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Ascension du Mont Fuji

Témoignage et guide pour gravir la montagne sacrée 🗻

L'avis Kanpai
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L'ascension du Mont Fuji est une randonnée pédestre qui consiste à gravir la pente du Fuji-san jusqu'à son sommet situé à 3.776 mètres d'altitude. Les différents sentiers d'ascension sont ouverts 24h/24 aux visiteurs, seulement pendant l'été. Cette expérience unique et typiquement japonaise s'avère très populaire ; l'intérêt ultime étant d'admirer le lever ou le coucher du soleil depuis le sommet.

Celui qui gravit le Mont Fuji 🗻 une fois est un sage, celui qui le fait deux fois est un fou.
-- proverbe japonais

Après Tokyo, le Mont Fuji est probablement l'attraction touristique la plus connue au Japon. Son rayonnement au niveau international est tel que le "Fuji San" (et non Fujiyama) suscite beaucoup de légendes et de fantasmes. Dans son Ni d’Ève ni d'Adam, Amélie Nothomb explique qu'en le gravissant, on devient Japonais. Loin de nous cette volonté d'y prétendre, mais lors d'un passage au Japon en été, il nous fallait nous attaquer à sa plus haute montagne (3776 mètres d'altitude).

Voici donc notre compte-rendu complet accompagné de photos et de nombreux conseils si vous souhaitez en faire de même.

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Quand peut-on gravir le Fuji-san (saisons et horaires) ?

L'ouverture de la montée est limitée à une saison courte qui dépend des sentiers d'ascension. Par Yoshida, le sentier le plus couru (150.000 grimpeurs en 2018), la période officielle couvre un peu plus de deux mois en été : généralement juillet, août et début septembre. Par les autres sentiers (Subashiri, Gotemba, Fujinomiya et Ohachi-Meguri), la saison est un petit peu plus courte.
Pour échapper tant bien que mal à la foule, il convient d'éviter les week-ends et surtout la période autour d'Obon (mi-août). Avant la mi-juillet et début septembre restent les périodes les moins encombrées.

Hors de la saison touristique, l'ascension est fortement déconseillée voire interdite par les autorités, à cause de trop nombreux accidents même de grimpeurs aguerris. Il faut par ailleurs s'enregistrer auprès des préfectures de Yamanashi et Shizuoka et l'ascension s'effectue à vos risques et périls.
Le 28 octobre 2019, un streamer de la plateforme de vidéo NicoNico, pourtant habitué de l'exercice, a chuté en direct pendant l'ascension. Son corps sans vie a été retrouvé deux jours plus tard, près de 800 mètres plus bas, ce qui lui valut un Darwin Award.

La neige ❄️ s'installe sur le bon tiers supérieur du Mont généralement aux alentours de fin octobre / début novembre. Sa première apparition de l'année est appelée 初冠雪 hatsu kansetsu.

Globalement, on peut considérer qu'il y a deux créneaux pour monter le Fuji San qui consistent à contempler, de son sommet, soit le lever soit le coucher du soleil. Pour notre part, c'est la première option que nous avons choisie. Après tout, 日本 "Japon" signifie "origine du soleil", d'où l'expression de "pays du soleil levant".

Pour cela, il nous a donc fallu grimper de nuit et redescendre au matin. Depuis Shinjuku à Tokyo, un bus fait la navette plusieurs fois par jour dans un sens comme dans l'autre, via la route "Fuji Subaru Line". Il est conseillé de réserver ce bus à l'avance ; c'est faisable via cette page web, puis le paiement se fait sur place (en face de Yodobashi Camera) jusqu'à quelques minutes avant le départ, pour un coût de 5.800¥ (~35,86€) aller-retour. Le bus dépose les randonneurs à la cinquième station, lieu de départ de la randonnée pour la majorité des grimpeurs. Alternativement, il est possible de s'y rendre en voiture 🚙.

Un projet de ligne ferroviaire entre la base du Mont Fuji et la 5è station a été validé par le préfecture de Yamanashi en février 2021, pour un tarif prévisionnel aller-retour de 10.000¥ (~61,83€). Le coût de construction est estimé à 140 milliards de Yens (~865,7 millions d'euros), pour une utilisation par 3 millions de voyageurs par an. Aucun calendrier n'est encore annoncé.

N'oubliez pas de vérifier la météo du Mont Fuji avant de partir : évitez les jours où de la pluie ☔️ est prévue, et ne pensez même pas à en approcher en période de typhon 🌀 !

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Quel matériel prévoir pour l'ascension ?

Une première précision pour couper court à certaines fausses informations : gravir le Mont Fuji est loin d'être une promenade de santé. Cela demande une condition physique, de la volonté et surtout une bonne préparation.

Prévoyez d'être équipés de l'ensemble du matériel avant l'arrivée sur place. Plus on monte en altitude, plus les tarifs proposés dans les huttes ou distributeurs automatiques grimpent ridiculement haut.

Habits :

  • plusieurs épaisseurs en haut ainsi qu'un coupe-vent imperméable ;
  • un pantalon (si possible imperméable) dans lequel vous vous sentez à l'aise, éventuellement accompagné d'un caleçon long en-dessous ;
  • de grosses chaussettes voire des sur-chaussettes en plus ;
  • chaussures de randonnée indispensables (n'envisagez même pas de grimper en baskets) ;
  • bonnet et/ou capuche ne sont pas de trop.

La plupart des accessoires peuvent se trouver facilement dans un 100¥ Shop au Japon, donc contre un budget raisonnable :

  • un sac à dos logeable et léger ;
  • une lampe frontale, extrêmement utile pour la montée de nuit ;
  • des gants, si possible grippants ;
  • une serviette contre la transpiration ;
  • des lunettes de soleil et de la crème solaire pour la descente ;
  • un petit sac poubelle (les poubelles se font très rares sur place) ;
  • quelques milliers de Yens en espèces ;
  • un antalgique au cas où.

Nourriture et boissons :

  • des barres de céréales / énergisantes, des biscuits secs, des compotes aux fruits ;
  • beaucoup d'eau, ainsi qu'éventuellement une boisson énergisante.

Matériel photo :

  • si possible un petit appareil photo, léger et qui ne craint pas trop ;
  • éviter le reflex, ou avec un seul objectif ;
  • oubliez le trépied (ce qui explique la piètre qualité de nos photos, d'autant que les conditions de la randonnée ne facilitent pas la prise de vue).

Note de mars 2015 -- Suite au douloureux épisode de l'éruption meurtrière (plus de 60 décès) du Mont Ontake fin septembre 2014, situé à seulement 120 kilomètres au nord-ouest, les autorités japonaises incitent désormais les grimpeurs du Mont Fuji à porter un casque, des lunettes protectrices et un masque 😷 anti-poussière, en plus d'un imperméable, une lampe frontale et des vêtements chauds. Ces consignes ne sont pas suspensives à l'ascension du Mont Fuji, mais rappellent le risque de voir le volcan 🌋 un jour entrer en éruption.

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Conseils pour la montée

En effet, le Mont Fuji est constitué de dix stations en plus de ses huttes-relai, la première étant sa base et la dixième son sommet. La cinquième station se situe à 2305 mètres d'altitude, le dénivelé à monter s'étale donc sur près de 1500 mètres, pour environ sept kilomètres de marche. Quelques infos toutefois : si la montée est déjà un petit challenge, sans non plus relever de l'escalade, sachez qu'elle peut devenir infernale en cas d'embouteillage. Il faut donc éviter à tout prix de se planifier le Fuji San en week-end, encore moins pendant les vacances scolaires japonaises (à partir de mi-juillet) et surtout pas pendant Obon (un festival bouddhiste qui se tient du 13 au 15 août). Pendant toute la saison officielle en tout cas, inutile de louer les services d'un guide-accompagnateur pour l'ascension.

Nous avons pris le dernier bus de la journée, un jeudi de la première quinzaine de juillet. Départ de Tokyo à 19:30, arrivée à 22:00. Il fait encore près de 30°C à Tokyo, facilement dix de moins à la cinquième station de Fuji. Au sommet, souvent 0°C et les vents rajoutent une sensation glaciale. Prévoyez donc de quoi vous couvrir, comme indiqué plus haut. On transpire beaucoup pendant la montée mais le corps se refroidit très vite et lorsque vous attendez l'aurore au sommet, du coup vous serez bien content d'avoir multiplié les épaisseurs au fur et à mesure de l'ascension.

Le montée du Fuji San est un certain challenge. Nous sommes plutôt sportifs donc ça n'a pas été trop difficile mais tout le monde ne pourra pas en dire autant. Maintenant, c'est évidemment la volonté qui prime puisque beaucoup de personnes âgées Japonaises arrivent à son sommet. Pas aussi vite, certes, mais pour qui l'a décidé ce n'est pas infaisable. Nous avons mis 5h15 à grimper par le sentier Yoshida (départ à 2.300 mètres d'altitude), en nous aménageant des temps de repos de quelques minutes et en comptant des embouteillages sur la dernière heure.

La randonnée commence simplement par un sentier facile, puis ça se corse sérieusement dès la septième station avec une montée très rocailleuse qui vous excitera le palpitant. Tout le long de la montée, les stations et des huttes-refuges (liste complète) vous accueillent et vous vendent, à prix croissant au fur et à mesure de l'avancée : boissons, ramen 🍜 / miso, et bouteilles d'oxygène (inutile pour les asthmatiques équipés de Ventoline ; rassurant pour les anxieux d'une éventuelle éruption). Il est même possible de dormir dans certaines de ces grandes huttes, moyennant 5 à 7.000¥ (~30,92€ à ~43,28€) avec un riz au curry 🍛 inclus.

Faire l'ascension du Mont Fuji est une expérience fascinante : des échanges cordiaux voire camaradesques du début et des pauses aux relais, jusqu'aux souffles d'effort appuyés par tous les grimpeurs lors des passages difficiles. Près du sommet, le sentier se resserre, le silence devient aussi irréel que l'ombre majestueuse du Fuji San dessinée par la pleine lune. Des responsables du parc national nous encouragent et nous donnent le temps restant avant le sommet.

Puis l'on traverse ce dernier torii ⛩️ et nous voici en haut admirant, à mesure que l'horizon s'élève, la région de Hakone jusqu'à la baie de Tokyo entourées d'une mer de nuages. Spectacle merveilleux et étrangement calme du lever du soleil, entre les "banzai!" des Japonais, leur fier drapeau qui flotte au vent et l'hymne national joué en fond à travers des hauts-parleurs sans âge.

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Le moment de la descente

La descente est d'un autre style. Amusante au départ car très abrupte et plus sableuse, elle est étonnamment plus exténuante. Avec la fatigue de la montée qui a mobilisé tous les muscles des jambes, c'est au tour des articulations d'être sollicitées, notamment les chevilles et les genoux. Les quadriceps vont de nouveau travailler et nous vous conseillons absolument de forcer sur ces étirements une fois en bas. Il nous a fallu 2h30 pour effectuer la descente, mais celle-ci paraît étonnamment plus longue sans doute à cause de la fatigue, de la chaleur et de sa répétitivité.

Arrivés en bas, en attendant le premier bus de la journée à 10h, la touristique cinquième station déroule son ensemble de magasins de souvenirs et de restaurants. S'y croisent alors les randonneurs frais prêts à monter et ceux avec des valises sous les yeux. Autour de ce ballet, les cars de touristes asiatiques vont et viennent pour dévaliser les magasins et se prendre en photo devant tout et n'importe quoi. Monter le Mont Fuji, en chemise et chaussures croco, est pour eux hors de propos.

Dommage pour eux : ils évitent une expérience exceptionnelle, indispensable à tout voyageur au Japon.

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Le Mont Fuji rejoint l'Unesco mais devient payant

Le samedi 22 juin 2013, l'un des monuments les plus emblématiques du Japon, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Tokyo, a enfin rejoint la liste du Patrimoine Mondial. La zone classée par l'Unesco s'étend du cône du volcan, souvent enneigé, jusqu'à sa base, incluant ses sentiers de randonnée ainsi que sept sanctuaires. Le Mont Fuji, inscrit au titre de "lieu sacré et source d'inspiration artistique", en rejoint 16 autres sur la liste des biens culturels et naturels japonais.

Cette reconnaissance de l'Unesco intervient alors que les préfectures japonaises responsables du Fujisan, Shizuoka et Yamanashi, s'apprêtent à mettre en place des frais d'ascension.

Une expérimentation a d’abord été menée lors de la saison de l’été 2013, introduisant une "donation" de 1.000¥ (~6,18€) à verser sur la base du volontariat par les personnes souhaitant gravir la montagne. Le principe du caractère payant de l’accès au Mont Fuji a ensuite été entériné en mars 2014 avec pour but de préserver l’environnement du plus haut sommet du Japon devant l’accroissement constant du nombre de randonneurs. A la saison 2014, environ 60% des randonneurs avaient réglé cette "taxe volontaire", un chiffre en baisse de 20% pour le début de saison 2015.

La limitation du nombre de randonneurs quotidiens, un temps évoquée, est confirmée en octobre 2015 : les autorités préfectorales de Shizuoka et Yamanashi fixent un nombre maximum de grimpeurs par jours qui doit entrer en vigueur en juillet 2018. En effet, durant l’été 2014, 285.000 personnes ont gravi le volcan (dont environ 15% d'étrangers). En 2016, quatre journées de l’été ont vu le nombre de grimpeurs dépasser 4.000 par jour. En 2019, plus de 5 millions de personnes s'étaient arrêtées à la 5ème station (c'est plus du double qu'en 2012) mais la très grande majorité ne commençait pas l'ascension.

Même en 2018, ce tweet du designer japonais Mikio Kiura rappelle que la fin de l'ascension subit elle aussi les mauvais côtés du tourisme de masse. Pour se protéger au maximum de la foule, il est impératif d'éviter l'ascension entre le vendredi soir et le dimanche après-midi, ainsi qu'autour de la période de congés Obon (mi-août).

L’introduction d’une tarification ne nous choque pas outre mesure, vu le caractère sacré du volcan, bien au-delà des huttes payantes, des magasins disséminés à chaque étape ou des distributeurs automatiques. Si ces 1.000¥ par randonneur peuvent contribuer à la préservation et la majesté du lieu, cela ne paraît pas délirant puisque la plupart des temples et sanctuaires visités au Japon réclament des frais d'entrée allant généralement de 3 à 600¥ (~1,86€ à ~3,71€). Et que dire d'exceptions comme le temple des mousses, qui demande pas moins de 4.000¥ (~24,73€) !

Depuis 2020, les frais de 1.000¥ (~6,18€) pour l'ascension deviennent obligatoires. En 2023, les préfectures de Yamanashi et Shizuoka en charge de la gestion du Mont Fuji ont mis en place le paiement d’une redevance de 1.000¥ (~6,18€) par personne pour gravir le volcan entre la 5e station et le sommet. La participation à la préservation du Mont Fuji ( 富士山保全協力金) n’est possible que pendant la saison d’ascension, et payable de plusieurs façons :

  • Sur place, à l’entrée du sentier de randonnée choisi. La plupart des moyens de paiement sont acceptés, mais les horaires d’ouverture des guichets peuvent varier.
  • À l’avance à la borne automatique d’un des konbini 7/11, FamilyMart, Lawson ou Ministop du pays (attention : la plupart du temps en japonais uniquement).
  • Par internet, en passant par le lien dédié sur les sites des préfectures de Yamanashi ou de Shizuoka, en fonction du sentier choisi (en japonais uniquement).

Il est aussi possible de faire un don de 1.000¥ sans pour autant gravir la montagne.

À partir de 2024 : régulation renforcée du nombre de grimpeurs sur 24h

En février 2024, la préfecture de Yamanashi annonce la mise en place d’un droit d’entrée supplémentaire de 2.000¥ pour les randonneurs accédant au Mont Fuji par le sentier Yoshida. Celui-ci est en effet le plus fréquenté, et cette décision intervient pour réguler les flux de visiteurs et renforcer leur sécurité. De plus, les autorités, tant de Yamanashi que de Shizuoka, prévoient l’installation de barrières fermées entre 16h et 3h du matin sur tous les sentiers dès l'été 2024 afin d’empêcher l’accès aux randonneurs sans réservation dans un refuge, pour éviter le phénomène de "bullet climbing", l’ascension sans halte avec risque de mal aigu des montagnes. D’autres mesures de sécurité incluent la limitation du nombre de grimpeurs à 4.000 par jour et la construction d’abris en cas d’éruption du Fuji-san.

En juin 2023, à l'approche de la saison qui marque les 10 ans de l'inscription du mont Fuji au patrimoine de l'Unesco et le 1er été post-covid 🦠 ouvert à tous, les organisateurs locaux s'alarmaient d'une possible affluence exceptionnelle de 300.000 randonneurs qui pourraient faire l'ascension cette année. En effet, le nombre de nuitées déjà réservées au sein des refuges était en forte augmentation. Cette estimation n'est pas une bonne nouvelle pour ceux qui assurent la sécurité des sentiers de randonnée, ils craignent davantage d'accidents corporels (risque de chutes de pierres et hypothermie) ainsi que des embouteillages plus importants au sommet pour le lever du soleil.

Finalement, en 2023, le Mont Fuji a été gravi par 221.322 randonneurs selon les statistiques du Ministère de l’environnent japonais. L’augmentation a certes été forte par rapport à 2022, mais la fréquentation reste tout de même dans les moyennes pré-Covid.

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Du wifi gratuit au Mt Fuji !

En 2015, il est par ailleurs annoncé que huit hotspots wifi 📶 gratuits sont installés le long de l'ascension (dont trois au sommet), pour permettre en particulier aux étrangers de partager leur expérience en direct sur les réseaux sociaux et par e-mail. 70.000 cartes explicatives sont distribuées gratuitement aux visiteurs pendant ce premier été de disponibilité.

Les langues disponibles pour la connexion sont le japonais, l'anglais, le chinois (traditionnel et simplifié), le coréen et le thaï.

En 2016, Wire & Wireless met en service son réseau sur place du 10 juillet au 10 septembre.

⬇️ Plus bas sur cette page, découvrez nos conseils de visite à Ascension du Mont Fuji et autour.
Par Kanpai Mis à jour le 23 février 2024 Climbing Mt Fuji