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L'afflux de touristes au Japon n'est pas qu'une bonne nouvelle

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Si la fréquentation touristique au Japon cristallise toutes les attentions depuis plusieurs années, les records s'enchaînent les uns après les autres.

Populations touristiques et dispenses de visas

Du point de vue occidental, ces chiffres n'impliquent pas forcément au premier coup d'œil qu'environ deux tiers des touristes au Japon sont des Asiatiques. Depuis 2013, la première nationalité touristique non-Asiatique sur l'archipel provient des États-Unis, avec seulement... 7,7% du total, en baisse à 4,8% en 2017 ! Cette même année, Hong Kong, Taiwan, la Corée du Sud et la Chine représentent à elles-mêmes 74,2% des touristes, tandis que le reste de l'Asie se partage seulement 11,9% des touristes au Japon.

En 2016 la France, toujours détentrice du record du monde avec 3,5 fois plus de touristes que sa concurrente nippone, accueillait 2 millions de touristes chinois (en légère baisse par rapport à 2015 année historique), soit trois fois moins qu'au Japon, depuis la récente politique d'augmentation du nombre d'émission des visas et des délais d'obtention raccourcis de manière drastique.

Le peuple japonais joue donc à l'équilibriste avec ses voisins d'Asie, des populations qu'elle n'apprécie pas toujours et avec lesquelles les relations sont parfois plus que tendues (l'exemple Yasukuni résonne à intervalles réguliers). Toutefois, si l'économie japonaise veut se relever, cela passera par le tourisme et le gouvernement l'a bien compris. Ainsi, comme avec la France et de nombreux autres pays du monde, l'accord sur la dispense de visa pour les visites touristiques de moins de trois mois devrait s'étendre à de nouvelles populations. Actuellement en Asie, seules la Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong-Kong, Macao, Indonésie, Malaisie, Thaïlande et Brunei (15 jours seulement pour les deux derniers) sont concernées. Rapidement, devraient en bénéficier elles-aussi les Philippines et le Vietnam. Si la Chine entre un jour dans cette liste, les vannes seront alors grandes ouvertes !

Il s'agit par-là même de concurrencer l'éternel adversaire du Japon, la Corée du Sud, dont la fréquentation touristique ne cesse d'augmenter ces dernières années avec son attrait culturel.

Contraintes d'un tourisme croissant au Japon

N'ayons pas peur des mots : cette population touristique asiatique est en quelque sorte le passager invisible aux yeux de l'Occidental. Pour un œil non averti et une oreille qui ne maîtrise pas la langue de Musashi, en effet, rares sont les clés permettant de différencier les autochtones de leurs voisins d'Asie.

Pourtant, certaines de ces populations ne partagent pas les valeurs et coutumes avec lesquelles les Japonais aiment à se définir. Ainsi, on remarquera parfois des comportement bruyants ou peu disciplinés dans l'espace public, qui auront le don d'énerver des Japonais qu'on devine régulièrement gênés. En 2018, une expression fait le buzz au Japon : 観光公害 kankô kôgai, "la pollution touristique" notamment en référence à Kyoto.

Attention : il n'est pas question de stigmatiser une nationalité ou une autre, mais de remarquer des habitudes parfois décalées, ou encore un comportement de relâche à l'étranger commun à beaucoup de peuples. Cela avait d'ailleurs déjà été soulevé dans un précédent article à travers le prisme des touristes français au Japon.

De fait, l'archipel japonais reste exigu et pas toujours adapté à un afflux massif de visiteurs. Nombre de magasins, et pas seulement les konbini, ont des allées d'une étroitesse parfois étonnante. Le réseau de transports (trains 🚅, bus et métros 🚇) est totalement inadapté à l'acheminement de bagages et peu d'étrangers connaissent le système de takuhaibin qui s'avère, du reste, encore parfois difficile à appréhender pour un non-japanophone.

Que penser, par ailleurs, de Kyoto dans cette problématique globale ? Ville touristique par excellence, elle montre une inamovibilité confondante lorsqu'il s'agit de faire évoluer un réseau de transport hiératique, à des années-lumières de cette volonté d'accueillir plus de touristes. Alors imaginez en période de sakura 🌸 et de momiji 🍁 (où l'on fait la queue pendant plusieurs heures pour entrer dans certains temples, en particulier pour les nocturnes) ou encore pendant Gion Matsuri (où tout le centre-ville est bloqué pendant plusieurs jours) !

Les prêcheurs du "c'était mieux avant" vous le bougonneront tous : avant 2004 et les campagnes Cool Japan, on voyageait plus tranquillement sur l'archipel nippon ! Heureusement, le voyage au Japon ne se limite pas au triptyque Tokyo / Kansai / Hiroshima-Miyajima, ni au couple de saisons printemps-automne. En février à Kagoshima, par exemple, vous ne risquez pas d'être dérangés par des hordes de touristes... Et de nombreux petits joyaux que l'on vous présente sur Kanpai sont boudés des touristes car absents des guides et tours-opérators. Ce qui laisse forcément beaucoup de choix pour être tranquille dans ses découvertes de l'archipel !

Mis à jour le 07 août 2018 -