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Xenosaga Episode I Der Wille Zur Macht

⏱ 12 minutes

Après les déboires qui ont coûté le départ de l'équipe menée par Takahashi, quittant Square pour fonder Monolith Software, la jeune équipe a annoncé début 2001 son planning prévisionnel, expliquant ainsi que plusieurs épisodes de la grande saga Xeno étaient en préparation. Le premier épisode édité par Namco, Chikara e no Ishi, ne serait alors pas la préquelle de Xenogears Episode V mais bel et bien l'introduction à une nouvelle des Xeno series, baptisée Xenosaga. Pour les Gears, procurez-vous la bible Perfect Works ; Takahashi se voue désormais, et jusqu'à nouvel ordre, à des Xeno qui suffixent Saga. Qu'on se le dise !

D'ailleurs, le terme "introduction" choisi un poil plus haut rend honneur, il me semble, au dessein de ce Der Wille Zur Macht qui a été généralement mal attendu et mal apprécié comme une préquelle à Xenogears, plutôt que comme le prologue d'une épopée inédite qu'il est, certes non sans liens et clins d'oeil à son superbe grand-frère de RPG mythique, mais tout à fait parallèle aux aventures de Fei et Elly. Sans trop spolier, il semble clair que Xenosaga se dirige plus vers un scénario ciblé autour du Zohar, de sa création et de son but, des points qui étaient restés relativement flous à l'époque de Xenogears.

A ce titre, le ton est donné dès les premières minutes et cinq bonnes heures d'affilée durant, puis par extension tout au long de cet Episode I : ce sera de la science-fiction teintée de longs couloirs grisâtres, beige ou blanchâtres et surtout très (trop ?) homogènes et linéaires, rappelant furieusement les univers mêlés des anciens Star Wars, Tron ou autres films autour de Solaris (tiens donc !), et peut-être surtout 2001 : A Space Odyssey. On aime ou pas, mais une chose est sûre, cela change des paysages dans l'ensemble naturels, variés et beaucoup plus chaleureux auxquels nous avait élevés Xenogears.

Heureusement, on a toujours notre part de mysticisme qui colle aussi bien à ce nouvel univers qu'à celui du précédent volet des Xeno series. D'ailleurs, le compositeur Mitsuda a troqué le reste de ses compositions celtiques pour quelque chose de plus classieux et bourru, voire de très Hollywoodien de temps à autre, interprété magistralement par l'Orchestre Philarmonique de Londres. Excusez du peu. Si la bande sonore n'est toujours pas irréprochable, voire même un cran au-dessous de celle de Xenogears qui n'était déjà pas parfaite, elle a le mérite d'être très (trop ?) discrète et pas trop répétitive. Mais "Androïde FM" n'oublie pas d'inclure dans sa programmation une ou deux musiques de supermarché ou d'ascenceur, au choix, que l'on jurerait tout droit sorties d'un Blue Stinger ou d'un Shenmue. C'est sans doute le seul moment où l'on ne regrettera pas l'absence de compatibilité 5.1, autrement bien dommageable.

Toujours dans l'auditif, d'aucuns pourront avoir la surprise de découvrir que certaines séquences cinématiques ont été doublées. Dans la version Américaine, si le doublage est globalement de bonne qualité (malgré quelques émotions un peu sous ou surjouées), les doubleurs me paraissent assez mal choisis dans l'ensemble, et seuls KOS-MOS et Ziggurat semblent avoir été épargnés sur cette hécatombe. De plus, les personnages souffrent non seulement du syndrôme "ba-ba-ba" (mouvement de lèvres simplistes et répétitifs), mais la localisation crée un décalage entre le son et l'image. Il arrive ainsi que les lèvres bougent, et qu'aucune parole ne soit dite, et le lycée de Versailles.

Techniquement, cet Episode I ne bluffe pas par sa qualité intrinsèque. L'ensemble est propre, net et précis, mais simple. Parfois même très simple sur certaines textures qui floutent et/ou pixellisent. Pas de chichi, mais tout reste cohérent et encore suffisamment agréable à l'œil. L'on regrettera, en revanche, le choix douteux et corrigé pour l'Episode II des visages en semi-SD et leur yeux gigantesques, qui infantilisent les protagonistes, leur ôtent du charisme et décrédibilisent leurs conversations pourtant intéressantes. Une fois de plus, cela ne touche pas tous les personnages : sur Shion, c'est une véritable catastrophe, sur d'autres comme Albedo, curieusement cela passe plutôt correctement.

Takahashi a conservé un sens aigu de la mise en scène, ainsi les séquences cinématiques comme les combats sont des modèles de dynamisme et d'intérêt. Il n'en va malheureusement pas de même pour les phases de dialogues textuels, assez molles et bien moins intéressantes, malgré le fond scénaristique toujours d'aussi grande qualité, et dans lesquels paradoxalement les protagonistes perdent beaucoup de leur intérêt en n'étant plus doublés. En effet, là où la quasi-intégralité des séquences non-jouables de Xenogears étaient des phases de lecture, les capacités techniques de la PlayStation 2 offrent à Xenosaga la possibilité de nous abreuver de séquences cinématiques en 3D doublées, avec le revers de médaille que les séquences en texte nous apparaissent alors beaucoup plus blêmes et sans émotion.

Dans son système de combat, le jeu impressionne donc en reprenant une partie de l'intérêt de Xenogears pour le porter à la puissance de la PlayStation 2. Les conséquences, ce sont de superbes effets de caméras et de magies, et un certain dynamisme global qui se retrouve d'ailleurs dans son gameplay. Le choix d'invoquer les mechas en cours de combat n'est, à mon sens, pas plus idiot que celui de séparer les deux types de baston, et bien qu'un poil compliqué au départ, le système de combat de cet opus n'en reste pas moins intéressant et appréciable. Le gros point noir concerne plutôt l'utilisation de ces mechas, appelés AGWS, qui reste hautement aléatoire et dispensable. Pour ma part, j'ai effectué 99% des combats sans robots, et je ne m'en suis pas plus mal porté. D'autant que le mecha-design un peu faiblard n'encourage pas leur utilisation. Le système d'obligations de Xenogears manque, en tout cas, beaucoup à l'appel.

Intrinsèquement, les combats restent relativement difficiles, surtout au début du jeu (au cours des dix premières heures), car entre deux séquences de dialogue, Xenosaga n'offre pas la possibilité au joueur d'effectuer un level-up efficace. A ce titre, les combats non-aléatoires (présence des ennemis à l'écran) ainsi que l'absence de carte du monde démontrent un double-tranchant assez regrettable, puisque les ennemis sont en nombre beaucoup plus limité au cours du jeu, et que la recherche d'expérience s'avère parfois pénible et répétitive. Ainsi, les combats contre les boss de début du jeu relèvent assez du calvaire si l'on ne se plie pas à une montée d'expérience rébarbative. Dommage enfin, même si c'est un détail, que les boss du jeu ne diffusent pas une musique différente de celle des combats classiques. Heureusement, le fabuleux thème du dernier combat rattrape le tout avec classe.

L'on regrettera encore deux ou trois petites choses dans ce Xenosaga. Par exemple, il manque les avatars des personnages lorsqu'ils parlent en mode texte. Ce repère visuel très agréable et pratique dans Xenogears nous fait souffrir de par son absence, la compréhension étant moins immédiate, et c'est d'autant plus dommage que ces icônes pouvaient être reprises de celles utilisées en phases de combat. De même, les chargements semblent toujours aussi longs et nombreux, et même si ce n'est pas une catastrophe, cela reste une petite entrave au gameplay et à l'appréciation du jeu. Ils tapent en effet assez vite sur le système en étant omniprésents, notamment lors des passages entre écrans, en entrant ou en sortant du menu, ou encore lors des séquences cinématiques, créant alors d'heureusement rares saccades inélégantes dans l'animation des personnages, ou des blancs au sein des phases de dialogue lors des changements de plans.

Dans son ensemble, Xenosaga Episode I semble avoir moins de pêche que Xenogears. C'est peut-être une impression ou une modification progressive de mes souvenirs, mais Xenosaga paraît parfois long et pompeux, ou cliché voire téléphoné (surtout dans sa première moitié), là où Xenogears a su bien gérer ces points en-dehors des dernières heures de jeu un peu déféquées à la va-vite comme tout le monde le sait. Saga nous colle une bonne partie du jeu devant des cinématiques ou du texte passionnants, le reste du temps dans des combats heureusement intéressants et stratégiques. La partie aventure, il faut la chercher, et elle reste très linéaire et peu intéressante, ayant perdu son système de recherche et surtout de plate-forme, et nous faisant diriger des baobabs dans le fion à travers des copier/coller de couloirs. Enfin, pour des néophytes ou non-habitués au genre, Xenosaga relèvera de la gageure, à l'image de son menu très complet mais aussi très complexe au départ.

Dernier point noir un peu plus à part : si elle ne gâche pas le jeu, la censure dont a fait l'objet la version américaine du titre, notamment sur une scène précise, n'a rien de très logique ni d'agréable.

Cette nouvelle Xeno serie semble avoir un peu de mal à s'imposer dans le coeur des joueurs. Xenogears avait-il frappé trop fort ? Toujours est-il que dans les esprits, il est toujours présent et indétrônable. Ce n'en est finalement que logique, puisque Gears traitait cinq épisodes en un, alors que Chikara e no Ishi n'en est qu'un seul. Laissons à Monolith le temps de s'ajuster à son nouveau support, corriger les petits défauts de cet épisode pour donner à cette nouvelle saga ses lettres de noblesse. Personnellement, je fais confiance à Takahashi et son équipe. J'ai pris du plaisir à jouer à Xenosaga, malgré quelques frustrations encouragées par l'encyclopédie de l'UMN, et autres déceptions pour la plupart techniques, déjà corrigées qui plus est pour l'épisode suivant. Je pense qu'il ne peut qu'en être de même pour tous ceux qui considèrent Chikara e no Ishi uniquement pour ce qu'il est : une simple introduction. Et avec un incipit scénaristique doublé d'un cliffangher de ces qualités, l'on ne peut qu'attendre avec impatience la suite de l'aventure !

Coffret japonais collector

Grand fan de la saga Xeno devant l'éternel, comme vous avez peut-être déjà pu le constater à travers mes critiques de Xenogears et de l'artbook Perfect Works, j'attendais avec une impatience non feinte la sortie de ce Xenosaga Episode I. Et plus encore de la parution de son box en édition (très) limitée. Après moult efforts et rebondissements inopinés dus notamment aux problèmes de douanes, le colis tant convoité est fraîchement arrivé en de bonnes mains. Enfin !

Derrière cette imposante boîte en carton de 2kg, dont le visuel très simple se compose uniquement du logo sur un fond blanc, se cachent quelques goodies à l'effigie de Xenosaga. L'on découvrira dans un premier temps la boîte du jeu en lui-même, protégée par un blister. A sa gauche se trouve un petit porte-clés assez joli dans un sachet en plastique. En soulevant le premier "étage" de l'intérieur du coffret, se profile une figurine de KOS-MOS de qualité moyenne. Il ne s'agit pas d'une résine de 30cm, comme je l'avais espérée, mais d'une reproduction en plastique banale du personnage. Heureusement, le chara-design sauve cette figurine qui reste superbe malgré son aspect d'entrée de gamme. Au-dessous se trouve un classeur aux couleurs de Xenosaga, protégé par un papier à bulles ; puis, en fond, l'on découvrira un visual book assez fin qui rappellera le Perfect Works de Xenogears.

Au final, je qualifierai ce coffret Xenosaga de plutôt intéressant, même si l'on était en droit d'en attendre plus d'un box à 12.800 Yen 💴. Pour ce qui est de la critique du RPG en lui-même, il vous faudra attendre encore quelques mois avant que je ne vous propose mon avis. Un titre d'une telle trempe ne saurait être biaisé par mes connaissances encore trop limitées en japonais pour honorer son scénario...

Limited Edition Movie DVD

Mise à jour du 02.04.2005

Ce DVD de vidéos n’a pas de limited edition que le nom, puisqu’il n’a été offert qu’avec les pré-commandes de Xenosaga Episode II, et uniquement pour la version américaine du jeu. Pour les exclusifs de la version japonaise ou les retardataires, toutefois, le DVD se trouvera facilement sur Ebay, malgré le not for resale explicitement gravé sur le disque.

Sans s’encombrer de logos, le DVD affiche directement un menu avare en animations et à l’arborescence pour le moins limitée. En tout cas, il va à l’essentiel, c'est-à-dire près de cinq heures de vidéos présentées proposées sur la base des masters américains du jeu. Autrement dit, la scène censurée lors du passage à la version américaine le reste dans ce DVD. Les voix sont proposées en anglais et en japonais, excellente surprise. L’ajout de sous-titres anglais est également possible ; ce sont les mêmes que dans la version américaine du jeu.

La piste sonore n’a aucun reproche à subir : en Dolby Digital, elle offre une qualité très correcte pour profiter au maximum du doublage et des superbes musiques de MITSUDA. En revanche, l’image décevra beaucoup plus, notamment de par l’absence totale d’anti-aliasing, ce qui crée une bouillie de pixels assez désagréable sur toutes les arêtes des polygones utilisés au cours des séquences qui utilisent le moteur 3D du jeu. Heureusement, les scènes pré-calculées ne souffrent d’aucun écueil, et seront aussi fluides que les autres. Dommage, également, que l’image ne prenne pas tout l’écran

Il n’y a aucun temps d’attente, presque aucun chargement et cela ravit la navigation. Toutefois, le DVD ne présentant qu’une sélection des séquences non jouables de Xenosaga Episode I (autrement, cracheront les mauvaises langues, il aurait fallu toute une collection de DVD), les ellipses et autres coupures dans le scénario ne sont parfois pas immédiatement comprises. Rien de grave. À noter également une bande-annonce du deuxième épisode, qui n’est autre que la publicité américaine d’une minute diffusée au début de l’année aux États-Unis.

Ce DVD se révèle vite indispensable pour les amoureux de la saga, qui pourront à loisir revoir les scènes cinématiques majeures du premier opus. En espérant que d’autres DVD analogues voient le jour pour les épisodes suivants !

Mis à jour le 16 septembre 2015 -