Coronavirus Japon Juillet 2020

La fermeture des frontières japonaises n'a pas permis d'éviter la deuxième vague

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Mercredi 29 juillet, comme un grand nombre de pays du monde, le Japon a diffusé ses statistiques quotidiennes liées au Covid-19. Mais ce jour a marqué un petit tournant dans sa lutte contre la pandémie, car l'archipel a recensé :

  • plus de 1.000 cas quotidiens confirmés pour la première fois (et 1.307 le surlendemain),
  • dont 221 cas à Osaka, également un record,
  • et 250 cas à Tokyo (et jusqu'à 472 le 1er août, son maximum à date) alors que plus de la moitié de ses ~12.000 infections sont survenues ce même mois.

Certes, le Japon reste l'un des pays qui ont le mieux combattu le virus jusqu'à présent. Et pour cause, malgré un doublement du nombre de cas au Japon depuis fin juin (qui s'explique également par une augmentation importante du nombre de tests ciblés) :

  • le nombre de décès liés au Coronavirus n'y a augmenté que de quelques individus seulement ;
  • sa quantité de cas graves reste basse et ses hôpitaux ne sont pas surchargés, loin de là ;
  • le taux de mortalité du premier trimestre est en baisse de 0,7% par rapport aux 5 années précédentes ;
  • on y recense à fin juillet des statistiques pour le moins remarquables comparativement à d'autres grandes puissances :
Pays Nombre de cas
(% de la population)
Nombre de morts
(% de la population)
Japon ~35.000
(0,03%)
~1.000
(0,0008%)
France ~187.000
(0,28%)
~30.000
(0,05%)
États-Unis ~4.580.000
(1,35%)
~154.000
(0,05%)

Au 30 juillet, les préfectures les plus touchées étaient :

  1. Tokyo (12.200 cas)
  2. Osaka (3.800)
  3. Kanagawa (2.400)
  4. Saitama (2.300)
  5. Fukuoka (1.800)

🦠 La xénophobie ne protège pas de la pandémie de Covid-19

Entendons-nous bien : le Coronavirus 🦠 est une véritable catastrophe sanitaire et économique mondiale, et la moindre statistique de personne touchée est de trop. Mais la pandémie aura au moins servi à une chose : mettre une gifle monumentale aux théories xénophobes, dont les relents au Japon surviennent dès que le pays fait face à une quelconque menace. Le populisme et ses raisonnements biaisés, hélas, y font aussi florès, d'autant que Shinzo Abe lorgne vers une droite tantôt radicale.

Les États-Unis avaient leur "virus chinois" (sic) où la communication complotiste cherche moins à protéger ses citoyens qu'à jeter de l'huile sur le feu 🔥 d'une guerre commerciale parfois absurde. Le Japon a, lui, son idée habituelle que l'étranger est impur et qu'il apporte des maladies. Pour cela, le gouvernement nippon avait donc la solution miracle toute trouvée : fermez les entrées à 159 nationalités et bye-bye le Covid !

Sauf que malgré leurs frontières toujours fermées, même aux résidents étrangers qui avaient eu l'indélicatesse de sortir du territoire, les Nippons connaissent depuis début juillet leur deuxième vague de Corona. Certes, elle reste sans commune mesure avec ce que subissent de nombreux territoires tels que l'Iran, Hong-Kong ou l'Australie, mais les courbes restent éloquentes (voir notre image de une).

Mais les Japonais ont oublié par facilité que ce virus n’a pas de visage, il sévit quels que soient :

  • la nationalité,
  • le niveau de vie,
  • la couleur de peau,
  • les limites géographiques même naturelles.

Sans vaccin ou traitement médicamenteux, la seule protection reste encore la solidarité entre tous : le respect des gestes barrière et notamment le port du masque 😷, ainsi que les tests massifs de dépistage et la quatorzaine des cas-contact.

🇪🇺 L'exemple d'une Europe ouverte cet été, mais sans rechute

Prenons l'exemple européen, et a fortiori français : les réouvertures de frontières intra et extra-Schengen n'ont pas généré de seconde vague même 4 à 6 semaines après les levées. Demandez aux habitants de la côte Atlantique en France, de la Bretagne aux Landes : les R₀ (taux de reproduction) supérieurs à 1 sont bien liés aux visiteurs estivaux, certes, mais la fréquentation touristique y est sans commune mesure avec celle des années précédentes.

Et pour cause : les Anglais, Allemands, Belges et Hollandais, d'habitude très friands de nos plages 🏖 occidentales et pourtant autorisés à la villégiature en nos terres depuis le 15 juin, n'y sont que peu ou prou présents, d'ailleurs au grand dam des commerçants, hôteliers et restaurateurs.

Mais l'Europe n'a, elle, pas (encore ?) connu cette fameuse deuxième vague tant redoutée. La fin de l'été validera ou non ce ressenti des côtiers habitués.

Mise à jour du 31 août : De toute la côte Atlantique, seule la Gironde est classée à ce jour en département rouge, à cause de la densité de population dans la métropole de Bordeaux, non liée directement au tourisme, validant notre analyse ci-dessus.

🇯🇵 "Go To Travel", bientôt "Go To Japan" ?

La leçon : pas besoin des étrangers pour faire circuler le virus et le Japon est désormais en train de le comprendre. Prenez la campagne "Go To Travel" lancée le 22 juillet (contre l'avis de leurs experts sanitaires), qui offre des réductions aux résidents sur les voyages dans d'autres préfectures du pays, excluant Tokyo jusqu'au 30 septembre. En faisant l'apologie du tourisme intra-national, elle faisait en creux celui du tourisme tout court puisque, rappelons-le, les Japonais sont les premiers visiteurs de leur propre pays.

Le jour même, ainsi, où le nombre de cas de Coronavirus quotidiens au Japon dépassait 1.000 pour la première fois depuis le début de la pandémie, les Ministres des affaires étrangères sino-japonais respectifs s'entretenaient pour rouvrir les frontières nipponnes aux touristes chinois, premiers visiteurs de l'archipel en nombre et en dépenses.

Devraient suivre rapidement de nombreux autres pays asiatiques et, logiquement, l'Europe à plus ou moins court terme. En tout cas, espérons-le ! Il ne faudra alors pas oublier les bonnes manières, aussi bien parmi les visiteurs que chez les résidents, pour continuer à maîtriser l'épidémie sans s'arrêter de vivre.

Mis à jour le 27 octobre 2020 - Japan to face a Covid-19 Second Wave Despite Closed Borders