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Princesse Mononoke (critique)

Ghibli / Hayao Miyazaki : Mononoke Hime

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Après de gigantesques succès critiques et publics, l’ensemble du studio Ghibli s’est lancé derrière MIYAZAKI dans un projet très ambitieux. Tellement d’ailleurs qu’il devait être le dernier pour le maître. Toutefois (hélas, murmureront certains), poussé par des dizaines de millions de spectateurs, et peut-être par un contrat décrié avec Buena Vista International, MIYAZAKI poursuivra sa carrière. Pour de nombreux amateurs, partant, Princesse Mononoke constitue l’acmé de son œuvre, un long-métrage si réussi qu’il en balaye beaucoup, jusqu’à sa grande sœur spirituelle, Nausicaä. Chronique d’un succès annoncé et mérité.

Trois ans de travail auront été nécessaires à la réalisation du film. Pour la première fois, l’animation s’est aidée de l’infographie, pour une centaine de plans sur les mille six cents qu’il contient au total. Une broutille face aux deux heures que dure le film, mais le financement s’en est ressenti : Mononoke aura nécessité un budget de 2,4 milliards de Yen 💴. À sa sortie en 1997, il attirera plus de quinze millions de spectateurs, rien qu’au Japon.

Pourtant, le film n’est pas seulement spécial de par son caractère très ambitieux et sa construction technique. Il est le premier MIYAZAKI à mettre en scène un protagoniste masculin vraiment présenté comme héros, là où l’on était plutôt habitués à des figures leader féminines. De plus, de par son caractère historique, aucun objet volant ne permet aux personnages d’évoluer dans les cieux : ils sont comme enchaînés à cette terre de violence et de mort. C’est aussi, en effet, le MIYAZAKI le plus dur jusqu’alors, traitant de manière étonnamment réaliste les blessures et décès.

Toutefois, l’auteur conserve des bases indéfectibles : la présence de femmes valeureuses, combatives et téméraires, prêtes à tout pour défendre leurs idées ; une morale écologique très appuyée par des décors et une mise en couleurs absolument superbes ; une émotion très présente, magnifiée grâce aux compositions exceptionnelles d’HISAISHI Joe ; une étude des personnalités particulièrement pondérée, s’évitant avec brio à tout manichéisme ; et surtout une ode poignante à la vie et à l’entente entre l’homme et la nature.

Réécriture intéressante de Nausicaä, dont il s’inspire parfois de manière éhontée jusqu’à la fin, Princesse Mononoke a su faire passer avec humilité et maestria des sentiments très forts. Il reste aujourd’hui encore un film incontournable au sein de la japanimation, et l’une des très grosses références du studio Ghibli.

Mis à jour le 25 avril 2015 -