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Kyoto, une capitale historique trop pépère ?

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Après quelque temps passé dans cette mégalopole électrique qu'est le grand Tokyo, l'arrivée à Kyoto change radicalement d'environnement. Bien qu'on reste dans une ville d'envergure remarquable, quoique beaucoup plus restreinte sur le plan démographique, l'ambiance générale du lieu n'a rien à voir. Il n'y a pas cette séparation par quartiers car Kyoto est construite entre les montagnes, dans une topographie quadrillée à l'américaine. Je ne vais pas vous rejouer le couplet usé de "tradition et modernité" mais Kyoto propose une approche tout à fait caractéristique, entre sa bardée de temples et sanctuaires über-touristiques, sa rivière verticale qu'on pratique en vélo 🚲, sa gare et ses nombreux étages (voire dédales) et sa multitude de minuscules artères à deux pas des grandes avenues.

Car Kyoto est bien la ville du paradoxe. Il y a déjà ce contraste entre la quantité de Japonais qui s’y baladent en habits traditionnels et l’architecture moderne de la ville qui met pourtant en valeur les spots historiques. Mais il y a surtout cette invraisemblance entre, d’un côté, l’aspect très touristique de la ville volontairement appuyé et, de l’autre, un réseau de transports en commun tout à fait lacunaire. Tout repose sur l’armada de bus qui, si elle dessert bien les lieux clés, se traîne quantité de défauts comme des boulets. Les horaires de fonctionnement, déjà, qui se calent pour certains bus sur la fermeture des temples. À 16-17h, donc, on perd 20 à 30% des cars disponibles. Entre 22 et 23h au plus tard, tous les autres finissent leur service. La taille des bus, ensuite, qui sont pour la plupart assez étroits et totalement inadaptés à la montée de bagages. Sueurs froides en perspective pour vos arrivée et départ… Parfois même, les bus filent devant certains arrêts tant ils sont déjà pleins. Enfin, leur coût : 220¥ / ~1,34€ fixes, quel que soit votre trajet intra-Kyoto — il faut allonger un supplément pour aller jusqu’à Arashiyama ou Fushimi Inari, par exemple. Heureusement la carte 500¥ / ~3,04€, qui offre les transports illimités sur la journée, est vite rentabilisée.

Pour sortir le soir à Kyoto, donc, il n’y a pas 36 solutions : soit il faut habiter au centre-ville (disons dans un rayon de 2km autour de Karasuma), soit prévoir un budget taxi, soit aimer marcher pour rentrer chez soi après 23h. Et ne parlez pas du métro 🚇 ! On se demande comment il peut être rentable, quoiqu’il soit assez cher : il n'a que 2 lignes qui desservent donc une petite partie de la ville et qui terminent également peu après 23h. Reste le vélo, facile à louer et économique (800¥ / ~4,86€ la journée en bas de chez nous) et amusant de par son utilisation omnivalente qui incite donc à pédaler sur de longs trajets. Si le temps est de la partie, nous ne pouvons que vous conseiller d’en profiter et de vous amuser sur les trottoirs.

Pour toutes ces raisons, et même si nous apprécions de passer quelques jours basés à Kyoto, nous conseillerions plutôt à des jeunes (disons, sans enfant) de squatter à Osaka. Kyoto est archi connue et on se demande même si elle n’est pas plus bardée de touristes que peut l’être Tokyo. Mais pour avoir pratiqué les deux à plusieurs reprises et dans différentes conditions, nous sommes en mesure d’avancer que Kyoto convient beaucoup plus à des familles ou à des gens plus posés qu’à des jeunes qui ne veulent pas se coucher avec le soleil. Et si on parle de point central du Kansai, encore une fois Osaka est mieux placée puisque sa gare Shinkansen 🚅 (Shin-Osaka) dessert beaucoup plus que Kyoto et est aussi proche des points d’intérêt du coin : Nara, Himeji, le mont Koya, Ise, jusqu’à Shikoku, Hiroshima / Miyajima et Fuji 🗻. C’est un fait : Osaka est un point de Honshû mieux desservi que ne l’est Kyoto. La ville bouge beaucoup plus, peut-être moins au niveau traditionnel mais elle a une véritable identité, une vie commerçante très active et une existence de caractère à la nuit tombée. Nous avons vraiment l’impression qu’Osaka ne demande qu’à être connue alors voici notre suggestion, sachant que le trajet Osaka-Kyoto dure à peine une demi-heure pour quelques centaines de Yens (gratuit en Japan Rail Pass !). Rien de vous empêche alors de passer deux ou trois journées à Kyoto pour faire ses immanquables.

Comme ça, tatie Suzette sera contente que vous lui rapportiez des photos du Kinkakuji et Kiyomizudera, et vous, vous aurez peut-être profité un peu plus de votre séjour dans le Kansai.

Mis à jour le 09 août 2016 -