Contraintes et problèmes liés à l'augmentation du trafic sur un site

Audiences et statistiques du blog en hausse

⏱ 8 minutes

On entend souvent que le but, voire la finalité d’un site web est de faire de l’audience. Dans une société de compétition et de chiffres, plus un site est visité, plus il est censé avoir de l’intérêt et de la valeur.
Évidemment, tout cela n’est vrai que dans une certaine mesure.
Il faut déjà, en amont, déterminer quel est l’objectif du site en question : commercial, publicitaire, pour le plaisir (…) ? Si, pour le webmaster, cet objectif est un simple accroissement des chiffres bruts de fréquentation, ou plutôt une fidélisation de l’audience, une recherche d’auditoire participatif ou une transformation en clientèle.

Ici, je parlerai donc principalement de l’expérience connue sur Kanpai, c'est-à-dire d’un site éditorial sur la culture populaire japonaise, sans déclinaison commerciale (telle qu’une boutique e-commerce ou la recherche de clients).

Je passe sur les avantages liés à l’augmentation des statistiques : pour le webmaster, gargarismes devant Google Analytics, chevilles qui gonflent, égo surdimensionné, champagne et putes dans les plus belles boîtes de St-Trop’… hum, bon, simplement plus de réactions à vos articles (mails, commentaires), plus d’inscrits au flux RSS, au Twitter ou à la newsletter du site, on parle de vous sur plus de blogs, de sites ou de forums, on vous sollicite pour tester des jeux, participer à des soirées et on vous envoie des invitations pour des beta-tests, etc.
Récemment, Nintendo m’a même envoyé des chocolats en prévision de la sortie de Wii Fit Plus.

Ça, c’est pour le côté positif que j'ai la chance de rencontrer depuis plusieurs années, comme beaucoup d’autres webmasters et blogueurs.
Toutefois, ce ne sont pas les bienfaits qui nous intéressent ici mais plutôt les inconvénients et problèmes rencontrés lorsque l’audience augmente sur votre site. Idée qui peut paraître paradoxale, mais nous allons voir qu'en fait pas tant que ça.

Une croissance du trafic soudaine ou graduelle peut avoir plusieurs provenances. Les sources de trafic sont généralement les suivantes :

  • accès directs : les internautes viennent visiter un site qui est dans leurs favoris ou dont ils tapent directement l’URL, une fois par jour, par semaine ou par mois, pour voir ce qu’il y a de nouveau à lire, à voir ou à écouter. J’aurais tendance à intégrer la venue par RSS dans l’accès direct (si tant est que l’intégralité d’un article ne soit pas disponible dans le flux en lui-même), même si des exemples comme Twitter ou Netvibes appartiennent plutôt à la catégorie des…
  • liens sur sites externes. Ceux-ci sont la plupart du temps des sites, blogs ou forums qui parlent de votre site ou d’une page en particulier et qui font un lien vers celui-ci / celle-ci. Certains sont des visiteurs one-shot (visite sortante), qui n’accrochent pas au style, aux sujets abordés, au design ou que sais-je encore. D’autres vont parcourir le site, rebondir de lien en lien pour finalement terminer dans leurs marque-pages, RSS ou Following sur Twitter et revenir plus tard en… accès direct. Dans cette catégorie, on peut également classer les échanges de liens (pas bien !).
  • accès par mail : ceux qui sont inscrits à la newsletter (sur Kanpai, elle est envoyée le 1er de chaque mois et récapitule les articles publiés en M-1) et qui cliquent sur les liens, ou dont un ami leur envoie un mail contenant un lien vers une page de votre site ;
  • moteurs de recherche : les internautes cliquent sur un lien dans une page de résultats de requête Google et autres. C’est aussi valable pour les recherches images, actualités, maps, etc.
  • enfin (je crois que je n’en oublie pas), les liens provenant des ensembles publicitaires de type Google Adwords, si vous avez acheté des mots-clés. Pour ma part, je n’y ai jamais eu recours, donc je ne peux pas vous en parler en connaissance de cause. Je suppose juste que, si l’achat est fait intelligemment et que la/les landing page(s) sont qualitatives, cela peut rapporter une nouvelle audience qualifiée.

D’abord, et ça peut paraître paradoxal de prime abord : si les statistiques ont augmenté notamment grâce aux moteurs de recherche, on se plie quasi systématiquement à une baisse du ratio des pages vues.
Lorsqu’on y regarde de plus près, ce n’est pas si incongru que cela puisque, globalement, qui dit plus de visiteurs dit élargissement plus ou moins important de la cible et donc, baisse plus ou moins sensible de la qualité de la visite.
Pour schématiser, si j’ai 50 visiteurs dans la journée, il y a plus de chances qu'ils soient certainement là pour une raison précise et cliquent d’article en article, cherchent à en savoir plus sur ce que j’ai écrit plus tôt, lire des articles au sujet analogue, etc. Si j’en ai 5.000 dans la même journée dont une partie provenant des moteurs, il y a de grandes chances pour que 2.000 aient ce comportement de navigation que je qualifie de « positif », mais que 1.000 viennent voir si Naruto est mort, 700 pour seulement regarder des photos du dernier drama / série japonais(e) à la mode, 500 pour savoir s’ils trouveront la solution d’un jeu vidéo 🎮 sur lequel ils bloquent, 300 pour voir si je n’ai pas publié de photos dénudées de telle chanteuse de Japan-pop, et ainsi de suite.

Tout est histoire de pourcentage, et si on prend cela trop au sérieux, on risque vite de s’arracher les cheveux.
Pour les drogués de la stat, donc, globalement dans ce cas précis le taux de rebond augmente (surtout dans le cas d’une requête venant de Google Images, par exemple) alors que les pages vues par visite baissent, ainsi que le temps passé par page et sur le site.

Ensuite, on remarquera évidemment une propension à la multiplication des commentaires avec la croissance de fréquentation. C’est assez logique, mais cela ne va pas sans son lot de commentaires à l'intérêt pas toujours folichon (Naruto et Sasuke) voire complètement à côté de la plaque (j’ai supprimé pas mal de commentaires SMS illisibles ou encore des annonces matrimoniales…), des trolls voire menaces de hack (problèmes sur les écrans PSP). Et je ne parle pas du spam dont j’ai déjà dû me prévenir via le fichier « robots.txt ».

Qui dit augmentation du trafic dit explosion de la bande passante surtout si, comme moi, vous aimez mettre de beaux visuels sur chacun de vos articles. Même si vous optimisez vos images et votre code, le poids total des pages est multiplié par le nombre de visiteurs, donc les Mo (et bien vite les Go) envoyés depuis le serveur s'accumulent.
Quand les internautes visitent un site qui parle d’un jeu, d’un manga, d’un film ou d’un voyage, ils aiment voir en images de quoi il s’agit, cela vient en complément du contenu texte. Sur Kanpai, il y a même une rubrique totalement dédiée à nos photos du Japon, où l’on compte déjà plus de 1000 fichiers image qui, même si elles ont été optimisées, coûtent de l’espace et donc de la bande passante.
Ainsi, c’est un surcoût à prévoir dans le budget au niveau serveur : pas tant l’espace mais surtout la bande passante, il convient donc de bien choisir son hébergeur en fonction des prévisions de fréquentation et de sa croissance.

Je reparlerai dans un prochain article des frais liés à la gestion d’un site web, ainsi que des économies de bande passante réalisables plus ou moins facilement lorsqu’on atteint un certain niveau de trafic.

Enfin, on peut également penser à une éventuelle pression, instaurée progressivement et insidieusement par l’accroissement des courbes d’audience, sur la qualité et la fréquence de mise à jour. Évidemment, sauf cas exceptionnel, ce point est dans la tête du webmaster uniquement. Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’un site Internet 📶 n’est pas un dû mais une simple source d’information. Plus on se met la pression, plus on perd du naturel et de la fraîcheur qui font la qualité et l’originalité des articles. Et j’imagine que tous les lecteurs préféreront 2 articles de qualité par semaine plutôt que 5 inintéressants... Je me trompe ?

J’oublie sûrement certains points que d’autres webmasters ont pu et peuvent rencontrer face à l’augmentation du trafic sur leur site.
L’objectif était de soulever le fait que plus d’audience ne rime pas forcément avec relâchement. Au contraire, j’aurais plutôt tendance à penser que plus un site est fréquenté, plus son webmaster devra passer du temps à sa maintenance, son alimentation, y investir de l’argent, et ainsi de suite.

Tant que cela reste un plaisir, le problème est sans doute atténué !

Mis à jour le 24 décembre 2014 -