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Conséquences de Fukushima : prudence et discernement

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Le récent épisode des papillons mutants de la région de Fukushima vient relancer le débat autour des conséquences de l’accident nucléaire japonais, suite au séisme et au tsunami qui ont frappé l’archipel le 11 mars 2011. Vite publiée et surtout vite partagée pour son pratique sensationnalisme, l’information a fait mi-août le tour de la presse, des sites et des réseaux sociaux en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. A-t-on assisté une fois encore au battement d’aile du papillon ?

Selon cette « étude », des tests effectués sur un échantillon de papillons, nés depuis les fuites de la centrale nucléaire de Fukushima, exposés à certains niveaux de radioactivité, montrent des anomalies. Or, la valeur des résultats apportés est depuis sérieusement remise en cause par la communauté scientifique, en particulier autour de l'échantillon testé et surtout de l'environnement choisi où les taux d'anomalie manquent de crédibilité.

On m’a parfois qualifié de trop naïf, voire d'inconscient – je préfère vous épargner l’éventail des épithètes et autres joyeusetés reçues. Venant de la part de ceux très prompts à surtout relayer le pire des catastrophismes, le jugement de valeur ne me touche sans doute pas autant qu’il le devrait. Je préfère parler de prudence face à l’information, que son trait soit volontairement trop forcé ou allégé. Exagérée ou amenuisée, sensationnaliste ou propagandiste, chaque vision extrémiste reste déséquilibrée.

Qu’on ne se méprenne pas sur mon point de vue : je suis le premier à me révolter d’une absence de transparence du gouvernement japonais ou de la faiblesse de certaines mesures de sûreté prises, à accompagner le courage d’un peuple qui se bat et manifeste sans relâche (tous les vendredis depuis cinq mois) pour connaître la vérité et que l’action soit engagée plus fermement, à craindre lorsque l’on commence à parler d’excroissances anormales chez certains enfants du Tôhoku.

Quand les dirigeants des gouvernements successifs ou des organismes incriminés n’assument pas et font tomber lâchement les têtes par voie de démission pointillée et tardive, les Japonais nous montrent une de leurs plus détestables facettes : celle qui nie une partie des risques et dangers pour une frange de la population qui doute et prend peur depuis bientôt un an et demie.

Mais je continuerai à refuser de voir le Japon comme terra non grata, destination pestiférée de toute la vastitude de ses milliers de kilomètres de long : depuis les cîmes d’Hokkaidô jusqu’aux plages 🏖 d’Okinawa. C’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle et d’un prosélytisme délictueux que de condamner tout un archipel dans son ensemble qui demande, une fois n’est pas coutume, que la force du groupe diffère du traitement de soutien individuel.

C’est la raison pour laquelle, encore et toujours, je supporterai tous ceux qui feront ce choix que je fais le plus régulièrement possible : le voyage au Japon, en évitant soigneusement cette « zone noire » de plusieurs dizaines de kilomètres autour des centrales nucléaires concernées. Soyons honnêtes : avant même cette catastrophe, et Matsushima mise à part, le Tôhoku n'était sur la feuille de route que d'une grande minorité de touristes au Japon.

Si je peux me permettre une suggestion : ne vous laissez pas emporter par des convictions ou des conclusions trop hâtives, quelle que soit leur direction – catastrophiste ou négationniste. Cela ne pourra qu’obscurcir votre vision et réduire votre ouverture, et partant le champ des solutions possibles. Cela reste mon humble avis, à propos duquel je lirai avec intérêt vos remarques en commentaires, tant que nous ferons tous preuve d’ouverture d’esprit dans le débat.

Mis à jour le 26 juin 2020 -