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Horus Prince du Soleil (analyse)

Hols (Isao Takahata - 1968)

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Takahata et Miyazaki : des personnalités qui se dessinent

La création de Horus Prince du Soleil vient sous l’impulsion de Yasuo Ôtsuka en 1965, près de dix ans après l’ouverture de Tôei Dôga, succursale du groupe Tôei dédiée au cinéma d’animation. Celle-ci vise à concurrencer l’hégémonie d’Osamu Tezuka d’une part, et la puissance de frappe occidentale de Disney d’autre part. L’idée pour ce long-métrage est de concevoir le premier film animé destiné à tous les publics, et pas seulement aux enfants. Ôtsuka s’entoure d’Isao Takahata et Hayao Miyazaki, deux collègues animateurs syndiqués comme lui. Le premier sera placé à la réalisation pour la première fois de sa carrière, alors que le second qui ne devait être qu’un « simple » intervalliste, prendra rapidement le rôle de responsable du design scénique. Ainsi débute la production de Taiyô no Ôji : Hols no Daibôken, littéralement Le Prince du Soleil : la Grande Aventure de Horus.

Au départ, le projet vise à adapter une pièce de théâtre pour marionnettes, Chikisani no Taiyô de Kazuo Fukazawa, dérivée d’une légende Aïnou. Mais très vite, la production prend une voie différente et Chikisani s’avère une simple source d’inspiration dans une histoire originale. Bien que cela ne soit pas précisé, le scénario se déroule dans le fantasme d’une Europe de l’est (aucun voyage de repérage sur place n’avait été effectué) de l’âge de fer où les personnalités, en apparence simples voire basiques, cachent des motivations bien plus profondes et des niveaux de lectures éminemment intéressants.

Horus Prince du Soleil montre en réalité les prémices du film d’animation à message qu’imagineront désormais presque systématiquement Takahata et Miyazaki. En effet, le long-métrage distille des métaphores très fortes de la condition du peuple Aïnou au Japon, ainsi que de la position de la population japonaise en regard des actions américaines pendant la guerre du Viêtnam. Toutefois, la direction de Tôei Dôga ne souhaitait pas que des messages politiques s’immiscent dans le discours de leurs films d’animation. C’est pourquoi en apparence, l’histoire paraît superficielle voire manichéenne, alors qu’en réalité le propos ne l’est absolument pas, bien au contraire.

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Cet article, désormais caduc, a servit de base de travail pour rédiger un chapitre très largement étoffé dans le livre L'œuvre de Hayao Miyazaki - Le maître de l'animation japonaise rédigé par Gael :

Mis à jour le 25 Mai 2018 -