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Zelda Skyward Sword (test Wii)

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Il y a une dichotomie très intéressante dans le visuel de Zelda Skyward Sword. Sa direction artistique est sans pareil : les couleurs sont magnifiques, le bokeh s'inspire directement du mouvement impressionniste et, évidemment, des travaux de Paul Cézanne. L'écran affiche des tableaux sublimes aux recherches délicates, buvant le pastel de Wind Waker et renforçant sa main-mise sur une vraie maturité graphique et un design général aux petits oignons.

L'affichage, en revanche, subit de plein fouet le retard considérable qu'a pris la Wii en se limitant au 480p et à la puissance technique d'un GameCube : les textures de près sont laides, floues et beaucoup d'éléments sont simplifiés, non dans la recherche artistique mais par la limitation stricte du processeur. Fin 2011, ça fait tâche et la Wii ne peut même pas conjuguer sans chargement l'affichage à peine distant en vol, avec l'atterrissage sur une cité qui fait peut-être un centième de la complexité du terrain de jeu d'un Assassin's Creed.

Il est urgent de renouveler la gamme et la Wii U sera attendue au tournant. Ça n'a pas échappé aux bidouilleurs en herbe qui se sont amusés à faire tourner Skyward Sword sur un émulateur Dolphin et comme prévu, le résultat de ce Zelda en robe HD est aussi saisissant que démoralisant.

Heureusement, ces considérations somme toute très techniques sont à des lieues de l'aventure qui nous est proposée une fois de plus. Je ne rentrerai pas dans le débat de savoir si ce Skyward Sword est le meilleur Zelda. J'ai adoré tous les épisodes canoniques en-dehors de Adventures of Link (Zelda II) et j'apprécie cette qualité de reconstruction et de renouvellement que sait inventer la série à chaque nouvelle itération.

Par exemple, cet opus s'articule moins autour de la dualité exploration / donjons mais coud le tout avec fluidité. La construction de la progression est moins basée sur ce clivage pourtant très traditionnel et, conséquence bénéfique, tout est mieux imbriqué et articulé. Le terrain de jeu qui paraît restreint au départ fait preuve d'une inventivité sans faille pour renouveler l'expérience avec talent.

Une nouvelle fois, la magie opère comme par un enchantement de game design qui serait le prolongement de son visuel. Passée une introduction bavarde, Zelda Skyward Sword dévoile un univers sublime et attachant, inventif et prenant, qui sait capter son joueur à chaque instant et proposer une expérience cohérente dans son ensemble, précise et adorable dans les détails, homogène en tout point et diablement enchanteresse. Quelle inventivité dans les nouveaux objets, quelle variété dans les environnements !

Les personnages comme les décors, chaque élément est d'une beauté pure, malicieusement imaginé et laisse échapper une petite aura magique, un peu flottante et luminescente, qui donne l'impression de vivre soi-même l'aventure majestueuse de Link. Le Wii Motion Plus, en ce sens, remplit sa fonction d'accessoire immersif et s'avère adapté dans la plupart des situations. Très belle réussite que d'avoir amélioré le gameplay grâce à l'accessoire, vu le croche-patte qu'est souvent le motion gaming. Idem pour la bande-son, très fine et moins sur-épique, qui accompagne comme il se doit une histoire toujours plus magique.

Les vieux de la vieille comme moi, parfois un peu ronchons, ne manqueront pas de se plaindre du nivellement par le bas de cet épisode. Blasphème : on commence avec six cœurs ! Damnation : le méchant principal manque clairement de charisme et le boss final est aussi court que sublime. Et surtout, horreur : l'esprit qui accompagne Link nous sonne toutes les cinq minutes pour nous donner des indices évidents ! Qu'importe... cela ne signifie pas que le jeu est "casualisé" : on s'aperçoit vite, au contraire, que Zelda Skyward Sword est à peine plus facile et plus court que les autres épisodes.

L'occasion de faire se rejoindre deux franges de joueur sur ce magnifique Zelda qui rend encore un bel hommage à cette légendaire saga. Zelda Skyward Sword est évidemment un immanquable de la Wii, pas seulement parce qu'il est son baroud d'honneur, mais aussi pour la réussite quasi sans faille qu'il inspire avec une puissance toute mesurée.

Mis à jour le 13 septembre 2015 -