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PlayStation 4 et Xbox 3 : ce qu'on peut en attendre

⏱ 11 minutes

Sept ans de bons et loyaux services, c'est ce que nous auront offerts la PlayStation 3 et la Xbox 360, soit une durée de vie de consoles plus élevée que la moyenne. Julien a publié il y a quelques jours un article de bilan très complet autour de ces machines de la génération "crise" (j'ai horreur de ce mot fourre-tout, mais ce qu'il représente joue au moins pour partie dans leur longévité hors norme).

Toutefois, PS3 et 3-6 s'apprêtent enfin à passer le flambeau à leurs successeurs respectifs. À mon tour de prendre le relai et de rentrer dans le cœur de ce qu'on peut en attendre. Alors avec beaucoup de bon sens et une pincée de boule de cristal, découvrons ensemble ce que nous réservent certainement les consoles de la prochaine génération.

On veut des noms !

Les noms de projet pour ces deux nouvelles machines ont régulièrement fleuri. On entend le plus souvent parler d'Orbis et Durango, des noms de code pour les machines de développement qui seront oubliés d'ici quelques semaines, comme Project Café, Natal et tant d'autres en leur temps.

Je suis loin d'être d'accord avec lui sur d'autres sujets, mais je retrouve Julien Chièze de Gameblog sur le pressentiment d'une dénomination simplifiée qui éludera la numérotation, à la manière de la plupart des produits Apple. Je parie donc tout simplement sur "PlayStation" et "Xbox" : la force de la marque associée à la pureté du message, une modernité qui assume sa filiation, une itération qui souhaite s'imposer pour longtemps. En poussant l'idée, on peut même imaginer un simple "PS" ou "PSX", dans un système marketing qui passe tout au fer à repasser.

Au passage, certains seraient bien inspirés d'arrêter la diffusion de cette légende urbaine qui veut que le chiffre 4 signifie "mort" en japonais. Il y a très peu de syllabes différentes dans la langue japonaise, donc énormément d'homophones. Ajoutez à cela que les kanji tournent autour d'un système de clés très restreint en quantité, et que chaque caractère possède plusieurs lectures, donc les croisements possibles sont nombreux. C'est d'autant plus faux que les Japonais prononcent les chiffres de PS2 et PS3 à l'anglaise, donc un éventuel PS4 ne serait pas impossible, en tout cas pas pour cette raison.

Structures techniques

Vue ma méconnaissance technique des architectures, je serais bien malvenu de spéculer sur les hardwares de ces futures machines. Tout ce que l'on devine avec précision du côté utilisateurs, c'est que les nouvelles consoles de Sony et Microsoft seront bien plus puissantes, possiblement au niveau des actuels PC très haut de gamme, relançant un nouveau cycle de course au meilleur rendu graphique. Toutefois, il est toujours hasardeux de comparer des hardwares de consoles avec ceux des PC, l'exploitation des composants et surtout leurs interactions étant souvent très différentes. Ce que l'on peut avancer en revanche, c'est que leurs rendus devraient s'améliorer au fur et à mesure des premières années, contrairement à la Wii U qui, selon toute vraisemblance, peut être bien maîtrisée techniquement dès à présent.

Pour le reste, je prévois peu de surprises a priori. Le Blu-Ray devrait être repris et sur PS4 et sur Xbox 3, avec évidemment une compatibilité 3D (bien que je ne voie pas cette technologie dépasser le cap du bonus). Côté 4K, ce nouveau standard de résolution qui fait tant fantasmer, j'ai du mal à imaginer les constructeurs l'implémenter aussi vite, en tout cas pour le jeu. Maintenir et envoyer un flux d'aussi haute définition signifierait réquisitionner une part importante des capacités de calcul, donc rogner sur le reste. Du 4K d'accord, mais au détriment de la qualité technique des jeux ? Sans oublier que déjà peu de jeux vidéo 🎮 sur console tournent aujourd'hui rien qu'en 1080p... En revanche, pour les Blu-Ray, je pense que le saut sera franchi. Microsoft devrait également intégrer son Illumiroom, le prolongement de l'image hors écran, bien que cette technologie sente le gadget pour gamer.

On entend également parler de disques durs SSD, mais vu le prix de la technologie Flash, j'ai du mal à croire que l'un ou l'autre des constructeurs l'implémente dans leurs architectures. À mon avis, les temps de chargement ont encore de beaux jours devant eux.

Enfin, on peut attendre des manettes légèrement remodelées ; on parle notamment d'écrans tactiles (sans doute pas aussi grand que celui de la Wii U) ou au moins dans le dos pour la Dual Shock 4, comme sur PS Vita. Une chose est quasi sûre, c'est la rétrocompatibilité des anciens accessoires, y compris le PS Move que je n'imagine pas remanié vu son niveau de maîtrise actuel (malgré le désastre ludique). La donne est plus compliquée pour Kinect : on sait avec quasi-certitude que la prochaine Xbox embarquera un Kinect 2. Le premier ne devrait donc pas fonctionner, mais les jeux tels que Child of Eden seront vraisemblablement compatibles.

Interfaces utilisateurs et cloud

Comme la Wii U l'a bien compris et initié avec le Nintendo Network, la bataille de l'écosystème est cruciale. Le cross-plateforme et le partage devraient donc être encore poussés, en particulier par Microsoft avec son interface Smart Glass sur tablettes et smartphones 📱. Reste à savoir comment PlayStation Network et Xbox Live vont intégrer leur propre réseau social, en soclant sans doute une base commune avec MiiVerse.

Mais c'est surtout dans le cloud que réside le nerf de la guerre, comme le montre bien la cristallisation du rachat de Gaikai par Sony. Les constructeurs ont là l'opportunité d'augmenter facilement leurs marges, poussés par la réussite de Steam :

  • coûts de distribution (serveurs et bande passante) dérisoires par rapport au support physique
  • meilleure maîtrise du piratage et impossibilité de prêter son jeu
  • et surtout, assassinat pur et simple du marché de l'occasion, ennemi public numéro un des éditeurs depuis leur premier pixel

Si l'infrastructure technique ne permet pas forcément le jeu HD en streaming pour tout le monde aussi tôt, ce premier pas dans le nuage devrait surtout être un moyen de mieux contrôler la distribution et l'absence de circuits parallèles.

Cette dématérialisation annonce également la fin des boutiques de jeux vidéo physiques à moyen terme. La faillite des magasins Game a eu beau faire pleurer dans les chaumières, elle n'est que le reflet d'un marché qui converge vers cela depuis déjà de longues années. Gageons que ça s'attristera moins lorsque viendra le tour des mal-aimés de chez Micromania, et pour cause.

Ce jeu dans le nuage inspire d'ailleurs une poursuite, voire un renforcement des micro-transactions et donc du DLC. M'est avis qu'on n'a pas fini de voir des jeux en kit qui demanderont de passer plus d'une fois à la caisse.

Enfin, comment ne pas imaginer une récupération active des trophées et succès, un des rares derniers vrais remparts de la fidélité à une marque plutôt qu'à l'autre ?

Jeux et dates de sortie

Évidemment, toutes ces belles choses n'ont aucun intérêt si les jeux ne sont pas au rendez-vous. On s'est désormais habitués, depuis une décennie, à ce que les lancements de consoles s'accompagnent de line-ups relativement faiblards. La prise de risque minimale encourage les éditeurs à sortir des jeux "sûrs", souvent des nouvelles itérations de licences appréciées du public. Il faut donc prévoir, pour la fenêtre de sortie, des titres exclusifs peu originaux chez PlayStation comme chez Xbox. D'un côté : God of War, Killzone et éventuellement un nouveau Naughty Dog. De l'autre : Halo, Forza ou Gears of War.

Il y a de très fortes chances également pour que l'on voie des titres de "transition" chez les éditeurs tiers, à cheval sur les machines d'ancienne et de nouvelle génération. Les grosses licences toutes trouvées pour effectuer ces ponts sont les Assassin's Creed, Call of Duty, et autres FIFA. Sans oublier des portages "next-gen" de mastodontes comme GTA V. Quant aux titres exclusifs aux nouvelles machines (car impossibles à produire en l'état sur la génération actuelle), on pense bien sûr à WatchDogs et Star Wars 1313. Mais, évidemment, on attend également d'autres vraies nouvelles licences de la part des développeurs, si on leur laisse cette latitude. Espérons aussi que cette nouvelle génération ralentisse les copier-collers usants de FPS sans valeur ajoutée.

Une grosse interrogation également est l'éventuelle baisse de prix accordée aux jeux dématérialisés. On constate que contrairement à Steam, les canaux de distribution sur console accordent peu de vraies réductions, proposant même souvent le jeu à télécharger au même prix que sur support physique... une hérésie ! Espérons que Microsoft et Sony seront plus réalistes de ce côté-là, surtout s'ils souhaitent pousser le jeu dans le cloud.

Concernant les dates de sorties de ces consoles, on peut attendre logiquement la nouvelle Xbox pour la fin d'année 2013. Sony attendrait peut-être le printemps 🌸 2014, mais rien n'est encore sûr et, comme pour tout le reste, la période E3 (cette année : du 11 au 13 juin) et pré-salon devrait déflouter tout cela.

Inconvénients : le prix et le reste

Toutes ces nouvelles alléchantes ne doivent pas faire oublier un certain nombre de défauts corollaires, ou indépendants, auxquels les utilisateurs vont devoir faire face lors de leurs sorties. D'abord, il y a la question du prix de ces nouvelles consoles. Même si celles-ci seront certainement proposées en plusieurs packs, il est illusoire d'imaginer l'entrée de gamme à moins de 300€, et sans doute plutôt autour des 350 à 400€. Quant aux versions Premium (livrées avec un jeu, un disque dur plus conséquent et/ou un abonnement aux services), il faudra sans doute compter autour de 400 à 500€. Ce qui limitera une fois de plus les early-adopters à un public gamer, ou disposant d'un minimum de pouvoir d'achat.

Au-delà du prix, c'est trois revers majeurs que je vois se profiler à l'horizon :

  • une segmentation des zones qui rendrait impossible le jeu import, en particulier l'achat de titres japonais et américains ;
  • l'absence de rétrocompatibilité directe des jeux Xbox 360 et PS3, motivée par le chiffre d'affaire des consoles virtuelles et autres remakes ;
  • voire un jeu exclusivement connecté dans le cas où le cloud prendrait une part importante dans le système de fonctionnement.

Encore plus inquiétant : qui dit puissance et possibilités accrues, implique un temps de développement, ainsi que des ressources humaines et des coûts d'investissements augmentés. À l'heure où les dépôts de bilan et les fermetures de studios s'accumulent, combien d'éditeurs pourront assumer tout cela ? Combien devront se "résoudre" à développer pour un marché indépendant ? Verra-t-on les projets console fleurir sur Kickstarter ?

Enfin, n'oublions pas qu'il s'agit là possiblement de la dernière machine de salon pour l'un ou l'autre des deux constructeurs : le marché a évolué, la niche PC a repris du poil de la bête (c'est cyclique ?) et surtout, le jeu mobile a explosé ces dernières années et ne risque certainement pas de s'arrêter là. Dans la grande course à la convergence multimédia, le support de la console de salon à papa n'a probablement plus le luxe de pouvoir se partager en trois gros constructeurs. Il y a dix ans, c'est Sega qui rétrogradait au rang d'éditeur ; qui sera le prochain sur la liste ? Sans doute pas Nintendo qui a amorcé un virage malin dès 2006 avec la Wii. Beaucoup parient déjà sur Sony, dont les finances en berne n'augurent pas du meilleur. Mais rien n'est jamais joué d'avance...

Et la Wii U dans tout ça ?

Il faudrait être de mauvaise foi pour éluder la Wii U de ces nouvelles consoles de salon. Car même si Nintendo a ouvert le bal en premier, avec une console à peine plus puissante que les PS3 et Xbox 360, il serait idiot de mettre le constructeur Kyotoïte sur la touche. Son gameplay asymétrique au GamePad pourrait, bien exploité, faire beaucoup plus de mal à ses rivales qu'on veut bien le penser chez certains gamers.

Car la Wii U prépare pour les deux années à venir une salve de titres exclusifs long-sellers qui risquent de se vendre par centaines de milliers auprès des gamers : Rayman Legends, Pikmin 3, Wonderful 101 ou encore Bayonetta 2. Sans oublier Monster Hunter 3 qui, lui, devrait faire tomber les millions. Et depuis la keynote de mercredi dernier (qui a annoncé les nouveaux Zelda, Mario 3D, Mario Kart, Smash Bros et autres Xenoblade 2, Yoshi's Land ou Shin Megami Tensei Fire Emblem), j'en connais dans les crêmeries d'en face qui doivent commencer à se ronger les ongles...

On se reparle de tout ça au moment de l'E3 2013 ?

Mise à jour du 1er février : ...Et même avant, dès le 20 février, date à laquelle le Wall Street Journal dévoilera la nouvelle PlayStation (voir la vidéo).

Mis à jour le 26 juin 2020 -