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Playstation Move : le test et les possibilités

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On ne le dira jamais assez, avec sa Wii, Nintendo a plus que bousculé le marché des consoles. Grâce à beaucoup de flair et ma foi un peu de génie et de chance, ils ont réussi à réunir des personnes jusque là hermétiques au jeu vidéo 🎮 devant leur console, tout en faisant vivre une seconde génération la technologie de la Gamecube. Inutile de dire que cela a fait des envieux et il n’est pas surprenant de constater, alors que l’on approche gentiment de la fin de ce qui était autrefois un cycle de vie standard (la Xbox 360 aura tout de même bientôt 5 ans), Microsoft et Sony tentent de jouer les prolongations avec Kinect, prévu pour le 10 novembre prochain, et Move, en magasin depuis quelques jours.

Initiative jugée peu couillue lors de sa présentation à l’E3 de 2009, le PlayStation Move a vécu des débuts difficiles. En se calquant sur le concept de la Wiimote et en attaquant directement avec des démonstrations live certes déjà bien représentatives des qualités du produit, mais avec un fort arrière goût de bricolage, Sony avait peiné à convaincre face au rouleau compresseur Natal de l’autre camp. Puis le temps à passé, la réalité économique a rejoint Natal et pendant que ce dernier décevait en allant de downgrade en downgrade, le PlayStation Move a commencé briller par son côté ultra précis et polyvalent. Sans parler du fait qu’en singeant le concept de la Wii, le PSMove dispose aussi de ce petit côté rassurant du terrain déjà connu.

Qu’en est-il une fois en main ? Avec sa forme cylindrique et un poids idéal, la manette tient bien en main et s’avère plus confortable que l’anguleuse Wiimote. L’indexe tombe tout naturellement sur la gâchette analogique située à l’arrière tandis que le pouce vient se loger sur le gros bouton Move, comme il le ferait sur le A de la Wiimote. Les quatre boutons symboles de la PlayStation (croix, carré, triangle et cercle) sont également présents, mais s’avèrent minuscules et assez déroutant à la pression. Pas forcément désagréable à utiliser, mais différent de ce que l’on a d’habitude. Leur disposition en carré au lieu d’en losange risque également d’en perturber plus d’un, même si en ce qui me concerne, je n’ai pas eu de difficulté à m’y faire. Enfin, Start et Select sont situés sur les côtés, ne ressortent pas et sont ainsi très difficile d’accès. Du bon et un peu de moins bon donc, mais dans l’ensemble, la manette est quand même très agréable à prendre en main.

Ce qui amuse tout de suite, c’est bien sûr la petite boule lumineuse, en plastique souple, que la caméra PlayStation Eye utilisera conjointement aux senseurs de mouvements inclus dans la sucette pour traquer vos mouvements. Pouvant prendre multiples couleurs, et souvent sujet à de multiples moqueries, ce signe distinctif quelque peu ridicule de prime abord s’avère à l’usage d’une précision diabolique. Jusqu’à maintenant, dans l’utilisation du pointeur, je n’ai jamais ressenti tous les petits défauts connus avec la Wiimote. Pas de perte quand quelqu’un passe devant ou que l’on s’éloigne un peu trop, pas d’interférence avec la table basse en verre quand je pointe vers le bas, bref, aucun soucis et un pointeur qui, vraiment, se déplace avec une précision tout simplement parfaite. Juste un petit bémol très personnel, dans le choix de couleurs de la sphère, j’ai constaté que le rose avait tendance à être la couleur de prédilection par rapport à mon environnement. Quelque peu inapproprié pour une partie de Resident Evil 5 par exemple.

Aucune mauvaise surprise également quant à la détection de mouvement en tant que tel. L’engin répond bien et le déplacement en profondeur est tout simplement bluffant. On se retrouve bel et bien face à l’évolution logique du concept Wiimote adjoint du Wii Motion +. Même s’il m’est arrivé de voir la manette se comporter bizarrement à quelques rares reprises, j’ai encore de la peine à discerner si l’on touche aux limites de l’objet ou si c’est simplement l’implémentation dans le jeu qui est foireuse. En tout cas, dans l’état actuel des choses, j’ai eu tendance à constater que la manette se comportait généralement au pire aussi bien qu’une Wiimote+, ce qui est déjà très bon (même si quatre ans après, c’était un peu le minimum...).

Cette précision a toutefois un coût, puisque pour fonctionner, le Move devra impérativement être calibré, parfois au lancement du jeu, parfois avant chaque partie, parfois pas du tout, selon le titre. Et là où on tombe dans le surréalisme, c’est que quasiment chaque jeu a une manière différente de calibrer le Move. Parfois il faut pointer la caméra ou le centre de l’écran en appuyant sur le bouton Move, parfois sur la gâchette et j’ai même vu des choix plus exotiques, comme appuyer sur le bouton Select ultra mal placé, ou faire quelques mouvements. Pas super pratique et peut-être pas très casual dans l’approche, par rapport à une Wiimote qui, de base, ne demande rien niveau calibrage (même si c’est une autre histoire avec le Wii Motion+). Il y a aussi la caméra, qu’il faudra positionner soit au-dessus, soit au dessous de l’écran. La mode étant à l’écran ultra-slim, bonne chance pour la poser au dessus. Quoique si l’on en croit Kotaku, la gravité ferait très bien son travail. Je n’ai toutefois pas réussi à obtenir un résultat très probant sur mon téléviseur.

Bien entendu, même la meilleure technologie du monde n’est rien si les jeux ne suivent pas. Et si on peut difficilement faire des reproches sur la technologie pure du PS Move, la situation est toute autre du côté du line-up de lancement, surtout vis-à-vis des jeux dédiés au Move. En fait, il n’y avait tellement rien pour m’emballer, que, ayant déjà la caméra PS Eye, j’ai pris deux Move nus, un navigation controller et me suis contenté de faire le tour des différentes démos disponibles sur le PSN avant d’investir dans des jeux. Cela m’aura permis de constater que Sports Champions, malgré la qualité de la détection de mouvements, n’est définitivement pas pour moi. Que Start the Party! a beau être très intéressant du point de vue de sont utilisation de la réalité augmentée, j’ai passé l’âge où je pouvais m’amuser longtemps sur des jeux types Eye Toy Play. Et que Racket Sports, TV Superstars et Kung-Fu Riders sont des jeux relativement médiocres qui auraient au mieux mérité une sortie sur le PSN.

Par contre, j’ai aussi pu avoir un sacré coup de foudre avec Tumble, jeux PSN qui arrive, en toute simplicité, à nous démontrer toute l’efficacité du Move (ne cherchez pas plus loin, c’est à mon goût la meilleure démonstration de la précision du Move). J’ai aussi pu découvrir le nouvel Echochrome et son système de résolution de puzzle en gérant les ombres avec le Move faisant office de source de lumière sacrément intelligent. J’ai réalisé à quel point le Move pouvait être génial sur des jeux plus traditionnels, comme Resident Evil 5 qui, s’il garde sa grosse lacune de ne pouvoir tirer en bougeant, offre maintenant un système de visée d’une précision incomparable. Et j’ai pu voir que l’expérience cinématographique d’un Heavy Rain devenait encore plus intense grâce à la baguette magique de Sony.

J’en viens donc assez vite à la conclusion que le Move n’est pas vraiment une nouvelle façon de jouer, ou une révolution. Non, il s’agit simplement du pad à détection de mouvement le plus précis, le plus polyvalent et qui couplé avec les capacités techniques de la PS3 risque de nous offrir un nouveau niveau de confort dans nos expériences de jeux plus traditionnels. Je n’attends pas de lui qu’il réinvente la roue ou réessaye de nous vendre tout l’attirail de jeu casual que l’on peut déjà détester sur Wii. Non, moi je veux ce que Resident Evil 5 Gold Edition, RUSE ou Heavy Rain laissent entrevoir. Du jeu plus mature, simplement bonifié par l’ajout de mouvements précis et efficaces. Alors certes, cela rend cette technologie peut-être peu stimulante et fortement ennuyeuse face à un Kinect autrement plus prometteur (du moins sur le papier...), mais un handicapé du dual stick pour les FPS comme moi ne peut que se réjouir de voir arriver pareil objet.

Je ne sens pas trop le Move comme étant une technologie capable de réinventer la PS3, comme la Wiimote a pu le faire avec la Gamecube, ou Kinect pourrait le faire avec la 360. Toutefois, actuellement, il s’agit bel et bien de ce qui ressemble le plus à la Wii HD, tel qu’un joueur pourrait la voir. Et couplé aux différents éléments multimédia offerts par la PS3, je pense tout de même que cela peut faire une proposition de choix à qui souhaiterait faire un upgrade de son expérience Wii. Il sera également très intéressant de voir comment Nintendo réagira à tout ça. Une Wii HD avec un système de contrôle similaire à l’actuelle et une puissance de niveau égal ou supérieur à une PS3 pourrait n’avoir que des effets bénéfiques sur le Move, en facilitant les portages pour les tiers et peut-être faire office de coup dur encore insoupçonné pour Microsoft, parti sur une autre voie.

En tout cas, la guerre des Motion Controllers a bel et bien débuté cette semaine et elle risque de faire rage lors de ces prochaines années. De mon côté, si je ne voyais pas la chose d’un bon oeil, après avoir été tout de même un peu déçu par la révolution annoncée de Nintendo et m’être pris beaucoup de désillusions sur la Wii, j’en tire le positif en me disant que ce Move est tout à fait apte à bonifier nos expériences traditionnelles. Et l’essentiel est peut-être là. Avoir le meilleur outil permettant de réunir les différents publics du jeu vidéo autour d’une seule et même technologie sera déterminant pour remporter la bataille et le Move a, à mes yeux, toutes les cartes en mains pour y arriver.

Mis à jour le 16 septembre 2015 -