Dragon Ball Super : la poulaille aux œufs plaqué or
On pourrait se risquer à livrer un axiome un brin provocateur, mais sans doute pas si éloigné de la réalité avec un peu de recul : l'histoire de Dragon Ball n'a jamais montré qu'une baisse de qualité constante. Expliquons-nous avant de piquer l'ire des fans :
- La grande ère de Sangoku petit est savamment rythmée et bourrée d'inventivité (armée du ruban rouge, tournois des arts martiaux, mamie Baba et la tour Karin...) ;
- Les différentes parties de DBZ tirent parfois en longueur : un tiers de volumes en plus pour 4 vrais arcs narratifs seulement (Sayens, Namek, Cyborgs / Cell et Boo) ;
- Les 64 épisodes de GT n'ont laissé qu'un souvenir médiocre dans les mémoires de ceux qui sont parvenus à le suivre jusqu'au bout.
Dragon Ball Super vient comme un phénix, 18 ans après le dernier animé inédit jamais diffusé dans son histoire. À l'heure où ces lignes sont écrites, une quinzaine d'épisodes ont été diffusés et, si les médias grand public retiennent surtout un scandale de production graphique cristallisé à grand bruit par l'épisode 5, il reste pourtant l'arbre qui cache une forêt peu reluisante.
Outre sa patte artistique et technique tout juste potable en particulier pour 2015 (qui met l'accent sur un marché de production totalement sclérosé au Japon), Dragon Ball Super s'avère soporifique et tout à fait inintéressant. Et pour cause, sur les 100 épisodes prévus, près de la moitié s'échine à réécrire mollement les deux films inédits récemment sortis au cinéma : Battle of Gods (2013) et La résurrection de Freezer (2015).
Mise à jour : au final, ce premier arc Super s'arrêtera après un peu plus de 130 épisode.
En attente de l'inédit
Puisque le mangaka originel Akira Toriyama (1955 - 2024) est censé superviser cette nouvelle série, et alors que la synthèse DB Kai est passée par là, on s'attendait à mieux pour le retour tonitruant d'une saga aussi légendaire.
Jusqu'ici, Dragon Ball Super se présente surtout comme le totem de tout ce qui ne va pas dans l'anime japonais des années 2000, et en particulier Toei comme société éditrice complètement à la ramasse : hermétique au simulcast, créant ainsi un piratage de masse, et prenant une licence pour la poule aux œufs d'or (qu'elle est, certes) sans chercher à la respecter.
Résultat : cette "création" vient terriblement ternir l'image d'une œuvre fondatrice du shonen du XXI siècle : Kishimoto et Oda, mangaka respectifs de Naruto et One Piece, vouent logiquement un culte à Tori qui a probablement été pour beaucoup dans leur carrière.
Pourtant, sa dernière itération traîne en longueur, manque cruellement de charme et tente désespérément de faire revivre ses anciennes gloires sans une once d'inventivité. Le marché, lui, est tout autre : 20 ans tout pile après la fin du manga, alors que le paysage de l'animation japonaise a bien évolué avec d'autres standards, on ne peut plus servir du Dragonball comme dans des années '90 portées par un public Club Dorothée. Les épisodes de cuisine avec Vegeta, à ce titre, livrent des moments de gène qu'on aimerait oublier au plus vite.
Gageons que cette interminable introduction laissera place à un vrai scénario (le troisième et déjà nommé "arc Chanpa" situé dans une dimension parallèle) pour Dragon Ball Super à partir du printemps 🌸 2016. Sans quoi, à l'heure des réseaux sociaux, l'aura de la saga risque de prendre un coup sur la tête encore bien plus retentissant que le soufflé DBGT.