier a déclaré (citation VisasNews):
« L’importance de la JESTA réside dans le fait qu’elle contribuera à mettre en place des contrôles plus stricts de l’immigration et de la résidence ; et à accélérer les vérifications en matière d’immigration. Avec l’augmentation du nombre de visiteurs au Japon, l’accélération des contrôles d’immigration est une tâche urgente. »
Quel sera le fonctionnement de la JESTA ?
La JESTA sera une pré-autorisation obligatoire à obtenir en amont de son voyage au Japon. Les démarches seront à effectuer en ligne, entièrement de manière électronique et suivant un site Internet 📶 et/ou une application officiels pas encore communiqués.
Il faudra par exemple fournir des indications sur les conditions de son séjour, le but de son voyage, le lieu de résidence, etc. Des informations assez similaires à celles actuellement exigées sur les bordereaux d’entrée papier de l'immigration ou de façon dématérialisée via le site Visit Japan Web de plus en plus utilisé, dont voici notre tutoriel :
Ces formalités seront à compléter à l’aide du numéro de passeport qui servira d'identifiant principal. Ainsi, l'autorisation JESTA sera nominative et donc à faire pour chaque personne qui partira au Japon (mineurs compris). Il faudra ensuite s’acquitter des frais relatifs à cette demande de JESTA, via un paiement en ligne par carte bancaire 💳 principalement. Il sera nécessaire de recevoir une réponse avant le jour du départ au Japon. Si celle-ci s’avère négative, aucun embarquement dans un avion ✈️ ne sera possible.
Combien va coûter la JESTA et quelle sera sa durée de validité ?
À l'heure où ces lignes sont écrites, les autorités japonaises n’ont pas encore indiqué le coût de la démarche administrative de la JESTA, ni sa durée de validité. Ces informations seront communiquées par le Ministère du Tourisme et/ou le Bureau de l’Immigration lorsqu’elles seront connues.
En attendant cette annonce, on peut penser que la durée de validité sera similaire à celles des autorisations électroniques de voyage déjà en place dans d’autres pays comme les États-Unis, l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, le Royaume-Uni ou encore l’Union Européenne dès 2026. Ce type d’autorisation est généralement accordé pour 2 à 5 ans, une durée qui peut être écourtée si la validité du passeport auquel est rattaché l'autorisation expire avant.
Pour ce qui est de son coût, on peut également comparer avec les autorisations existantes :
- L’ESTA américaine est valable 2 ans et coûte 21 dollars ;
- l’AVE au Canada est valable 5 ans et coûte 7 dollars canadiens ;
- l'ETA britannique est valable 2 ans et coûte 16 livres sterling ;
- tandis que l’ETA dans l’Union Européenne sera valable 3 ans et coûtera 7 euros.
Le coût de la JESTA pourrait donc osciller entre 1.500 et 3.000¥ environ (~8,91€ à ~17,82€).
À qui s’adresse cette autorisation de voyage ?
La JESTA sera obligatoire pour tous les ressortissants des pays bénéficiant des accords réciproques d'exemption de visa avec le Japon. Listés par le Ministère japonais des Affaires Etrangères (MOFA), ces pays sont actuellement au nombre de 72, on y retrouve :
- la France et les pays francophones européens suivants : la Belgique, la Suisse, Le Luxembourg, Monaco ;
- également l'Europe au sens large avec : Andorre, l’Allemagne, l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, la Lettonie, le Liechtenstein, la Lituanie, la Macédoine du Nord, Malte, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, la Roumanie, le Saint Marin, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède ;
- le continent américain : Argentine, les Bahamas, le Brésil, le Canada, le Chili, la Barbade, le Canada, le Costa Rica, les États-Unis, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, la République Dominicaine, le Salvador, le Suriname, l'Uruguay ;
- le Moyen-Orient : Chypre, les Émirats arabes unis, Israël, le Qatar, la Turquie ;
- certains pays d'Asie : le Brunei, la Corée du Sud, Hong Kong, l'Indonésie, Macao, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande ;
- ainsi que les pays îliens d'Australie, Islande, Maurice, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Taïwan ;
- puis, le Lesotho et la Tunisie en Afrique.
Point d'attention : la JESTA est à obtenir par ces nationalités seulement pour un séjour temporaire au Japon, qui est à l'heure actuelle défini de la manière suivante :
- un séjour de courte durée : autorisation de 90 jours consécutifs maximum sur place (sauf exception selon certains pays, par exemple 180 jours pour la Suisse) ;
- et pour un motif de loisirs, vacances, personnel ou professionnel sans rémunération à la clé.
En pratique, cela concerne principalement :
- les séjours touristiques individuels ou organisés par une agence de voyages ;
- les déplacements professionnels à caractère évènementiel (conférence, rendez-vous client, formation, etc.) ;
- les études de courte durée ;
- les visites de famille et amicale ;
- les voyageurs en transit.
Les séjours plus longs pour vivre, étudier ou travailler au Japon supposent déjà l'obtention d'un visa adéquat et ne sont donc pas concernés par cette nouvelle formalité administrative.
À titre de comparaison, l'ESTA permet également aux touristes français de séjourner 90 jours maximum aux États-Unis. Le Ministère du tourisme japonais devrait bientôt préciser la durée limite fixée pour la JESTA, qui devrait logiquement rester sur la limite actuelle.
L’assurance voyage bientôt obligatoire pour partir au Japon ?
Si l'autorisation de voyage JESTA sera nécessaire pour se rendre au Japon à partir de 2028, un autre document pourrait également devenir obligatoire et cela dès 2027 : il s’agit de l'attestation d'assurance voyage qui viendrait couvrir les éventuels frais médicaux contractés lors d'un séjour sur l'archipel. À noter que cette garantie est actuellement nécessaire pour entrer sur le sol chinois ou celui du Bouthan.
Déjà annoncée en 2018, à l'orée de l'année 2020 qui devait être importante en terme de fréquentation touristique pour le Japon, cette mesure revient sur le bureau du Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, qui a déclaré lors d’une réunion des ministres le 6 juin 2025 (citation Le Figaro) :
« Avec l’augmentation du nombre de travailleurs et de touristes étrangers, des incidents criminels, des troubles à l’ordre public, l’utilisation inappropriée de divers systèmes ont suscité l’inquiétude du public. Il est important que les ressortissants étrangers comprennent les règles du Japon et agissent de manière responsable. »
En effet, une enquête nationale du Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales menée sur environ 5.500 établissements médicaux a révélé, comme le rapporte le journal Mainichi, que 11.372 visiteurs étrangers ont reçu des soins médicaux au Japon en septembre 2024. Or, 0,8% d’entre eux n’a pas réglé ses frais, ce qui équivaut à un total de 61,35 millions de Yens (~364.385€) d’impayés qui seront à la charge du contribuable japonais.
Face à ce constat, le Japon souhaite non seulement rendre l’assurance voyage obligatoire pour que ce genre d’incidents ne se reproduise plus, mais envisage également d’interdire l’accès au pays pour les mauvais payeurs. D’ici à 2027, le gouvernement souhaite "autoriser les services d’immigration à vérifier auprès du ministère de la Santé si les touristes et résidents étrangers n’ont pas d’antécédents de factures impayées" (citation Le Figaro). Les personnes n’ayant pas réglé leur dû pourraient être interdites de séjour au Japon jusqu’à ce qu’elles remboursent leurs dettes.